Un Widor éblouissant par Jean-Baptiste Dupont à l’orgue de Saint-Sernin de Toulouse
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Charles-Marie Widor (1844-1937) : Symphonie n° 8 en si majeur op. 42/4 (version de 1929). Joseph-Guy Ropartz (1864-1955) : Prière, extrait des 6 pièces pour grand-orgue. Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Cyprès et lauriers en ré mineur op. 156. Jean-Baptiste Dupont à l’orgue Aristide Cavaillé-Coll (1887) de la Basilique Saint-Sernin à Toulouse. 1 CD Audite. Livret en français, anglais et allemand. Durée : 54:34
AuditeLa Symphonie n° 8 de Charles-Marie Widor est la dernière écrite dans un style orchestral cher au compositeur, avant le mysticisme des deux dernières, la « Gothique » et la « Romane ». Grâce aux couleurs rutilantes et à la fulgurance de l'orgue Cavaillé-Coll de la Basilique Saint-Sernin de Toulouse, Jean-Baptiste Dupont offre une version ou l'effervescence du discours côtoie les mises en lumières des divers climats suggérés par le compositeur.
Dans l'ensemble des 10 symphonies pour orgue, la huitième occupe une place particulière. Constituée de six mouvements elle matérialise sans doute l'apogée de l'art de Widor. Initialement cette œuvre comportait sept mouvements avec un Prélude en quatrième position et qui servait d'introduction aux Variations suivantes. Par la suite, Widor retira ce mouvement et c'est sous cette forme définitive de l'édition de 1929 que Jean-Baptiste Dupont propose son interprétation. On sait l'attachement particulier du compositeur pour les orgues d'Aristide Cavaillé-Coll qu'il fréquenta dès sa jeunesse avant de se retrouver plus tard aux claviers du somptueux instrument de Saint-Sulpice à Paris à partir de 1870. Autant dire que cette esthétique convient tout particulièrement à l'univers musical de Widor.
C'est ce que l'on retrouve ici pleinement avec cette nouvelle version sur le vénérable instrument toulousain. Restauré en 1996, il a bénéficié d'un relevage en 2017 par la Manufacture Robert et les Ateliers Pesce. Cet orgue est actuellement au meilleur de sa forme, apte à un enregistrement de grande qualité. La prise de son globalise très avantageusement les sonorités dans l'acoustique précise de Saint-Sernin. Jean-Baptiste Dupont fréquente régulièrement ce lieu et s'est complètement imprégné de la pâte sonore de ce témoin privilégié de l'art de la facture symphonique. Il en connait tous les secrets en matière d'équilibres, de dynamique et de musicalité. Aussi se laissera-t-on porter par les diverses atmosphères générées au cours des divers mouvements. L'influence allemande y est sensible, s'inspirant tour à tour de plusieurs auteurs de Bach à Mahler, tout en bâtissant cependant une construction sous forme de Suite à la française.
Au delà du choix de l'orgue de Toulouse qui semble bien logique, l'interprète fait cependant remarquer combien certaines registrations demandées par l'auteur sont incommodes à mettre en œuvre, chaque instrument, y compris de Cavaillé-Coll apportant ses particularismes. Pour autant c'est l'esprit même du discours qui gomme ces difficultés techniques pour ne garder que le son souverain souhaité et réalisé. Les divers mouvements s'articulent autour du noyau central de la symphonie constitué par les Variations du troisième mouvement, pièce d'orgue la plus développée de Widor.
En complément de programme Jean-Baptiste Dupont propose la Prière de Joseph-Guy Ropartz œuvre profonde et pensée pour l'office divin, à la différence de la symphonie de Widor. Enfin Camille Saint-Saëns clôture ce programme avec le premier volet de son œuvre Cyprès et Lauriers op 156. Il s'agit d'une composition pour célébrer la victoire des alliés lors de la première guerre mondiale. La première partie Cyprès est pour orgue seul, l'orchestre n'intervenant que dans la deuxième partie Lauriers. Le climat est sombre, les cyprès évoquent l'arbre funéraire, l'atmosphère est douloureuse et sobre. Une nouvelle fois les couleurs raffinées de l'orgue de Saint-Sernin font merveille.
Ce disque constitue le premier enregistré par cet artiste sur cet orgue. Il y a là une symbiose évidente magnifiée par les beaux textes musicaux du récital. On est heureux de saluer la mise en valeur d'un patrimoine extrêmement précieux, tant musical qu'organistique.
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Charles-Marie Widor (1844-1937) : Symphonie n° 8 en si majeur op. 42/4 (version de 1929). Joseph-Guy Ropartz (1864-1955) : Prière, extrait des 6 pièces pour grand-orgue. Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Cyprès et lauriers en ré mineur op. 156. Jean-Baptiste Dupont à l’orgue Aristide Cavaillé-Coll (1887) de la Basilique Saint-Sernin à Toulouse. 1 CD Audite. Livret en français, anglais et allemand. Durée : 54:34
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