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Lettres d’amour avec Stéphanie d’Oustrac et l’Orchestre National de Bretagne

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Rennes. Opéra de Rennes. 07-X-2020. Hector Berlioz (1803-1869) : Les Nuits d’été, pour mezzo-soprano et orchestre. Richard Wagner (1813-1883) : Wesendonk-Lieder no. 5, Traüme pour voix et orchestre. Stéphanie d’Oustrac, mezzo-soprano. Siegfried-Idyll. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°5, Adagietto. Orchestre National de Bretagne, direction : Rudolf Piehlmayer

Joué quatre fois en deux soirs à l'Opéra de Rennes, le programme de « lettres d'amour en musique » de l'Orchestre National de Bretagne trouve un beau développement grâce au geste wagnérien du chef Rudolf Piehlmayer, et au chant berliozien de la mezzo-soprano Stéphanie d'Oustrac.

ONB dOustrac Piehlmayer cc DR
A Rennes comme ailleurs, on joue avec et malgré le Covid-19. L'idée de l', devenu National depuis 2019, est donc de proposer deux fois par soir le même concert, sans entracte, avec un public masqué et convenablement espacé. Le programme est d'un peu plus d'une heure seulement, ce minutage resserré étant compensé par un prix des places réduit.

D'abord prévu pour le directeur musical de l'ensemble, , malheureusement indisponible du fait de la crise sanitaire, le florilège d'ouvrages écrits comme autant de messages d'amour revient finalement à un wagnérien bien connu de l'Opéra de Rennes, Rudolf Piehlmayer, qui y a déjà dirigé Lohengrin puis Der Fliegende Holländer. Ce même Rudolf Piehlmayer qui aurait dû porter en ce moment la production annulée au dernier moment pour cause de Covid du Tannhäuser de Rouen. C'est avec naturel que le chef allemand lance l'orchestre dans la pièce introductive, Träume, cinquième des Wesendonck-Lieder, offerte à Mathilde, l'auteure du poème, par Wagner comme message de passion ; version, ici donnée, dans sa mouture orchestrée secondairement par . Entrée avec le chef, Stéphanie d'Oustrac aborde le lied avec une remarquable attention sur les consonnes, seulement pénalisé par l'évident accent français appliqué au texte allemand.

La mezzo-soprano rentre en coulisse avec les quelques vents présents, pour ne laisser que les cordes et une harpe aborder le célèbre Adagietto de , souvent considéré comme un message d'amour à sa femme Alma, bien que ce point soit discuté par les musicologues, à commencer par Henri-Louis de La Grange. Dans cette partition, Piehlmayer se montre moins convaincant : le vibrato appuyé après l'exposition du thème, ou les glissandi très marqués avant l'introduction de la coda y ressortent particulièrement grâce au beau traitement du premier violon Fabien Boudot et du premier violoncelle, mais jouée avec l'effectif de cordes des Metamorphosen de Strauss, la pièce en ressort bien plus intime que sous les grandes formations philharmoniques internationales. Un nombre de cordes similaire, augmenté d'une dizaine de vents, remet en avant l'évidence du style wagnérien du chef dans Siegfried-Idyll en fin de concert, joué cette fois dans une version plus large que la partition initiale, d'abord prévue pour treize musiciens. Chaque leitmotiv en ressort nettement, avec un soin tout particulier donné aux vents (cor, flute et clarinette) pour développer les thèmes issus de la forêt, extraits de Siegfried, prénom du troisième enfant de Richard et Cosima à qui cette pièce est dédiée.

Entre les deux œuvres germaniques, le Français Berlioz s'intègre grâce aux Nuits d'été, sur des poèmes de qui trouvent en Stéphanie d'Oustrac une conteuse idéale. Villanelle apporte donc la saison nouvelle, avec une voix claire malgré la tessiture de mezzo de la chanteuse. Ce chant sera bissé à la fin du concert filmé en seconde cession du mercredi. Outre les applaudissements intempestifs du public entre chaque mélodie, on regrettera une légère tendance à poitriner dans l'extrême grave dans la tombe d'Au cimetière, de même que la phrase « Ma belle amie est morte » du chant Sur les lagunes, celui-ci bien compensé par un magnifique aigu sur les « Ah ! sans amour » répétés trois fois ensuite. Pour cette Cassandre acclamée dans les récents Troyens de l'Opéra de Paris, le texte déjà enregistrée avec piano sur l'album Sirènes en 2018 retrouve une ciselure parfaite de chaque mot et de chaque intention, bien accompagnée par un orchestre subtil, surtout porté par la douceur de ses cordes.

Crédits photographiques : © DR/Opéra de Rennes

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