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La Côte-Saint-André. Musée Hector Berlioz. Exposition « Les Orientales de Berlioz ». Jusqu’au 31 décembre 2021. Bruno Messina, directeur artistique du musée et concepteur de l’exposition. Antoine Troncy : Responsable du musée, chargé des collections
Comme chaque année, le musée Hector-Berlioz de La Côte-Saint-André propose, en lien avec le Festival Berlioz, une exposition temporaire liée à sa thématique, voire aux artistes et écrivains qui rejoignent la sphère berliozienne. Cette année, Les Orientales de Berlioz sont à l'honneur.
C'est le cas de Gustave Flaubert (1821-1880), dont les écrits regardent vers l'Orient et célèbrent, comme son aîné, les héroïnes tragiques de l'Antiquité : Salammbô pour l'un, Didon, Cléopâtre, Sara la baigneuse, etc. pour l'autre… Une proximité d'influences que l'exposition, conçue par Bruno Messina (tout comme le colloque international « Berlioz, Flaubert et l'Orient ») se donne pour tâche d'éclairer en parcourant cet Orient du XIXᵉ siècle à travers peinture, mobilier, écrits, et manuscrits d'époque, tel ce « cahier de musique » d'Hector Berlioz où sont consignées notes et paroles de L'Arabe jaloux, une chanson inédite du jeune compositeur. La musique, celle de Berlioz et ses contemporains via l'audio-guide, accompagne comme il se doit ce panorama.
« Tout le continent penche vers l'Orient », déclare Victor Hugo dans Les Orientales de 1829, écrits de référence qui nourrissent l'imaginaire des peintres et sculpteurs. La plupart n'a jamais fait le voyage mais s'attache à représenter, certes sous un angle un rien caricatural, ces belles captives, odalisques, sultanes et baigneuses aux allures lascives et aux formes voluptueuses qui occupent la première salle de l'exposition. Berlioz n'y est pas insensible bien évidemment : « Avez-vous lu Les Orientales ? Il y a des milliers de sublimités », s'extasie le musicien qui compose sa « Chanson des pirates avec accompagnement de tempête » sur le texte d'Hugo, mélodie hélas disparue. Il nous reste heureusement La Captive, mis en musique en 1832 lors de son séjour à Rome et dont on peut entendre la version voix et piano dans l'interprétation d'Anne Sofie von Otter.
Plus académique mais non moins sensuel, trône en majesté le marbre de « Cleopatra » du sculpteur Antonio Bortone (1847-1938). « J'adore cette folle qui veut que Jules César couche avec elle… », lance Berlioz. Elle est l'héroïne de sa troisième cantate écrite pour le Prix de Rome, honneur qui lui échappera une fois encore lors de cette quatrième tentative. Superbe est ce dessin/esquisse pour le décor des Troyens réalisé en 1863 par Philippe-Marie Chaperon (1823-1906) dont la monumentalité et le marbre rose font rêver, nous rappelant que la destinée tragique de cette Reine orientale hante Berlioz depuis son plus jeune âge : « Croirez-vous que je suis tombé « in love » pour ma reine de Carthage. Je l'aime à la fureur, cette belle Didon », écrit-il à la princesse Carolyne Sayn-Wittgenstein en juin 1856. Quant à la Salammbô de Gustave Flaubert, c'est Ernest Reyer, en 1890, qui la portera à la scène, quelques trente années après Les Troyens.
Ciblant toujours très efficacement son sujet, l'exposition concentrée sur trois salles séduit par la richesse de ses sources et le caractère souvent inédit de sa documentation.
Crédits photographiquse : © Musée Hector-Berlioz
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