Le compositeur Sylvano Bussotti est décédé à Milan le 19 septembre. Il aurait eu 90 ans le 1er octobre. Artiste polyvalent, il était tout à la fois compositeur, pianiste, acteur, dessinateur, dramaturge, metteur en scène, scénographe, costumier… Mais c'est à la musique qu'il décidera in fine de se consacrer : « Je pense que la musique exerce une discipline formelle, un pouvoir de synthèse qui finit par engloutir l'hétérogénéité », déclarait-il, appelant de ses vœux la transversalité des genres sur la trace de Fluxus et du Living Théâtre avec lesquels il va collaborer. En butte aux avant-gardes sérielles des années 50 qu'il juge stériles, il prône « la musique informelle », musique sans bords où il rejette la notion du matériau et de la nécessité structurelle, voire de l'écriture qu'il remplace par la notation graphique, la partition s'assimilant parfois une véritable œuvre d'art.
Il est élève de Luigi Dallapiccola avant de venir travailler en France où il est présenté à Pierre Boulez qui fera jouer sa musique (Lettura de Braibanti, Torso) au Domaine musical. C'est à Darmstadt qu'il rencontre John Cage et fait l'expérience de la musique aléatoire. La Passion selon Sade (1965-66), au titre volontairement provocateur, marque d'une pierre blanche la carrière du jeune florentin dont toute l'œuvre, y compris instrumentale, va regarder vers le théâtre musical. Citons parmi les productions les plus marquantes son Lorenzaccio (1968-72), flamboyant « mélodrame romantique dansé » créé à Florence, Nottetempo, dramma lirico de 1976 à la Scala de Milan ou, plus proche de nous, Silvano Sylvano, Rappresentazione della vita, opéra de chambre pour soprano, ténor, basse, récitant, ballerines et ensemble. Son abondant catalogue instrumental couvre pratiquement tous les genres y compris celui du ballet auquel le Florentin restera très attaché (Bergkristall, Le Bal Mirò, ballet pantomime).
Ses multiples talents l'orientent également vers la peinture (qu'il reprend activement dans les années 90), la création de costumes et de décors ainsi que la mise en scène d'opéras. En charge de la direction de La Fenice de 1975 à 1979 et du Festival Puccini de Torre del Lago, il a également été à la tête de la Biennale Musica de Venise entre 1987 et 1991.
Florence, sa ville natale, se préparait à célébrer son anniversaire. L'événement consacré à sa vaste production artistique, prévu sur cinq jours, est maintenu.
Mis à jour le 20/09/2021 à 22h05
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