Plus de détails
Annecy. 19-VIII-2021. Festival Impérial classic ‘all. 18h. Musique créole et sud-américaine. Ceiba, chant ; Yori Moy, guitare percussion, chœur ; Félix Lacoste, basse ; Stéphane Desplat, batterie. 21h. Musique aux accents slaves et yiddish pour clarinette, cordes, piano et cymbalum. Sirba Octet
Durant quatre jours, l'Imperial Classic'all festival d'Annecy propose une programmation toute en couleurs. La manifestation se double d'une académie internationale honorée cette année par la présence du maître hongrois Péter Eötvös.
Le premier rendez-vous est en terrasse, au troisième étage de l'Impérial Palace, invitant la chanteuse Ceïba et ses trois partenaires, aux percussions, guitare et basse électriques. Lorsqu'on demande à Ceïba l'origine de ses chansons, elle pointe du doigt le tambour, source ancestrale de toute sa musique. Ceïba compose, chante, danse et joue des percussions, congas et tambour bata (l'instrument du rituel cubain), cajón péruvien et tambour Ka de la Guadeloupe. La voix est ensoleillée, sensuelle et diversement timbrée, qu'elle chante en créole ou en français ou nous mette sous le charme de ses berceuses africaines. Elle invite parfois ses comparses à la rejoindre sur le devant de la scène avec maracas, shékéré, tambourin… Ou sans leurs instruments, pour un show de percussions corporelles galvanisant (« T'a qu'à taper sur toi ») où chacun donne de la voix. Entre humour et engagement, ferveur et confidences, Ceïba nous raconte son propre itinéraire de femme et de musicienne avec un talent et une grâce irrésistibles.
Tanzt !
Changement d'itinéraire avec le concert du soir en salle, grâce au Sirba Octet : le voyage musical s'effectue au cœur de la Mitteleuropa avec des musiques roumaine, hongroise, yiddish et klezmer qui ont fait l'objet d'un disque réédité chez Deutsche Grammophon en 2017. Rappelons que le Sirba Octet (cordes frottées et frappées – piano et cymbalum – auxquelles se joint la clarinette) a été fondé en 2004 par le violoniste Richard Schmoucler et qu'il réunit des musiciens de l'Orchestre de Paris, dont il fait partie, ainsi que de l'Orchestre National de France et du « Philharmonique», les deux phalanges de Radio France. Interprètes de premier ordre, ils défendent un répertoire métissé de musiques traditionnelles, « comme un hymne à la vie », souligne le premier violon, où l'énergie de la danse le dispute à la mélancolie dans une succession d'atmosphères aux contrastes abyssaux.
Leur programme d'une quinzaine de titres qu'ils enchaînent sans pause s'ingénie à faire des ponts entre folklore roumain, russe, moldave et hongrois, sollicitant, ou pas, le cymbalum tenu de main de maître par Iurie Morar. Avec un élan et une vitalité qui sidèrent – l'ensemble n'est pas dirigé ! -, les cordes virevoltent, rivalisent avec la clarinette (Philippe Berrod), l'anticipent ou lui font écho, les musiciens donnant parfois de la voix pour galvaniser l'ensemble. Belles à pleurer sont ces introductions qui nous tiennent en haleine, dans la vibration du son et la ferveur de l'improvisation – le violoncelle est souvent en vedette – avant que la frénésie de la danse ne prenne le dessus dans l'exubérance du rythme et des couleurs, chaque instrument ayant, à un moment ou à un autre, le champ libre pour un solo. La virtuosité souvent insolente est la règle, les archets incisifs et l'assise rythmique impeccable dans cette musique puisant aux sources de la tradition et défendue bec et ongles par nos huit musiciens en parfaite synergie.
L'impérial classic'hall, c'est aussi, depuis 2019, une académie internationale, l'ECA (European Creative Academy), qui réunit cette année jeunes compositeurs et chefs d'orchestre sous l'autorité de quatre personnalités du monde musical : le compositeur David Hudry et la compositrice Claire-Mélanie Sinnhuber pour les ateliers et master-class, ainsi que les chefs d'orchestre et compositeurs hongrois Péter Eötvös et Gregory Vajda. Sur les pupitres, deux octuors à vent (ceux de Stravinsky et de Péter Eötvös) et les pièces des trois jeunes compositeurs commandées par l'académie et écrites pour la même formation instrumentale : l'idée étant de créer une synergie entre l'écriture et sa restitution, par les interprètes d'une part (en l'occurrence l'ensemble Ars Nova), par les chefs d'orchestre d'autre part, qui seront amenés à diriger les pièces du répertorie comme celles de leurs camarades. Le concert de restitution dans l'église Sainte Bernadette avec les neufs musiciens d'Ars Nova donne la mesure et l'ambition d'une telle proposition.
La formation intègre également des moments de réflexion sur le métier du musicien et le développement du secteur économique de l'activité culturelle, à travers les ICC (Industries Créatives Culturelles) notamment, dont Benoît Sitzia, le directeur artistique du festival, brosse un panorama très éclairant lors des conférences de l'après-midi : favoriser les relations et créer des ponts entre la création et le secteur industriel, telle est la philosophie du projet et l'angle sous lequel les organisateurs entendent faire rayonner l'ECA qui réunira en 2022 compositeurs, chefs d'orchestre et interprètes.
Crédits photographiques : © Michèle Tosi
Plus de détails
Annecy. 19-VIII-2021. Festival Impérial classic ‘all. 18h. Musique créole et sud-américaine. Ceiba, chant ; Yori Moy, guitare percussion, chœur ; Félix Lacoste, basse ; Stéphane Desplat, batterie. 21h. Musique aux accents slaves et yiddish pour clarinette, cordes, piano et cymbalum. Sirba Octet