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Fabien Armengaud, nouveau chef de la maîtrise du Centre de musique baroque de Versailles

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Chef-assistant de la maîtrise du depuis plus de vingt ans, la promotion à ce poste de peut être perçue comme une suite logique pour le musicien, mais surtout comme la volonté d'une continuité d'action d'une école maîtrisienne.


ResMusica : Après être arrivé par la « petite porte » il y a plus de vingt ans, on peut dire que vous connaissez tous les rouages de la maîtrise du CMBV. Une véritable force pour cette nomination !

 : Oui, je le pense en effet. En tant que continuiste et chef-assistant, j'ai pu pendant toutes ces années observer de l'intérieur le fonctionnement de cette Maîtrise et je crois sans prétention bien la connaître. J'espère que mon expertise pourra ainsi écrire une nouvelle et belle page pour cette institution.

RM : Votre prédécesseur, Olivier Schneebeli, est resté trente ans sur ce poste. Même si vous êtes une figure quotidienne au sein de la Maîtrise, cela reste un changement important pour l'équipe.

FA : Olivier Schneebeli a été le fondateur de cette Maîtrise et il faut saluer ici son travail formidable de pionner et de serviteur de la musique. Pendant vingt ans, j'ai beaucoup appris à ses côtés, j'ai tissé des liens privilégiés avec tous mes collègues mais, je vous le concède, c'est un changement important et pour l'équipe et pour moi-même. J'aime d'ailleurs assez le terme anglais de « conductor » ; je vais désormais conduire cette maîtrise avec mon style, mes idées et tous les projets que j'ai envie de défendre.

RM : Au moment de votre candidature au poste, quels étaient les enjeux auxquels devait faire face la Maîtrise à l'époque selon vous ?

FA : La Maîtrise forme depuis trente ans des jeunes chanteurs enfants et adultes. Nous pouvons nous enorgueillir de notre taux d'insertion professionnelle, qui est de plus de 90%. Le seul danger pour nous serait de nous endormir sur nos lauriers, mais, je vous rassure, je suis un grand insomniaque !

En trente ans, le paysage professionnel a changé, l'avenir de nos jeunes chanteurs n'est plus le même. L'enjeu principal est une exigence accrue de formation pour ces chanteurs afin de les préparer au mieux à leur future vie professionnelle. Initier de nouveaux partenariats avec des institutions prestigieuses, comme par exemple la Haute École de Musique de Genève, collaborer encore plus avec le pôle recherche du CMBV et donner toute sa place à l'action culturelle qui est un véritable enjeu de société, voilà les défis à relever pour moi. Enfin, la confrontation de nos jeunes chanteurs aux principaux chefs de la scène internationale me semble fondamentale. C'est pour cela que je me réjouis qu'Emmanuelle Haïm soit en résidence chez nous pour les deux prochaines saisons.

RM : Et aujourd'hui, pensez-vous que le contexte actuel amènera à des adaptations structurelles pour l'institution ?

FA : Je suis un grand optimiste et même s'il ne faut pas se voiler la face et que les temps sont difficiles pour les artistes, on ne peut vivre sans art et sans musique. Mais, parce que le monde change, nous avons notamment décidé de proposer désormais un cursus de deux ans pour les Chantres. D'autre part, un chœur des jeunes, dirigé par mon directeur-adjoint Clément Buonomo, est en train de voir le jour afin de continuer à accompagner nos adolescents après la mue.

RM : L'activité de la maîtrise est riche : enseignement bien sûr, auditions, concerts, spectacles, mais aussi action culturelle. Comment l'institution s'est adaptée à la situation sanitaire ?

FA : Dès le mois de mars, la Maîtrise a su s'adapter à la situation sanitaire. Le lien pédagogique a toujours été maintenu, et de cela nous pouvons nous réjouir. Nous nous sommes réinventés constamment et continuons d'ailleurs à le faire. Webinaires, Padlets, cours et conférences en visio, enregistrements discographiques, concerts filmés, l'année est compliquée mais néanmoins riche. Les nouvelles technologies nous ont permis de garder ce lien fondamental avec les enfants et les adultes.

Je profite de cet entretien pour remercier ici chaleureusement, l'équipe pédagogique et l'équipe administrative qui de jour en jour fait preuve d'une grande invention et d'une immense réactivité. Mais l'échange avec le public nous manque, soyons honnêtes.

RM : Aujourd'hui, la scène musicale baroque est riche et foisonnante. Que souhaitez-vous y apporter à votre niveau ?

FA : Tout d'abord mon style. Cela fait plus de vingt ans que la musique baroque française m'accompagne jour et nuit, c'est ma deuxième langue et je ne peux vivre sans. Du continuo, j'ai pu en observer tous les ingrédients et je vais désormais pouvoir proposer au public ma propre recette, c'est terriblement enthousiasmant !

Ensuite, ma curiosité. Il y a encore beaucoup de musiques qui méritent d'être découvertes, c'est un terrain de jeu passionnant pour moi et au CMBV, je suis servi.

RM : Est-ce que cette nomination vous contraint à abandonner votre rôle de directeur artistique auprès de l'Ensemble Sébastien de Brossard ?

FA : « Qui trop embrasse mal étreint » nous dit le dicton. Et, en effet, afin de me consacrer pleinement à mon nouveau poste, je vais mettre en sommeil l'Ensemble Sébastien de Brossard. Mais, je vous rassure, je ne délaisse pas pour autant le clavecin. D'ailleurs, mon prochain disque solo consacré à Étienne Richard sort en mars prochain.

Crédits photographiques : © Olivier Lalane

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