La vie rêvée de Tamara Karsavina, étoile des Ballets Russes
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Moi, Tamara Karsavina. Lyane Guillaume. Editions du Rocher. 397 p. 21,50 €. Avril 2021
À quoi pense une vieille danseuse quand elle tombe sur un article de presse jauni ? C'est à partir de ce point de départ fictionnel que Lyane Guillaume retrace dans Moi, Tamara Karsavina la vie et la carrière de l'étoile des Ballets Russes.
« Paris, ivre de Russie ». Cet article de 1909 du Causeur mondain, journal aujourd'hui disparu, relate une soirée chez la comtesse Greffulhe, où resplendit Tamara Karsavina parmi les figures les plus brillantes de la Belle Époque. Ce prétexte narratif trouvé par Lyane Guillaume pour amorcer le récit romancé, sous forme de mémoires, de la grande danseuse russe, est le point de départ d'une vaste saga, celle des Ballets Russes.
Écrit à la première personne, par une vieille dame de 84 ans qui prétend être pensionnaire d'une résidence pour personnes âgées à Londres, le récit est daté de 1969. C'est donc une double fiction que nous propose Lyane Guillaume dans Moi, Tamara Karsavina, en confrontant le récit de l'ascension fulgurante de Tamara Karsavina au sein des Ballets Russes à la description un peu décatie du paysage chorégraphique de la fin des années 1960.
Cette double temporalité donne parfois le tournis, au gré du « name dropping » que la romancière distille à chaque paragraphe. Chez la comtesse Greffulhe, on croise Serge de Diaghilev et ses artistes, bien sûr, mais aussi tout ce que Paris compte de célébrités de la finance, de la politique, de la science, de la littérature, des arts et du spectacle. Un véritable panthéon dans une des soirées mondaines les plus célèbres de l'époque.
Nous ne sommes pas en reste 60 ans plus tard, alors que Tamara Karsavina devenue très âgée se remémore les artistes avec lesquels elle a travaillé, qu'elle a aimés ou avec lesquels elle s'est disputée. Sa rivalité avec la Pavlova, esquissée dès le début du livre, revient à intervalles réguliers et irrigue toute sa carrière au sein des Ballets Russes, notamment.
C'est foisonnant, sans doute un peu trop touffu – on frôle très souvent l'indigestion, mais très richement et savamment documenté. Une manière plaisante et romanesque de visiter l'histoire de la danse au XXᵉ siècle et d'en faire revivre les plus grandes personnalités.
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Moi, Tamara Karsavina. Lyane Guillaume. Editions du Rocher. 397 p. 21,50 €. Avril 2021
Éditions du Rocher