Passe ton Bach d’abord, une première pour l’Ensemble Baroque de Toulouse
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Toulouse. Halle aux Grains. 26-IX-2021. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : La Passion selon Saint-Jean BWV 245. Avec : Raphaël Höhn, ténor (l’Evangéliste) ; Clémence Garcia, soprano ; Caroline Champy-Tursun, alto ; François-Nicolas Geslot, ténor ; Antonio Guirao, baryton ; Jean-Manuel Candenot, baryton-basse. Chœur Baroque de Toulouse. Ensemble Baroque de Toulouse, direction : Michel Brun
La 13e édition du Festival toulousain « Passe ton Bach d'abord » proposait, comme à son habitude, une thématique amusante autour de la musique du Cantor : « Bach Monde ». Mais c'est naturellement en Allemagne que Michel Brun et son ensemble baroque posent leurs valises pour la soirée de clôture.
Il est étonnant que depuis ses débuts en 1998, l'Ensemble Baroque de Toulouse ne se soit pas déjà aventuré dans l'interprétation de la Passion selon Saint-Jean alors que les deux autres chefs-d'œuvre religieux du Cantor avaient bien été entendus lors des éditions précédentes : en 2019 pour la Messe en Si et en 2017 pour la Passion selon Saint Matthieu. Encore plus surprenant quand on sait que Michel Brun et son ensemble sont à l'origine du festival consacré à Johann Sebastian Bach. Pour cette première, c'est la troisième version qui est proposée aux festivaliers venus nombreux à la Halle aux grains, soit l'une des nombreuses versions remaniées par Bach.
Avec une orchestration variée des airs et une architecture complexe et fournie dans ses quarante numéros, cet oratorio est appréhendé par le chef d'orchestre, comme par les solistes, non comme une prière, mais comme un sacrifice. Les tempi choisis ne sont ainsi pas extatiques, et les voix sont toutes empreintes d'humanité et de ferveur sans basculer dans le lyrisme. Le sentiment d'unité et de cohérence entre les différents interprètes de l'ouvrage est permanent, exprimé par le directeur artistique à la fin de la représentation, celui-ci soulignant en effet la démarche humaniste que porte l'Ensemble Baroque de Toulouse depuis ses débuts.
Au lieu de scruter les détails de la partition, Michel Brun, sans prendre trop de risques, choisit de privilégier la ligne vocale. Cette vision synthétique de l'œuvre permet d'avoir un équilibre et un rapport entre les voix et les instruments toujours harmonieux, alimentés par des plans sonores biens distincts. Ce parti pris est un peu affaibli par quelques accros chez les instrumentistes solistes, tandis que l'orchestre aurait pu affirmer une ampleur plus soutenue.
Le chœur, fourni, démarre sa prestation par une intensité retenue dans le chœur d'ouverture « Herr, unser Herrscher ». Par la suite, les choristes affichent une expressive simplicité, zélés dans leurs intentions, même si celles-ci auraient mérité un panel de nuances plus large.
Du côté des solistes, c'est un sentiment d'unité et de cohérence entre les chanteurs qui prédomine, conduit probablement par l'aura expérimenté du ténor François-Nicolas Geslot qui en est à sa 42e Passion selon Saint-Jean (il a lui-même tenu les comptes !). Sa ligne de chant paraît un brin tourmenté dans « Ach mein Sinn », mais l'interprète exprime une sensibilité agréable dans « Erwäge wie sein blutgefärbter Rücken ».
En Évangéliste, Raphaël Höhn excelle. Narratif tout autant qu'expressif, fort d'une diction parfaite et d'une projection idéale, le ténor phrase son texte avec une ferveur mesurée, parfaitement adaptée à l'approche défendue ce soir.
Pour compléter cette distribution, c'est une Clémence Garcia (soprano) un peu sage et une Caroline Champy-Tursun (alto) intense dans ses expressions – un brin trop dramatique – qui assurent « Ich folge dir gleichfalls » et « Zerfließe, meine Herze » pour l'une, et « Von den stricken » et « Es ist vollbracht pour l'autre. Le baryton-basse Jean-Manuel Candenot émeut dans une interprétation humaine de « Betrachte, meine Seel » alors que le baryton Antonio Guirao impose subtilement une autorité naturelle dans « Mein teurer Heiland ».
Crédits photographiques : © Monique Boutolleau
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Toulouse. Halle aux Grains. 26-IX-2021. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : La Passion selon Saint-Jean BWV 245. Avec : Raphaël Höhn, ténor (l’Evangéliste) ; Clémence Garcia, soprano ; Caroline Champy-Tursun, alto ; François-Nicolas Geslot, ténor ; Antonio Guirao, baryton ; Jean-Manuel Candenot, baryton-basse. Chœur Baroque de Toulouse. Ensemble Baroque de Toulouse, direction : Michel Brun