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Les héroïnes de la musique polonaise célébrées par l’Orchestre Pasdeloup

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Elżbieta Sikora (née en 1943) : Sonosphère V. Wanda Landowska pour orchestre et guitare. Hanna Kulenty (née en 1961) : Aisthetikos pour saxophone soprano, piano et orchestre. Grażyna Bacewicz (1909-1969) : Contradizione pour orchestre de chambre. Agata Zubel (née en 1978) : In the Shade of an Unshed Tear pour orchestre. Bartłomiej Duś, saxophone soprano ; Magdalena Duś, piano ; Misja Fitzgerald Michel, guitare électrique ; Orchestre Pasdeloup, direction : Marzena Diakun. 1 CD Anaklasis. Enregistré en décembre 2019 et en octobre 2020 à la Cité de la Musique – Philharmonie de Paris. Texte anglais/polonais/français. Durée : 64:00

 

Cet album est un projet quasiment 100% féminin, de la production à la finalisation, initié par la présidente de l', Marianne Rivière. Il met en avant quatre compositrices polonaises dirigée par la cheffe et compatriote .

Polish Heroines of Music, le titre du disque, fait écho au « Polska Music Programme » mené par le très actif Institut Adam Mickiewicz qui a soutenu le projet tout comme le label polonais Anaklasis qui l'a accueilli. C'est la première fois que les Pasdeloup gravent un disque dédié intégralement à la musique d'aujourd'hui.

Au départ, il y a l'amitié entre Marianne Rivière et Elzbieta Sikora, l'une des « héroïnes » du CD, et le désir de chacune de réunir trois autres compositrices autour de l'enregistrement de Sonosphère V. Wanda Landowska fait à la Philharmonie en 2019 et placé en tête de l'album. Hanna Kulenty et sont deux têtes d'affiche dans leur pays ; , décédée en 1969 et trop peu connue en Europe, est une personnalité hors norme, écrivaine, violoniste et compositrice (élève de Nadia Boulanger) qui compte quelques deux cents œuvres à son catalogue.

Contradizione pour orchestre de chambre (1966), de cette dernière compositrice, est une pièce de maturité, virtuose quant à l'écriture orchestrale, qui regarde vers le Stravinsky de Petrouchka : discours alerte, écriture solistique et jubilation des couleurs instrumentales auxquelles l'orchestre confère une fraicheur et une vitalité toute théâtrale. La seconde partie est une marquèterie de timbres, un micro-montage de séquences très vivantes où abondent les trouvailles, laissant filtrer un certain humour. Sonosphère V. Wanda Landowska d' (commande de l'Institut Adam Mickiewicz) appartient à un cycle instrumental incluant l'outil électronique que la compositrice sollicite très couramment. Attachée à la mixité des sources sonores, elle intègre dans cette nouvelle pièce pour orchestre (2019) une guitare électrique. L'entrée en matière est superbe, donnant à entendre les fluctuations d'une texture sonore vibratile autour d'une note irisée. Si la guitare électrique – celle du jazzman Misja Fitzgerald Michel – ne tarde pas à résonner au sein de l'orchestre, se confrontant ou fusionnant avec les timbres instrumentaux, elle est en vedette au centre de la pièce à la faveur d'une somptueuse cadence où flexibilité, distorsion et saturation du son regardent vers les solos du jazz-rock : musique hédoniste, jubilatoire autant qu'aventureuse, qui nous met à l'écoute du son et de ses métamorphoses et dont l' et détaillent toutes les finesses.

La dialectique des contraires s'exprime à différents niveaux dans Aisthetikos d'Anna Kulenty : entre doublure et complémentarité du saxophone et du piano, entre séduction mélodique de l'instrument à vent – Bartłomiej Duś souverain – et textures bruitées de l'orchestre, entre temps resserré et temps hypnotique très long. Parfois les deux entités vivent ensemble en une polyphonie spatio-temporelle très étrange. L'accélération au mitan de l'œuvre, portant l'orchestre chauffé à blanc vers la culmination, contraste avec le dernier volet aux sonorités décantées où le saxophone s'inscrit dans la résonance du piano – Magdalena Duś très fusionnelle – déployant tout à fois résonance et image spectrale dans un espace presque silencieux.

Une dramaturgie s'instaure d'emblée dans In the shade of a unshed Tear (Dans l'ombre d'une larme retenue) d', un espace de lutte entre les timbales, dont les impacts violents nous agressent, et la tenue en sons harmoniques éminemment fragiles des violons. Des silences exacerbent la tension avant la montée en puissance de tout l'orchestre, dans un processus d'accélération et d'entrées successives, une sorte de fugue géante avec sa strette finale (resserrement et densification) qui mène au climax : stridences orchestrales et éclairs embrasent l'espace, surlignés par une trompette très insistance. L'orchestre est incandescent, l'intensité à son comble, et le contraste est abyssal avec une dernière partie extatique qui laisse planer le mystère.

Théâtre de sons (Bacewicz), tension exacerbée (Zubel), sphère spirituelle (Kulenty) et sonosphère (Sikora) : les univers orchestraux se diversifient et les personnalités s'affirment dans un album d'une belle richesse dont les musiciens de Pasdeloup en grande forme dardent les couleurs sous le geste galvanisant de .

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Elżbieta Sikora (née en 1943) : Sonosphère V. Wanda Landowska pour orchestre et guitare. Hanna Kulenty (née en 1961) : Aisthetikos pour saxophone soprano, piano et orchestre. Grażyna Bacewicz (1909-1969) : Contradizione pour orchestre de chambre. Agata Zubel (née en 1978) : In the Shade of an Unshed Tear pour orchestre. Bartłomiej Duś, saxophone soprano ; Magdalena Duś, piano ; Misja Fitzgerald Michel, guitare électrique ; Orchestre Pasdeloup, direction : Marzena Diakun. 1 CD Anaklasis. Enregistré en décembre 2019 et en octobre 2020 à la Cité de la Musique – Philharmonie de Paris. Texte anglais/polonais/français. Durée : 64:00

 
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