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La neuvième de Mahler par Klaus Mäkelä et l’Orchestre de Paris

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 9-XII-2020. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 9 en ré majeur. Orchestre de Paris, direction : Klaus Mäkelä
Concert sans public enregistré en direct diffusé sur le site Philharmonie Live

Au lieu de la Symphonie « Résurrection » initialement prévue, mais nécessitant des chœurs, c'est avec la difficile et douloureuse Symphonie n° 9, ultime opus symphonique achevé de , que , nouveau conseiller musical et futur directeur musical de l', poursuit la série de concerts sans public dans la grande nef de la Philharmonie.

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90 minutes pour convaincre dans ce testament musical de Mahler qui ne sera ouvert qu'un an après la mort du compositeur par Bruno Walter ; 90 minutes pour un viatique scellant l'impossible synthèse du microcosme et du macrocosme, de la vie et de la mort, du Verbe et de la note où Mahler, au bord du gouffre de la tonalité, nous donne à entendre l'indicible… Avouons qu'à 24 ans, oser cette symphonie « récapitulative », que Claudio Abbado porta vers d'inaccessibles sommets à la tête de l'Orchestre du Festival de Lucerne par un soir d'octobre 2010 devant une Salle Pleyel émue aux larmes, relève d'un pari audacieux, voire franchement téméraire… où le jeune chef finlandais, hélas, ne convainc qu'à moitié dans une interprétation inaboutie, constamment imprégnée d'un étrange sentiment d'incomplétude, par sa difficulté (bien compréhensible) à fédérer et à organiser les plans sonores, à rassembler ce qui est épars, malgré un très attentif et affûté.

C'est pourtant avec une direction efficace, souple et naturelle, que le complexe Andante commodo est abordé par guidant l'orchestre avec aisance au sein de ce dédale de timbres, de mélodies tronquées, de contrastes violents et de nuances affirmées où Alban Berg voyait la mort roder : une musique décantée, désincarnée où se mêlent fulgurances et faux lyrisme, sérénité et horreur, où l'orchestre ruiné se disloque, réduit à un poudroiement de timbres dont rend fidèlement compte avec une précision appliquée. Une lecture un peu monolithique où l'on aurait souhaité plus de dramatisme, plus de pesanteur dans le phrasé, plus de lenteur dans la progression qu'on aurait espérée plus lancinante avec des nuances plus affirmées et des pupitres convoqués de façon plus sélective pour entretenir la tension.

Le Ländler suivant est lui aussi, trop uniforme, manquant de couleurs, et de rusticité, bien loin du cruel rictus de la vie terrestre et de sa futile agitation, avec une individualisation rythmique des trois sections constitutives mal assumée, où la valse médiane passe carrément à la trappe !

Le Rondo-Burleske est sans doute le moment le plus réussi de cette interprétation, porté par une dynamique pleine d'allant, de belles nuances et une organisation efficace des différents plans sonores dont de jolis contre chants. On signalera pour l'occasion les interventions très brillantes du pupitre de cors conduit par Benoit de Barsony, un superbe pupitre d'altos et des cuivres irréprochables (trompettes notamment).

Répondant aux interrogations du premier mouvement par un moment d'acceptation et de paix, l'Adagio final est, ici, parfaitement exécuté au plan instrumental (lyrisme des cordes, sonorité des cors, petite harmonie et harpe) mais manque, encore une fois, singulièrement de tension et de profondeur dans l'intonation, se « confinant » dans une lecture très appliquée frôlant parfois le maniérisme, à mille lieux de ces horizons bleutés que nous laissent entrevoir, comme une espérance, d'autres interprétations plus visionnaires…

Crédit photographique : Klaus Mäkelä © Philharmonie de Paris

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