Metteur en scène, directeur de l'Opéra national de Paris de 2009 à 2014, Nicolas Joel est décédé à l'âge de 67 ans, nous apprend le Théâtre du Capitole de Toulouse dont il avait été directeur de 1990 à 2009.
Nicolas Joel laisse d'abord le souvenir de sa longue période de direction au Capitole (1990-2009), théâtre qui ne l'a certes pas attendu pour avoir une réputation flatteuse, mais qu'il a illustré surtout par le soin avec lequel il a su composer ses distributions, avec quelques belles découvertes. Parmi ses mises en scène toulousaines citons Les Maitres-chanteurs, La Flûte enchantée, Don Carlo, La Femme sans ombre. En 2004, il rouvre le théâtre avec Jenůfa, après la rénovation de la cage de scène et plus d'un an de travaux. Avant de devenir administrateur culturel, Joel était d'abord metteur en scène, souvent sur de grandes scènes et pour de grands chanteurs (La Rondine pour la Scala, Aida à Zurich, Eugène Onéguine, Werther…) avec un style classique qui charmait l'œil mais qui ne dépassait parfois pas l'aspect purement illustratif. C'est cependant son expérience toulousaine qui justifie sa nomination à la direction de l'Opéra de Paris par le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres.
Nommé pour succéder à Gerard Mortier à partir de 2009, Nicolas Joel représentait un virage esthétique radical. Un AVC un an avant son entrée en fonction l'avait laissé diminué, et il avait dû réduire durablement ses activités ; la Mireille de Gounod qui a ouvert son mandat dans sa propre mise en scène avait valeur de manifeste, et l'échec du spectacle s'est révélé n'être que le prélude à une longue série dont le Faust mis en scène par Jean-Louis Martinoty et la Manon confiée à Coline Serreau sont sans doute les exemples les plus marquants. Dans une maison plus vraiment dirigée, le désarroi s'est vite installé, d'autant qu'on peut difficilement se défaire de l'impression que les objectifs commerciaux de la maison prenaient le pas sur l'ambition artistique – le rôle de Christophe Tardieu, partisan du développement de l'Opéra comme une marque de luxe, est sans doute plus direct que celui de Nicolas Joel, mais les conséquences de cette période sont encore visibles aujourd'hui. Initialement candidat à sa propre succession, Joel finit par renoncer au terme de la saison 2013-2014, un an avant la fin de son mandat. (DA)
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