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Gaetano Donizetti (1797-1848) : Il paria, mélodrame en deux actes sur un livret de Domenico Gilardoni. Marko Mimica, baryton-basse (Akebare) ; Albina Shagimuratova, soprano (Neala) ; Misha Kiria, baryton (Zarete) ; René Barbera, ténor (Idamore) ; Thomas Atkins, ténor (Empsaele) ; Kathryn Rudge, mezzo-soprano (Zaide) ; Opera Rara Chorus (chef de chœur : Stephen Harris) ; Britten Sinfonia ; direction : Mark Elder. 2 CD Opera Rara. Enregistrés aux studios de la BBC Maida Vale, Londres, du 1er au 6 juin 2019. Textes de présentation en anglais, français, allemand et italien. Livret italien traduit en anglais. Durée totale : 111:22
Opera RaraLe nouvel album de Mark Elder et le Britten Sinfonia sorti chez Opera Rara nous fait découvrir Il paria de Gaetano Donizetti.
Il paria est un mélodrame en deux actes sur un livret de Domenico Gilardoni, le principal librettiste de Donizetti pendant ses années napolitaines, qui a rédigé pas moins de onze textes pour lui entre 1827 et sa mort prématurée en 1831. L'intrigue est basée sur une pièce française récente (Le Paria de Casimir Delavigne, 1821), qui avait déjà été transformée en opéra par Michele Carafa en 1826, sur un libretto de Gaetano Rossi. La composition de Donizetti est en quelque sorte pour lui un parcours hors des sentiers battus car c'est la première fois qu'il écrit une œuvre lyrique avec une fin tragique et qu'il explore une ambiance « exotique ».
L'action se déroule dans le cadre de l'Inde du XVIe siècle, comprenant des panoramas grandioses et des temples en ruine, et dans lequel le fanatisme religieux se heurte violemment à l'amour familial et romantique. En revanche, nous y chercherons en vain le type d'« exotisme musical » si courant à la fin du XIXe siècle, pour lequel divers compositeurs s'efforçaient d'imiter les sons « authentiques » d'un passé lointain. Au lieu de cela, Donizetti s'y montre un artiste attentif aux possibilités dramatiques de la virtuosité vocale, au sens du tragique comme à celui des proportions, faisant de la place au déchaînement de passions humaines. Les chœurs sont largement utilisés, et dans plusieurs scènes, ils se combinent avec des textures orchestrales inhabituelles afin d'accentuer la couleur locale, ce que Verdi appellera tinta.
Créé le 12 janvier 1829 au Teatro San Carlo de Naples, Il paria connaît un succès modeste, avec seulement six représentations, et ce, en dépit de la présence du roi des Deux-Siciles François Ier (neveu de Marie-Antoinette) et des applaudissements reçus par les chanteurs les plus doués de leur génération, quasiment au sommet de leur gloire : la soprano Adelaide Tosi, le ténor Giovanni Battista Rubini et la basse Luigi Lablache. Serait-ce en raison du prix élevé des billets (cas confirmé par les chroniqueurs de l'époque) ou du fait que le monarque lui-même a manqué d'enthousiasme, considérant peut-être cette œuvre comme une critique indirecte de son régime autocratique ? Par ailleurs, Donizetti n'en était pas satisfait non plus ; il prévoyait de réviser sa partition, mais il n'y est plus revenu, réutilisant certaines idées dans d'autres pages, notamment Anna Bolena, Torquato Tasso et Le Duc d'Albe.
Concernant cette exécution, au sein d'une belle distribution, notre attention se porte principalement sur Albina Shagimuratova, René Barbera et Misha Kiria.
La soprano colorature Albina Shagimuratova allie limpidité et puissance d'une voix fiévreuse et frémissante, portée par un vibrato gracieux, un brin trop serré dans les sons élevés, donnant des frissons dans les moments fougueux, comme dans l'air Ah, che un raggio di speranza du premier acte.
René Barbera possède à son tour un ténor aussi subtil qu'éloquent, rayonnant dans les aigus. Dans les fragments lyriques (Là dove al ciel s'estolle ou Fin dove sorgono), il s'avère satiné, tout en demi-teintes et d'une belle souplesse, tandis que dans les passages « tendus » (Lontano, io più l'amai), il se teinte d'accents héroïques.
Misha Kiria envoûte par un baryton à la largesse imposante, ambré et onctueux, élégant et flexible, malgré sa profondeur (Ah no, che il core).
L'Opera Rara Chorus subjugue tant par l'homogénéité que par la diversité des timbres, par la douceur et la poésie que par l'éclat et le brio (Oggi ei riede !), contribuant à l'élasticité des phrasés comme à leur intensité.
Mark Elder à la tête du Britten Sinfonia favorise la légèreté tout en n'excluant pas l'énergie et la force expressive (Brama, autor dell'universo du second acte). Sous sa baguette, chaque mesure semble dûment équilibrée, jamais outrageusement mielleuse ou démonstrativement virtuose. De cette façon, les lignes musicales respirent avec ampleur, clarté et simplicité, sans nous faire oublier le potentiel dramatique et les émotions qui déterminent cette histoire, particulièrement la tendresse et le désespoir.
Ce double disque du label britannique Opera Rara est le deuxième enregistrement existant d'Il paria de Gaetano Donizetti, de loin plus réussi que le précédent, réalisé sous la direction de Marco Berdondini et sorti chez Bongiovanni en 2001.
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Gaetano Donizetti (1797-1848) : Il paria, mélodrame en deux actes sur un livret de Domenico Gilardoni. Marko Mimica, baryton-basse (Akebare) ; Albina Shagimuratova, soprano (Neala) ; Misha Kiria, baryton (Zarete) ; René Barbera, ténor (Idamore) ; Thomas Atkins, ténor (Empsaele) ; Kathryn Rudge, mezzo-soprano (Zaide) ; Opera Rara Chorus (chef de chœur : Stephen Harris) ; Britten Sinfonia ; direction : Mark Elder. 2 CD Opera Rara. Enregistrés aux studios de la BBC Maida Vale, Londres, du 1er au 6 juin 2019. Textes de présentation en anglais, français, allemand et italien. Livret italien traduit en anglais. Durée totale : 111:22
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