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L’Auditorium de Radio France retrouve ses percussions avec Pascal Rophé

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Paris. Auditorium de Radio France. 4-VII-2020. Edgard Varèse (1883-1965) : Ionisation, pour un pianiste et 13 percussionnistes. Philippe Schoeller (né en 1957) : Archaos Infinita I & II, pour 12 percussionnistes. Giacinto Scelsi (1905-1988) : Rotativa, pour deux pianistes et 13 percussionnistes. Yan Maresz (né en 1966) : Festin, pour 12 percussionnistes. Percussionnistes de l’Orchestre National de France et de l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Catherine Cournot & Franz Michel, piano. Direction : Pascal Rophé

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Apparu avec le cycle Le Temps Retrouvé, le concert #8 permet de réentendre en live, et cette fois en public, quatre œuvres modernes pour percussions sous la direction de Pascal Rophé.

pascal rophe cc Marc Roger
À peine le confinement levé, Radio France a proposé un nouveau cycle pour permettre à la musique de revivre en live. Début juin, le premier concert du Philharmonique de Radio France dirigé par Kent Nagano se jouait à huis-clos, tout comme le suivant, cette fois de l' dirigé par Daniele Gatti. Puis fin juin, une nouvelle étape de déconfinement permit à l'Auditorium de recevoir à nouveau du public, en respect de normes sanitaires drastiques, donc avec une jauge réduite de plus de moitié.

Le huitième concert du cycle, premier intégralement constitué d'œuvres résolument modernes, s'inscrit dans cette continuité. Il est interprété devant public par les percussions du Philharmonique de Radio France et du National de France, ainsi que par deux pianistes maison, tous sous la direction de Pascal Rophé. Les treize percussionnistes sont donc en scène au milieu de six cents spectateurs lorsque entre le chef, à son habitude sans plastron ni cravate, en simples chemise et costume de cadre dynamique, pour aborder l'un des plus grands chefs-d'œuvre du XXe siècle. Ionisation de Varèse s'annonce par les gongs et cymbales, puis immédiatement par sa sirène si spécifique, référente à l'œuvre du compositeur. Rophé y tient une battue précise sans être trop cadencée, tandis que les musiciens des deux orchestres montrent leur rigueur et la qualité de leur préparation. À la caisse claire et au tambour militaire s'ajoutent le piano percussif de et de nombreuses percussions, orientales ou exotiques, une quarantaine en tout, toujours parfaitement intégrées à l'ensemble. À deux minutes, la belle explosion ne présente aucun excès d'énervement et préserve la parfaite maîtrise des intervenants.

Percussion Radio France RophéMoins célèbre, Archaos Infinita I & II de est proposée ensuite, au risque de perturber une partie de l'audience, qui en accord avec le programme de salle envoyé par email attendait d'abord Scelsi. Et précisément, rarement une pièce de Schoeller n'a paru aussi proche du travail des spectraux, puisqu'elle lui a été inspirée par une partition de Grisey lui-même. Doucement, les douze percussionnistes font donc évoluer le spectre de la partie I par de fines variations, tout juste ponctuées parfois d'un coup d'archet sur la lame d'un xylophone. La seconde partie change de style comme d'intensité, plus proche cette fois du travail d'un Xenakis, toujours bien encadrée par le geste de Rophé. Puis la Rotativa de Scelsi se lance, dans une forme non définitive pour le compositeur, celle à deux pianos et percussions. L'ouvrage est celui d'un jeune étudiant fougueux de vingt-quatre ans ; il est encore tonal et rappelle la France des années 30 ou le motorisme des Russes déjà pressurisés par Staline. Le temps y est toujours maintenu dans son cadre par le chef, tandis qu'on remarque le parfait accord des deux pianistes dans leurs rythmiques jazzies, et .

La plus longue pièce du programme vient aussi le clôturer, il s'agit du Festin de Yann Maresz, créée en 1999 à Aix-en-Provence. Comme pour la partition de Schoeller, douze percussionnistes sont requis, mais cette fois les xylophones et glockenspiels sont d'abord très prégnants. Ils colorent l'atmosphère de sons cristallins, avant une partie plus calme dans laquelle le timbalier reprend de l'importance, ainsi que les cloches et les gongs de toutes sortes. Les cassures rythmiques se succèdent avec la même rigueur de jeu de la part des musiciens et du chef, jusqu'à une phase conclusive martiale, dans laquelle on ne peut que voir l'importance de l'influence du Sacre sur toute la musique du XXe siècle. Par le choix des partitions, la concentration et le silence de l'audience et par son format d'une heure sans entracte, ce type de concert ouvre peut-être la voie aux programmations du futur.

Crédits photographiques : Portrait © Marc Roger ; Répétition © Radio France

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