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Les rares enregistrements du Quatuor Amar-Hindemith

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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Quatuors à cordes K. 428 et K. 590 ; Menuetto & Trio – Allegretto extrait du Quatuor à cordes K. 421 ; Andante extrait du Quatuor à cordes K. 575. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Duo pour alto et violoncelle WoO 32 ; Quatuor à cordes « Serioso » op. 95. Antonín Dvořák (1841-1904) : Finale. Vivace ma non troppo extrait du Quatuor à cordes « Américain » op. 96. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Quatuor à cordes en mi mineur. Max Reger (1873-1916) : Trio à cordes n° 1 op. 77b. Paul Hindemith (1895-1963) : Trio à cordes n° 1 op. 34 ; Quatuor à cordes n° 4 op. 22 (2 versions : enregistrement acoustique et électrique) ; Duett extrait de Die Serenaden op. 35. Béla Bartók (1881-1945) : Quatuor à cordes n° 2. Ernst Křenek (1900-1991) : Adagio extrait du Quatuor à cordes n° 3 op. 20. Igor Stravinsky (1882-1971) : Concertino pour quatuor à cordes. Quatuor Amar-Hindemith : Licco Amar, 1er violon ; Walter Caspar, 2e violon ; Paul Hindemith, alto ; Rudolf Hindemith, violoncelle (ou Maurits Frank au violoncelle pour les K. 421 et K. 575 de Mozart). Amar Trio : Walter Caspar, violon ; Paul Hindemith, alto ; Rudolf Hindemith, violoncelle. Duo Hindemith : Paul Hindemith, alto ; Rudolf Hindemith, violoncelle. 3 CD Parnassus PACD 96070/2. Enregistrés entre 1925 et 1928. Textes de présentation en anglais. Durée totale : 3:50:35

 

Le label américain Parnassus nous a préparés une belle surprise : les rares enregistrements, pour la première fois complets, du Quatuor Amar-Hindemith, avec jouant de l'alto et son frère Rudolf au violoncelle.

Quatuor Amar-Hindemith_ParnassusEn plus d'être l'un des compositeurs les plus importants du XXe siècle, est longtemps resté actif en tant que musicien. Formé comme violoniste, il choisit finalement l'alto. Dans les années 1920, il devient membre du Quatuor Amar-Hindemith dirigé par le violoniste hongrois Licco Amar. Avec cette formation, Hindemith peut non seulement jouer de la musique et ainsi se perfectionner comme chambriste, mais aussi, et peut-être avant tout, donner ses partitions en concert.

En 1925, alors que le quatuor avait déjà effectué des tournées en Europe, il entame une série d'enregistrements, s'échelonnant sur les années 1925-1928. Si, durant cette période, les deux violonistes et l'altiste n'ont pas changé, Rudolf Hindemith – le violoncelliste dans les gravures faites pour Polydor de 1925 à 1927 – s'est vu remplacer par Maurits Frank apparaissant dans les deux captations réalisées pour Parlophon en 1928 : le Menuetto & Trio – Allegretto extrait du Quatuor à cordes K. 421 et l'Andante extrait du Quatuor à cordes K. 575 de Mozart.

Les gravures de 1925 sont acoustiques, tandis que celles de 1926 et 1927 ont été effectuées par le procédé « Beam of Light » (faisceau lumineux), un système électrique difficile à régler et peu fiable, qui a produit des résultats insatisfaisants, à peine distinguables des enregistrements utilisant la technologie antérieure[1]. Seuls les deux mouvements de Mozart captés en 1928 ont été réalisés avec le système de la Western Electric, plus efficace et le meilleur à l'époque. Étant donné cela, l'apport de dans cette production, est inestimable. Ses repiquages prennent comme source des 78 tours originaux en bon état.

Le répertoire discographique du Quatuor Amar-Hindemith allie des pages classiques (de Mozart, Beethoven), romantiques (Verdi), postromantiques (Dvořák) et contemporains (Bartók, Stravinsky, lui-même). Les interprétations des propres œuvres de Hindemith sont particulièrement précieuses car, avec elles, on peut être sûr qu'elles se déroulent conformément aux intentions du compositeur. Les deux exécutions du Quatuor à cordes n° 4 op. 22 (un enregistrement acoustique et un enregistrement électrique) se ressemblent, aussi sombres qu'intenses. Celle du Trio à cordes n° 1 op. 34 (avec Walter Caspar au violon) se distingue par l'acuité du mouvement dans la Toccata, ainsi que par la douceur du Langsam und mit grosser Ruhe. Par ailleurs, dans la lecture du Trio à cordes n° 1 op. 77b de Reger, la clarté des textures est remarquable ; associée à l'éloquence du discours, elle permet de se délecter des subtilités du langage harmonique de cette partition.

Le jeu du Quatuor Amar-Hindemith n'a pas pris une ride, et ce, depuis quasiment cent ans ! Bien plus que cela : les interprétations données s'avèrent résolument « modernes », si on les aborde par le prisme de l'histoire du quatuor à cordes du XXᵉ siècle. D'une part, elles se parent de la variété des atmosphères ; d'autre part, elles impressionnent par la précision rythmique et la concision du propos. L'exécution du Quatuor à cordes en mi mineur de en est un bon exemple, combinant autant de tendresse que de brio, tension et humour. Puis, celle du Quatuor à cordes n° 2 de attire notre attention par le simple fait qu'il s'agit, sauf erreur, de la toute première gravure (de 1926) d'une œuvre de ce compositeur. Aucune tradition interprétative ne guidait les chambristes à travers leur prestation, empreinte tantôt de mystère et d'austérité, tantôt de fougue. Leur jeu met en valeur les contrastes de tempo et de nuances, favorisant la fluidité des phrasés comme la profondeur expressive.

Prêtons également l'oreille aux classiques, Mozart et Beethoven. Tenant compte des caractéristiques du jeu du Quatuor Amar-Hindemith, nous avons affaire à des lectures débordant d'une fraîcheur printanière, légères, à la fois brillantes et tendues, conjuguant le sérieux et la bonne humeur. Dans le Duo pour alto et violoncelle WoO 32 du maître de Bonn, nous entendons les frères Hindemith mener un dialogue avec musicalité, franchise et raffinement, chaleureux et plein de virtuosité, s'imprégnant de gaîté et magnifié par la souplesse du mouvement comme par la plasticité des lignes.

Ce coffret est un portrait vivant d'un compositeur notable, de son frère et de ses collègues, qui interprètent la musique de chambre avec la veine comparable à celle des plus grandes formations de ce type.

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[1] Pour le procédé « Beam of Light », un cornet acoustique concentre les ondes sonores sur un diaphragme qui porte un miroir. Les déplacements du miroir dévient un rayon lumineux dont une portion plus ou moins grande de la largeur vient plus impacter une cellule photo-électrique générant un signal électrique, qui à son tour permet d'actionner le graveur de la matrice 78 tours.

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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Quatuors à cordes K. 428 et K. 590 ; Menuetto & Trio – Allegretto extrait du Quatuor à cordes K. 421 ; Andante extrait du Quatuor à cordes K. 575. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Duo pour alto et violoncelle WoO 32 ; Quatuor à cordes « Serioso » op. 95. Antonín Dvořák (1841-1904) : Finale. Vivace ma non troppo extrait du Quatuor à cordes « Américain » op. 96. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Quatuor à cordes en mi mineur. Max Reger (1873-1916) : Trio à cordes n° 1 op. 77b. Paul Hindemith (1895-1963) : Trio à cordes n° 1 op. 34 ; Quatuor à cordes n° 4 op. 22 (2 versions : enregistrement acoustique et électrique) ; Duett extrait de Die Serenaden op. 35. Béla Bartók (1881-1945) : Quatuor à cordes n° 2. Ernst Křenek (1900-1991) : Adagio extrait du Quatuor à cordes n° 3 op. 20. Igor Stravinsky (1882-1971) : Concertino pour quatuor à cordes. Quatuor Amar-Hindemith : Licco Amar, 1er violon ; Walter Caspar, 2e violon ; Paul Hindemith, alto ; Rudolf Hindemith, violoncelle (ou Maurits Frank au violoncelle pour les K. 421 et K. 575 de Mozart). Amar Trio : Walter Caspar, violon ; Paul Hindemith, alto ; Rudolf Hindemith, violoncelle. Duo Hindemith : Paul Hindemith, alto ; Rudolf Hindemith, violoncelle. 3 CD Parnassus PACD 96070/2. Enregistrés entre 1925 et 1928. Textes de présentation en anglais. Durée totale : 3:50:35

 
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