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Lille. Nouveau Siècle. 13-III-2021. Luigi Cherubini (1760-1842) : Marche Funèbre. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°3 en mi bémol majeur, op. 55 « Héroïque ». Orchestre National de Lille, direction : Jan Willem de Vriend. Concert capté avec le soutien du Crédit Mutuel sans public au Nouveau Siècle de Lille et diffusé sur la chaîne YouTube de l’orchestre.
Dans la salle vide du Nouveau Siècle, l'Orchestre National de Lille sous la direction de Jan Willem de Vriend livre une interprétation dense de la Marche Funèbre de Cherubini et de l'Héroïque de Beethoven.
En matière d'optimisme, on repassera, puisque Jan Willem de Vriend a concocté un programme de marches funèbres dans la salle vide de public de l'Orchestre National de Lille. D'abord celle autonome de Cherubini, de 1820, puis celle de Beethoven, évidemment incluse dans la Symphonie n° 3, de 1806.
Très cohérent, ce concert de tout juste une heure met une fois de plus en valeur les sonorités de l'une des meilleures formations européennes, digne d'en remontrer à nombre d'ensembles d'Outre-Rhin, tant par ses vents que par ses cordes. Et c'est justement par ces dernières que les interprétations intéressent le plus, leur densité y trouve une gravité dès la première pièce, pour tenir jusqu'au bout de la symphonie. Le chef néerlandais, qui a organisé l'orchestre dans un placement moderne, avec les violoncelles en deuxième position et les contrebasses derrière, donc à gauche, maintient la formation dans un son bien condensé, toujours neutre et sans aucune afféterie. La vision des œuvres n'est en rien révolutionnaire, et pourra poser une fois encore la question de l'intérêt d'un enregistrement de plus du chef-d'œuvre de Beethoven. Jouer cette partition avec une telle maîtrise dans une salle remplie par deux mille auditeurs aurait semblé bien plus pertinent. Mais au moins, cette prestation montre que l'orchestre n'a rien perdu de sa qualité depuis le premier confinement, il y a maintenant un an, en même temps qu'elle lui permet justement en jouant encore de se maintenir à ce niveau.
Le gong, surélevé par les timbales, puis par les cordes, sombres comme celle de Mozart à son Requiem, introduit la Marche funèbre de Cherubini écrite pour les funérailles du Duc de Berry. Tous répéteront leurs interventions, comme un fait cyclique inéluctable et providentiel, impossible à conjurer et parfaitement porté aussi par la teneur des cuivres, tout particulièrement les trombones. Bourrée d'innovations, cette pièce de quelques minutes ne cède en rien aux idées beethovéniennes déployées ensuite, même si elle montre chez Cherubini une maîtrise moins totale de la forme, si fascinante dans l'Héroïque composée quatorze ans plus tôt par le génie de Bonn. De Vriend lance pour cette dernière ses cordes d'un geste énergique, pour un rendu de belle tenue, aussi superbe par la petite harmonie, dans une vision à laquelle il manque tout de même parfois un peu de cantabile, à l'Allegro con brio comme au Finale. Puis il entre dans la Marche funèbre avec la même retenue qu'auparavant pour Cherubini, sans rien exagérer, tout juste occasionnellement trop concentré à organiser l'ensemble pour en maintenir tout à fait la fluidité.
Le Scherzo déploie un Orchestre National de Lille brillant, jusqu'à la fin de l'œuvre, applaudie seulement par les musiciens eux-mêmes, puisque les auditeurs sont toujours enfermés chez eux.
Crédits photographiques : © Orchestre National de Lille
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Lille. Nouveau Siècle. 13-III-2021. Luigi Cherubini (1760-1842) : Marche Funèbre. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°3 en mi bémol majeur, op. 55 « Héroïque ». Orchestre National de Lille, direction : Jan Willem de Vriend. Concert capté avec le soutien du Crédit Mutuel sans public au Nouveau Siècle de Lille et diffusé sur la chaîne YouTube de l’orchestre.