Plus de détails
La pandémie de Covid-19 a bouleversé non seulement l'économie, mais également l'ordre social. Tous les domaines de notre vie quotidienne se voient impactés. Parmi les groupes professionnels les plus touchés par cet état de choses, on trouve les artistes. Quel est leur rôle dans la crise actuelle et quel est le rôle des mélomanes face à eux ?
La situation de la plupart des artistes est aujourd'hui désastreuse. Après presque huit semaines de confinement, puis suite à la fermeture des salles de concert et à l'annulation d'une grande partie des festivals, ils se sont retrouvés sans travail et sans moyens de subsistance. Sans doute, beaucoup d'artistes se posent des questions sur leur avenir. Le temps est venu d'agir. En France, des nouvelles positives ont récemment commencé à nous arriver : d'abord, nous avons appris que le Premier Ministre Jean Castex a annoncé une dotation de 2 milliards d'euros pour le secteur de la Culture sur les 100 milliards d'euros du plan de relance ; deux jours plus tard, on déclarait que 200 millions seraient destinés au spectacle vivant public et 220 millions pour le théâtre privé. Forcément, il y a de la lumière au bout du tunnel, mais nous ne devons pas sous-estimer les problèmes pour autant.
Avouons-le carrément : le public a soif d'art alors que les artistes ont besoin de se produire sur scène. Comme jamais auparavant, ces plusieurs mois de vie sans culture vivante ont aiguisé notre appétit de revenir dans les salles de concert et les maisons d'opéra. Cependant, nous ne devons pas oublier que la pandémie n'est pas terminée. Sans contredire la situation réelle, essayons d'utiliser autant que possible les biens culturels se trouvant peut-être même à portée de main. Allons donc voir les concerts en nous conformant au régime sanitaire approprié, écoutons de la musique.
Lors du confinement, il était possible de participer à des événements sur Internet, comme pour le concert mémorable organisé par le Metropolitan Opera de New York. Ce type de retransmission audio et vidéo en direct est toujours pratiqué en raison de la jauge réduite dans les salles, comme pour le récent festival Chopin et l'Europe à Varsovie, ou bien les captations sont disponibles en ligne après le festival, comme pour celui de Salzbourg. Cependant, certains festivals ont réussi à maintenir des éditions adaptées au contexte, grâce à quoi on a pu aller voir des concerts vivants, que ce soit, par exemple pour la France au Festival Pablo Casals, ou encore à celui de La Roque d'Anthéron, tandis que d'autres auront lieu en cette fin d'été et à l'automne, comme Royaumont ou Ambronay.
Si le rôle du mélomane consiste à soutenir les artistes, que ce soit par l'achat de disques ou de billets de concerts et spectacles, celui de l'artiste est de susciter les plus belles émotions chez l'auditeur et le spectateur, et ainsi, en quelque sorte, de rendre le monde meilleur. Le mélomane pleure avec les musiciens autant qu'il rit avec eux.
Étant donné que la situation est exceptionnelle et tout à la fois si grave pour les musiciens empêchés de jouer ou chanter, et qu'on ne sait pas combien de temps elle durera, plus que jamais faisons-leur savoir que nous avons besoin d'eux et aidons-les afin qu'ils ne changent pas de travail, comme cela a pu malheureusement être le cas pour certains dont le désespoir était si grand. Pensons à ceux qui n'ont pu exercer leur métier depuis de longs mois. Retournons les voir et les écouter dès que nous en aurons l'occasion.
Il est possible, nous y croyons sincèrement, de trouver des côtés positifs même dans les moments les plus difficiles. Les chanteurs d'opéra peuvent par exemple se perfectionner dans les mélodies dont beaucoup restent inédites. Il y a toujours autant de bijoux à nous faire découvrir ! Pour les instrumentistes, qu'ils se sentent invités à former des ensembles permettant de jouer de la musique de chambre. Voire de jouer certaines œuvres en petite formation, comme à Lucerne cet été. Pourvu de continuer à créer, à jouer et de l'autre côté à écouter, à regarder.