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Rouen. Théâtre des Arts. 20-XI-2020. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : La Clémence de Titus, opéra seria en 2 actes K. 621 sur un livret de Métastase. Morceaux choisis. Avec : Simona Šaturová, Vitellia. Anna Stephany, Sesto. Chiara Skerath, Servilia. Antoinette Dennefeld, Annio. David Steffens, Publio. Orchestre de l’Opéra Rouen Normandie, direction : Ben Glassberg. Concert sans public diffusé en direct sur le site de l’Opéra Rouen Normandie
Période difficile pour le spectacle vivant, on ne cessera de le dire… Après l'annulation de Tannhäuser de Wagner qui devait ouvrir en beauté la saison de l'Opéra de Rouen Normandie, c'est maintenant au tour de La Clémence de Titus de Mozart de se voir privée de scène, de public (et même de Titus !) réduite à quelques morceaux choisis diffusés en direct.
Il faut bien reconnaître qu'avec La Clémence de Titus, créé en septembre 1791 à Prague, Mozart n'a pas gardé le meilleur pour la fin, dans cet ultime opéra au livret affligeant, composé dans la hâte, probablement à plusieurs mains… il n'en reste pas moins quelques beaux passages, numéros de chanteurs et d'orchestre, justifiant ce florilège d'airs choisis par l'Opéra de Rouen Normandie, avec la prise de rôle très attendue de Simona Šaturová en Vitellia.
Avouons également que le livret de Métastase ne porte pas bien haut les idéaux maçonniques que Mozart plaçait pourtant dans cet opéra, en y voyant une sorte de testament philosophique glorifiant les devoirs que tout homme se doit d'avoir envers lui-même, comme la tolérance, l'abnégation et le pardon. Seule subsiste alors la musique, placée ce soir au premier plan du fait de l'absence de mise en scène, de scénographie et de sur-titrage. On remarquera, sans médisance, que l'on touche ici à la limite du genre puisqu'il s'agit à peine d'une version de concert. En une heure tout est bouclé. Le livret, déjà indigeste, devient pour le coup, dans ces conditions de réduction drastique, franchement incompréhensible et, comble de l'incohérence, le personnage emblématique de Titus qui donne tout son sens à l'œuvre, passe à la trappe du fait de la minceur de ses interventions.
Heureusement restent les autres, et tout particulièrement un magnifique trio de chanteuses qui fait tout l'intérêt de cette représentation. A commencer par Simona Šaturová qui convainc d'emblée dans cette prise de rôle par sa voix puissante, son timbre lumineux et ses vocalises faciles. Certes les graves sont parfois légèrement « poitrinés » supportant difficilement la confrontation avec le cor de basset, mais l'engagement « scénique » est de premier ordre. Face à elle, le Sesto d'Anna Stéphany remporte également tous les suffrages, par la souplesse de la ligne, par les nuances et le large ambitus qui donnent à son « Parto, Parto », avec clarinette obligée, beaucoup de couleurs. Antoinette Dennefeld ne déçoit pas non plus dans ses deux airs d'Annio, superbement négociés, associant puissance et délicatesse, « orné » d'un petit vibrato. La Servilia de Chiara Skerath et le Publio de David Steffens complètent avantageusement cette distribution vocale de haute tenue, apportant leur belle contribution dans les nombreux ensembles.
L'Orchestre de l'Opéra de Rouen Normandie, théâtral, contrasté, jouant sans vibrato, s'inscrit dans la ligne des lectures historiquement informées sous la main experte d'un Ben Glassberg prometteur. En attendant des jours meilleurs…
Crédit photographique : Simona Šaturová © Jan Houda
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Rouen. Théâtre des Arts. 20-XI-2020. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : La Clémence de Titus, opéra seria en 2 actes K. 621 sur un livret de Métastase. Morceaux choisis. Avec : Simona Šaturová, Vitellia. Anna Stephany, Sesto. Chiara Skerath, Servilia. Antoinette Dennefeld, Annio. David Steffens, Publio. Orchestre de l’Opéra Rouen Normandie, direction : Ben Glassberg. Concert sans public diffusé en direct sur le site de l’Opéra Rouen Normandie