Cet après-midi avait lieu au ministère de la Culture la passation de pouvoir entre Stéphane Lissner et Alexander Neef, le nouveau directeur général de l'Opéra de Paris. L'occasion pour la ministre de la Culture Roselyne Bachelot de rappeler qu'il y a urgence à trouver un modèle de fonctionnement soutenable pour l'établissement « exsangue », qui se trouve dans une tempête qui n'a rien à envier à celle du Vaisseau fantôme, selon ses termes. Roselyne Bachelot souhaite une « transformation profonde », tandis que Stéphane Lissner évoque la difficulté de fonctionner face aux aléas avec un financement public en dessous de 50%. Une tâche de grande ampleur donc, pour laquelle la ministre a sollicité le conseil d'administration de l'Opéra afin qu'il accompagne et soutienne sa volonté de changement. La ministre annonce également confier une mission de réflexion et « de confiance » à Georges-François Hirsch et Christophe Tardieu, tous deux ayant l'expérience de l'administration d'institutions culturelles, afin qu'ils posent pour la mi-novembre un diagnostic « sans concession » (selon la ministre) sur la situation, en envisageant toutes les évolutions utiles qui pourraient être faites, dans tous les domaines. Il faut dire que la charge sera déjà lourde pour Alexander Neef qui arrive en poste aujourd'hui, de façon anticipée, voire « acrobatique » dit-il, et en pleine crise sanitaire. Celui-ci souhaite renouer le lien avec le public et mettre l'innovation au cœur de son projet, en prenant en compte la diversité de la société sur scène et dans la salle. Mais pas question de révolution, plutôt d'évolution, a souligné prudemment le nouveau directeur, afin d'inscrire sa démarche dans le XXIᵉ siècle, et pas seulement dans le star-system et la mondialisation.
Stéphane Lissner, qui va rejoindre Naples, a tenu à citer les grands artistes avec qui il a pu travailler en France : Pierre Boulez, Patrice Chéreau, Daniel Barenboim (qui dirigera La Dame de Pique cette saison) et a rappelé que les chanteurs lui avaient toujours été fidèles. Revenant sur les difficultés de l'Opéra de Paris depuis les attentats de 2015, il a émis le souhait que le déménagement des ateliers Berthier se poursuive et que le projet de la salle modulable aboutisse enfin, et surtout que l'Opéra puisse garder les moyens de produire pour exister.
La ministre n'oublie pas les 40 théâtres lyriques français souhaitant une synergie entre les maisons fragilisées par la crise. Pour se faire, elle confie à Caroline Sonrier, directrice générale et artistique de l'Opéra de Lille, la direction d'une commission chargée de dresser un état des lieux de la production lyrique en France. (NF)
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