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Simone Young et Elza van den Heever : « Adieu vive clarté… »

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 18-XI-2020. Richard Strauss (1864-1949) : Quatre derniers Lieder ; Johannes Brahms (1833-1897) : Symphonie n° 4 en mi mineur op. 98. Elza van den Heever, soprano. Orchestre de Paris, direction : Simone Young.
Concert sans public diffusé en direct sur Philharmonie live

Dans un concert aux couleurs automnales et crépusculaire associant les Quatre derniers Lieder de et la Symphonie n° 4 de , à la tête de l' et la soprano adressent un poignant adieu à l'ancien monde…

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Créés à titre posthume en 1950, par Kristen Flagstad (bien que soit initialement prévue) huit mois après la mort de , ces Quatre derniers Lieder, sur des textes de Joseph von Eichendorff (Im Abendrot) et Hermann Hesse (Frühling, September, Beim Schlafengehen) furent organisés en cycle secondairement par Ernst Roth, l'éditeur du compositeur. Sorte de chant du cygne, comment ne pas y voir comme une métaphore de la vie humaine débutant par le lumineux printemps pour se terminer dans la douceur du soleil couchant et l'acceptation résignée d'une mort consolatrice…Si les lieder orchestrés évoquent immédiatement l'opéra par l'importance nécessaire de la projection vocale devant faire face à l'orchestre, peut être leur vraie difficulté d'interprétation réside-t-elle dans l'impérieuse obligation d'en préserver, malgré tout, l'intimité et la profondeur d'intonation propres au lied. Défi difficile et audacieux que la soprano dramatique , superbement entourée par une phalange parisienne superlative et confidente, relève avec brio, conjuguant puissance d'émission, souffle inépuisable, large ambitus et beauté du timbre, rond aux couleurs mordorées, dans une interprétation portée par une intense émotion qui ira crescendo pour trouver son acmé dans Im Abendrot , sorte de supplication intériorisée que la chanteuse achève de déclamer en pleurant, sur les paroles : « Serait ce déjà la mort ? ».

La Symphonie n° 4 de Brahms succède aux Quatre derniers lieder dans un rapprochement judicieux : véritable tétralogie, le corpus symphonique de Brahms répond à une unité, d'où il est possible de dégager une évolution des ambiances et des climats en fonction du temps qui passe, depuis la tumultueuse Symphonie n° 1, la bucolique deuxième, l'héroïque troisième avant de conclure par la mélancolique et résignée Symphonie n° 4, composée en 1885 par un Brahms assagi, solitaire, reconnu et dépositaire de la grand forme, opposé à l'école de Weimar. De cette symphonie d'automne, et l' donnent, ce soir, une lecture juste, à la fois souple et tendue. Lyrique et fougueux, l'Allegro initial ne parvient pas à masquer une certaine mélancolie latente derrière des accents mittel europa dont Dvorák saura s'inspirer quelques années plus tard. L'Andante fait valoir ses couleurs fondues au son du cor (Benoit de Barsony) et de la petite harmonie sur un phrasé très souple, presque dansant, où laisse chanter l'orchestre. Le Scherzo jubilatoire et haletant précède un Allegro final, véritable feu d'artifice orchestral qui paie son tribut à Bach dans une chaconne enchaînant de multiples variations où se distinguent percussions, cuivres et flûte, avant d'entamer une coda glorieuse et solennelle, comme un brillant hommage à l'ancien monde dans un dernier regard avant de le quitter.

Crédit photographique : Simone Young © Klaus Lefebvre

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