Beethoven Celte par l’ONB, Grant Llewellyn, Carlos Núñez et Bryn Terfel
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Rennes. Couvent des Jacobins. 17-IX-2021. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 7 en la majeur op. 92. Chansons écossaises, irlandaises et galloises ; (orchestration Pierre Chépélov et Benoît Menut). Bryn Terfel, chant. Carlos Núñez, flûtes irlandaises, pipe pastorale, ocarina, cornemuse. Benoît Menut : Omaggio. Orchestre National de Bretagne, direction : Grant Llewellyn
Dans un parcours celtique autour de Beethoven, Grant Llewellyn, Carlos Núñez et Bryn Terfel emmènent l'Orchestre National de Bretagne vers le folklore des chansons irlandaises, écossaises et galloises, entrecoupées par l'Omaggio de Benoît Menut et la Symphonie n° 7.
La venue de Bryn Terfel est une première à Rennes, comme devant l'Orchestre National de Bretagne, mais c'est avant tout le projet de Grant Llewellyn, directeur musical de l'ensemble depuis 2015, qui rend ce concert de rentrée si passionnant. Sollicité par l'éditeur George Thomson, à l'époque où il travaillait sur sa Symphonie n° 7, Beethoven a commencé à retravailler des thèmes populaires celtiques pour les transcrire comme des chansons folkloriques ; il finit par en écrire près de trois-cents, dont une large partie retrouvées seulement au siècle dernier.
Avec le compositeur Benoît Menut, en résidence de 2014 à 2018, le sonneur galicien Carlos Núñez et le baryton-basse gallois, Grant Llewellyn a donc conçu un parcours autour de ces musique celtiques, découpé en quatre partie : la première irlandaise, la deuxième écossaise, la troisième galloise et la dernière juste conclusive. Chacune des parties débute par un mouvement de la Symphonie n° 7 de Beethoven, suivi d'un mouvement de l'Omaggio, création de Benoît Menut liée à cette occasion, puis par trois chansons folkloriques tirées de plusieurs cycles de Beethoven, orchestrées par Benoît Menut et Pierre Chépélov.
Marqué par un récent AVC, le chef n'utilise pas son bras droit et lance donc avec l'autre le vigoureux Poco sostenuto, aussi dynamique que concentré aux cordes, malgré l'espace de plus d'un mètre entre les musiciens, sur la scène du Couvent des Jacobins. Le premier mouvement d'Omaggio s'enchaîne et présente une récupération des thèmes beethovéniens, déstructurés dans un matériau modernisé, à la manière de certains travaux italiens de la seconde moitié du XXᵉ siècle. Puis entrent Carlos Núñez et Bryn Terfel pour interpréter trois extraits du cycle folklorique le plus connu du compositeur, les 25 chansons irlandaises WoO 152. Out Bugles Son Truce(n°9) permet au baryton de s'exprimer en véritable conteur, aussi engagé par le geste que par le texte, tout juste limité par la voix à l'aigu. Come Draw We Around a Cheerful King (n°8) fait intervenir le sonneur, d'une incroyable clarté sur l'une des flûtes irlandaises les plus petites, avant que Terfel ne se remette à chanter. Return To Ulster (n°1) achève la première partie sans le baryton, mais touche au plus profond par son thème patriotique adapté pour la pipe pastorale, une cornemuse dont le soufflet est actionné sous le bras, instrument là encore magnifié par Núñez.
La seconde partie se développe de la même façon avec un Allegretto soutenu, puis le second mouvement d'Omaggio s'épand vers les chants celtiques, bien qu'encore empreint de la symphonie, où il met en valeur la petite harmonie et surtout un superbe solo de trompette bouchée. Les trois chansons se veulent ensuite écossaises avec deux morceaux de l'opus 108, dont le premier adapté pour flûte et orchestre et le second avec baryton. Le troisième, Massacre of Glencoe, ramène au corpus WoO 152 avec l'un des thèmes les plus puissants utilisé par Beethoven. Ici, Bryn Terfel se montre particulièrement marquant par son médium et la qualité de la prononciation, dynamisés par la vitalité qu'il intègre à sa déclamation. La troisième partie maintient le même ordre, avec le Presto de la Symphonie suivi du dernier mouvement d'Omaggio, achevé par un mélange des matériaux précédents ; puis on revient à l'Écosse avec un chant de l'opus 108 et à deux morceaux tirés des Chants gallois WoO 155.
La dernière partie offre un énergique finale lié à un bis parfaitement adapté, Save me From The Grave and Wise (WoO 154 n° 8), dont le thème est récupéré par Beethoven au dernier mouvement de sa symphonie. Pour le décupler, Núñez est entré avec une cornemuse, toujours aussi habile et avec un souffle aussi parfait que pour les flûtes précédemment cités, tandis que Terfel l'accompagne une dernière fois, toujours aussi passionné et parfaitement escorté par l'Orchestre National de Bretagne et Grant Llewellyn, face à un public survolté.
Crédits photographiques : © Laurent Guizard
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