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Case Scaglione dirige l’Orchestre National d’Ile-de-France dans Rachmaninov et Sibelius

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 20-III-2021. Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : Concerto pour piano et orchestre n° 2 en ut mineur op.18 ; Jean Sibelius (1865-1957) : Symphonie n° 2 en ré majeur op. 43. Yeol Eum Son, piano. Orchestre National d’Ile de France, direction : Case Scaglione
Concert sans public diffusé sur Philharmonie live

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L'embellie se poursuit entre le jeune chef et l'Orchestre National d'Ile-de-France comme en atteste ce concert appariant deux pièces célèbres, la Symphonie n° 2 de et le Concerto pour piano n° 2 de avec la pianiste Yeo Eum Son en soliste.

Deux œuvres contemporaines (1901), venues du Nord, nées toutes deux dans un contexte dépressif (échec de la Symphonie n° 1 pour le compositeur russe, décès de sa fille Kristi pour Sibelius) mais aux visages bien différents dans lesquelles Rachmaninov exacerbe, dans des résonances intimes, les derniers feux d'un romantisme finissant, tandis que Sibelius déploie une grande fresque épique dédiée à la nature, dernier jalon d'un romantisme nationaliste sur lequel il ne reviendra plus dans son corpus symphonique ultérieur.

Âgé de 36 ans, américain, ancien chef associé d'Alan Gilbert au New York Philharmonic avant de devenir directeur de l'orchestre de chambre d'Heilbronn (Württembergisches Kammerorchester Heilbronn), puis de l'ONDIF en succédant en 2019 à Enrique Mazzola, séduit, ce soir, par l'élégance, la clarté et l'économie de moyens de sa direction face à une phalange francilienne dont il faut d'emblée louer la qualité musicale individuelle et collective.

Le Concerto pour piano et orchestre n° 2 de Rachmaninov ouvre la soirée sur une très belle interprétation lyrique et virtuose de la pianiste Yeo Eum Son. « Une musique qui part du cœur pour aller au cœur », tel était le message de Rachmaninov définissant clairement une ligne directrice dont la pianiste ne s'éloignera pas. L'Allegro Maestoso initial est entamé avec gravité et profondeur par une série d'accords préludant à un premier élan lyrique porté par une mélodie où piano et orchestre s'entrelacent étroitement. On est immédiatement séduit par le jeu très coloré et nuancé de la soliste, tantôt délicat, souple, tantôt justement percussif, sans excès, mais toujours virtuose, en parfaite osmose avec l'orchestre. L'Adagio, poétique et sans mièvrerie, installe le dialogue avec les vents sur quelques notes égrenées du piano avant que le phrasé ne se creuse et que la virtuosité ne reprenne ses droits dans une cadence superbement maitrisée. Très rythmique l'Allegro Scherzando voit le piano reprendre la main sur un orchestre complice développant une belle mélodie, ample et vibrante, avant une courte coda triomphale.

a maintes fois affirmé ses affinités pour Sibelius (un projet Sibelius est d'ailleurs à l'étude avec l'ONDIF). De fait, la Symphonie n° 2 donnée ce soir impressionne par son souffle épique, par sa profondeur d'intonation, par sa lisibilité, comme par l'organisation sans faille des plans sonores, tout autant que par la maturité de la direction qui parvient à maintenir la tension et l'unicité du discours sans faire fi d'aucun détail de l'orchestration. L'Allegretto voit vents et cordes se répondre dans une dynamique soutenue sur une mélodie pastorale typiquement sibélienne se construisant peu à peu à partir de cellules mélodiques fragmentées. Le Tempo Andante Ma Rubato, annoncé par un roulement de timbales et des pizzicati des cordes graves (contrebasses et violoncelles) laisse une large place au basson, puis au tutti (cuivres, petite harmonie) dans une mélodie chargée d'urgence richement colorée, d'abord lancinante et orageuse, puis lyrique et plus paisible (cordes). Virevoltant et contrasté le Scherzo Vivacissimo fait intervenir tous les pupitres avant un Finale joué enchainé tout entier porté par l'ampleur sonore et la cohésion de la phalange francilienne.

Crédit photographique : © Sonja Werner

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