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Guy Delvaux et Antonio Ferrara : Alcina. Éditions Kifadassé. 66 p. 29,90 €. Mars 2020
Dans la collection Si l'opéra m'était dessiné des éditions Kifadassé, cet Alcina est un bel objet curieux, pour mélomanes recherchant une autre expérience de (re)découverte de l'opéra.
La couverture rosâtre avec une figure qui évoque l'heroic fantasy n'attire pas a priori, mais le toucher soyeux, la qualité du papier et ce titre de collection invitent à aller plus loin. Guy Delvaux a repris en quasi-intégralité le livret de l'opéra de Georg Friedrich Haendel, qu'il a traduit en français dans une langue poétique et actuelle, en versifiant même le texte des airs. Le dessin d'Antonio Ferrara tente quant à lui d'évoquer les décors de théâtre, la magnificence des costumes et l'abondance des couleurs (visuelles, mais peut-être aussi musicales). L'opéra baroque n'est pas vu comme un spectacle sage et poussiéreux, mais pas non plus comme un genre qu'il faut à tout prix faire entrer en résonance avec des préoccupations contemporaines. On peut être captivé, à condition d'apprécier ces corps tordus et étrangement proportionnés, ces visages aux expressions outrées, ces couleurs vives et cette texture générale un peu glacée évoquant tout à tour l'art naïf, le vitrail ou l'enluminure. On peut aussi trouver que ce dessin tout en excès, comme exécuté « sous acide », a du mal à s'accorder au texte, en particulier dans sa manière de donner à tous les personnages une posture théâtrale, sans jamais de retenue, et d'attirer le regard sur des corps toujours plus dénudés.
Paru en 2019, un Thaïs d'après l'opéra de Massenet mêlait déjà les mêmes ingrédients. On peut déjà se laisser aller à imaginer à quoi ressemblera la Norma annoncée dans la suite de la collection.
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Guy Delvaux et Antonio Ferrara : Alcina. Éditions Kifadassé. 66 p. 29,90 €. Mars 2020
Éditions Kifadassé