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La Sonnambula de Bellini au TCE : Pretty Yende éclatante

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Paris. Théâtre des Champs-Elysées. 22-VI-2021. Vincenzo Bellini (1801-1835) : La Sonnambula (1831), opéra en deux actes, sur un livret de Felice Romani. Mise en scène : Rolando Villazón. Chorégraphie : Philippe Giraudeau. Scénographie : Johannes Leiacker. Costumes : Brigitte Reiffenstuel. Lumières : Davy Cunningham. Avec : Pretty Yende, Amina ; Francesco Demuro, Elvino ; Alexander Tsymbalyuk, Rodolfo ; Annunziata Vestri, Teresa ; Sandra Hamaoui, Lisa ; Marc Scoffoni, Alessio. Chœur de l’Orchestre de Radio France. Maitrise des Hauts de Seine. Orchestre de Chambre de Paris, direction : Riccardo Frizza

Cette nouvelle production de La Sonnambula au Théâtre des Champs-Elysées vaut surtout par sa qualité musicale, vocale et instrumentale, plus que par la mise en scène peu démonstrative de .

Pour son onzième opéra et ses dix ans d'activité en tant que metteur en scène, l'ancien ténor signe pour cette Sonnambula une mise en scène peu dérangeante, mais relativement insipide. Délaissant le thème du fantastique cher au XIXᵉ siècle dont le règne fut ouvert par le Freischütz, Villazón préfère mettre l'accent sur l'altérité sociale de l'héroïne : jeune fille virginale et rêveuse en butte à la société villageoise austère, rigoriste et traditionaliste qui l'entoure. Le projet peut paraitre séduisant ouvrant assurément de nouveaux horizons. Hélas, c'est sans compter sur la faiblesse du livret de Felice Romani et sur les difficultés pour un metteur en scène d'en tirer une quelconque substantifique moelle teintée de modernité : Villazón échoue, hélas, à élever le propos, contraint de faire ce qu'il peut avec ce qu'il a, c'est-à-dire assez peu, laissant pour notre plus grand bonheur une large place au pouvoir d'évocation porté par la musique.

Fidèle au livret, le metteur en scène situe l'action dans une région alpine, théâtre des amours malheureuses d'Amina et d'Elvino, troublées par une crise de somnambulisme faisant croire à l'infidélité de la jeune héroïne, au profit du comte Rodolfo. La scénographie est assez réussie (mer de glace, montagnes, chalets) ; les costumes contrastés alternent couleur sombre (villageois) et blanc (Amina) ; la sensualité n'est pas absente, représentée par trois filles des neiges à la tenue vaporeuse, figures métaphoriques de la soif de liberté d'Amina…

Toutefois, l'intérêt majeur de cette production réside dans un casting vocal homogène de haute volée, dominé par l'époustouflante (Amina) dont on ne sait qu'admirer le plus de la rondeur du timbre, de l'aisance vocale, ou de l'engagement scénique. Face à elle, l'Elvino de ne démérite pas, bien que certains aigus puissent paraitre légèrement serrés et la ligne de chant parfois un peu rigide. Si « Care compagne » met d'emblée en avant la pureté du timbre, le sublime legato et la puissance d'émission de la soprano, le duo avec Elvino au I : « Prendi l'anel ti dono » atteint des sommets d'émotion, porté par le génie mélodique de Bellini, tandis que « Ah, non credea mirarti » où elle chante ses rêves fanés, achève de conquérir la salle à la fin du II. campe un Rodolfo qui impressionne dès son entrée en scène par l'ampleur et la profondeur de sa basse dans un mémorable « Vi ravviso, o luoghi ameni ». La mezzo , irréprochable vocalement, et aux graves somptueux, donne au personnage de Teresa un étonnant mélange d'autorité et de compassion, alors que incarne une Lisa ambiguë au timbre acidulé et aux vaillantes vocalises. (Alessio) malgré la discrétion de ses interventions, fait valoir son beau baryton pour asseoir son autorité. L'homogénéité de la distribution vocale et l'excellence du Chœur de Radio France nous valent des ensembles remarquablement équilibrés comme le splendide quintette du I, intense moment de tension dramatique et de prouesses vocales, soutenu par un orchestre complice (cor, clarinette, flute) totalement acquis aux chanteurs. , placé au centre de l'orchestre entre cordes et vents propose une lecture de la partition dans son intégralité avec reprises et cabalettes, dans une interprétation riche en couleurs et en nuances à la tête d'un exemplaire.

Seule originalité de cette mise en scène, l'absence de « happy end », mais une surprenante fin qui qui voit le départ solitaire d »Amina au tomber de rideau. A chacun d'en donner une explication…

Crédit photographique : © Vincent Pontet

 

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