Les Zurich Chamber Singers dans un lumineux programme a capella
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Thomas Tallis (c.1505-1585) : O nata lux. Stefan Claas (né en 1968) : harmonisation de Maria durch ein Dornwald ging. Lucas Osiander (1534-1604) : Nun komm der Heiden Heiland. Michael Praetorius (1571-1621) : harmonisation de Es ist ein Ros entsprungen. Rhiannon Randle (née en 1993) : O nata lux. Joseph Bovet (1879-1951) : Quittez vos houlettes ; O nuit brillante. Madeleine Perissas (1906-1971) : Nous étions trios bergerettes. Benjamin Britten (1913-1976) : A Hymn to the Virgin. Johann Sebastain Bach (1685-1750) : O Jesulein süss BWV 493 ; Ich steh an deiner Krippen hier BWV 469. Max Bruch (1838-1920) : Wiegenlied der Hirten. Tomas Luis de Victoria (1548-1611) : O magnum mysterium. Marcus Paus (né en 1979) : O magnum mysterium. Hieronymus Praetorius (1560-1629) : Magnificat quinti toni alio modo com Canticis Ecclesiastici. Gustav Holst (1874-1934) : In the bleak midwinter. David Gurtner, marimba ; The Zurich Chamber Singers, direction: Christian Erny. 1 CD Berlin Classics. Enregistré en la Kirchgemeindehaus Liebestrasse de Winterthur en juillet 2020. Textes de présentation en allemand et anglais. Durée : 68:18
Berlin ClassicsAprès un précédent disque placé sur le temps de la Passion et la veillée funèbre (Passio publié chez Ars), les Zurich Chamber Singers, dirigés par leur fondateur Christian Erny, nous reviennent avec ce disque célébrant la Lumière éternelle, associée entre autres à la période de Noël.
Au diable le calendrier ! Car si les pages ici enregistrées sont en rapport étroit avec la période de l'Avent et de Noël, certaines sont destinées à d'autres fêtes liturgiques comme la Transfiguration (O nata Lux), l'Annonciation (Magnificat) ou la Circoncision (O magnum mysterium).
Le grand mérite du programme est d'assumer une unité dans la diversité, par la multiplicité des sources (populaires, savantes, anciennes ou contemporaines, a capella stricte ou soutenue par un simple marimba) à travers la continuité du calendrier liturgique – fil rouge de l'enregistrement. De plus, l'enchaînement tonal ou harmonique des plages est confondant de naturel.
Les Zurich Chamber Singers ont été fondés par Emanuel Signer et Chritian Erny, avec une dizaine d'amis choristes de haut niveau en 2015. En quelques années, par la conjonction d'un travail musical et artistique intense, par un recrutement exigeant et par le développement d'une véritable personnalité sonore, l'ensemble s'impose aujourd'hui au niveau international comme un des plus prometteurs de la jeune génération. Il développe une couleur chorale assez spécifique par une absence quasi-totale de vibrato à tous les pupitres, et une grande pureté d'émission, conférant à l'occasion au groupe, pourtant adulte et mixte, des teintes proches des maîtrises des meilleurs collèges anglais. À cet égard, le O nata lux liminaire de Thomas Tallis est exemplaire par son immatérialité suave, avec ce pupitre aérien de soprani évoquant irrésistiblement les high trebles de la Perfide Albion.
Le chœur de chambre mène également une activité prospective dans le domaine de la création contemporaine, et place en regard de motets éponymes renaissants, deux œuvres très récentes. Le O nata lux de la compositrice anglaise Rhiannon Randle, à peine trentenaire, est une commande de l'ensemble et répond ici à celui multiséculaire de Tallis, dont sont réinterprétées les fausses relations et les frottements d'intervalles de secondes dans un souci de continuité stylistique. De même est gravé en première mondiale le néo-modal O magnum mysterium du Norvégien Marcus Paus, présenté ici en écho du célèbre motet de Tomás Luis de Victoria, et écrit dans la libre descendance harmonique d'un Messiaen : cette longue plage monopolise un marimba soliste qui par ses résonances intrigantes crée de nouvelles perspectives sonores nimbées d'un halo «mystique» cathédralesque.
Mais l'ensemble du programme – conçu sans doute autant pour le disque que pour le concert – ne se limite pas à notre XXIᵉ siècle, ni au répertoire le plus pointu, puisqu'on y trouve des références plus populaires défendues avec le même professionnalisme et la même conviction malgré sans doute parfois un intérêt musical moins constant : chants d'Avent allemands, chorals luthériens, deux extraits contributifs de J.S. Bach au GesangBuch édité en 1736 par Christian Schemelli, Noëls français ou suisses (dans les harmonisations bien connues de tout praticien amateur, signées Bovet ou Périssas), un Noël germano-polonais finement arrangé par Max Bruch, ou, pour clore le programme, le In the bleak midwinter de Gustav Holst inspiré du English Hymnal. Ces plages dont l'enfilage strophique pourrait s'avérer monotone sont présentées avec suffisamment de variétés dans la distribution, alternant solistes et chœur au complet, ou séparant les pupitres de femmes et d'hommes. Ce versant entre culture sacrée savante et populaire culmine sans doute à la fois dans une version suave du juvénile Hymn to the Virgin d'un Benjamin Britten adolescent, mêlant dans le texte, anglais et latin macaronique, et surtout au fil du Magnificat quinti toni à huit voix de Hieronymus Prætorius alternant le texte liturgique avec deux cantiques luthériens très populaires (Jospeh Lieber, Jospeh mein, et In dulci Jubilo) : la version de cette dernière page est particulièrement jubilatoire par sa somptueuse emphase et son spectaculaire engagement.
Par la variété des répertoires visités, par la cohérence chronologique et liturgique de son programme, par la grande qualité vocale et musicale de l'ensemble, voilà un disque qui comblera les amateurs de chant choral les plus exigeants comme les simples mélomanes curieux du répertoire choral a capella. Une belle carte de visite et un jalon discographique important pour les Zurich Chamber Singers, sans nul doute promis à un bel avenir scénique et discographique.
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Thomas Tallis (c.1505-1585) : O nata lux. Stefan Claas (né en 1968) : harmonisation de Maria durch ein Dornwald ging. Lucas Osiander (1534-1604) : Nun komm der Heiden Heiland. Michael Praetorius (1571-1621) : harmonisation de Es ist ein Ros entsprungen. Rhiannon Randle (née en 1993) : O nata lux. Joseph Bovet (1879-1951) : Quittez vos houlettes ; O nuit brillante. Madeleine Perissas (1906-1971) : Nous étions trios bergerettes. Benjamin Britten (1913-1976) : A Hymn to the Virgin. Johann Sebastain Bach (1685-1750) : O Jesulein süss BWV 493 ; Ich steh an deiner Krippen hier BWV 469. Max Bruch (1838-1920) : Wiegenlied der Hirten. Tomas Luis de Victoria (1548-1611) : O magnum mysterium. Marcus Paus (né en 1979) : O magnum mysterium. Hieronymus Praetorius (1560-1629) : Magnificat quinti toni alio modo com Canticis Ecclesiastici. Gustav Holst (1874-1934) : In the bleak midwinter. David Gurtner, marimba ; The Zurich Chamber Singers, direction: Christian Erny. 1 CD Berlin Classics. Enregistré en la Kirchgemeindehaus Liebestrasse de Winterthur en juillet 2020. Textes de présentation en allemand et anglais. Durée : 68:18
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