Lorsque les instruments à clavier se mêlent aux violes dans les consorts anglais
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Œuvres de Giovanni Coperario (ca1580-1626), William Lawes (1602-1645), Claudio Monteverdi (1567-1643), Christopher Simpson (1610-1669), Alfonso Ferrabosco II (ca1575-1628), John Ward (1571-1638), John Jenkins (1592-1678), John Deering (ca1580-1630), William White (1571-1634). L’Achéron ; direction : François Joubert-Caillet. 1 CD Ricercar. Enregistré en octobre 2019. Livret trilingue (anglais, français, allemand). Durée : 66:40
RicercarAprès le CD consacré aux Fantaisies d'Orlando Gibbons qui lui avait valu une Clef Resmusica, l'ensemble L'Achéron, conduit par François Joubert-Caillet, revient à la musique anglaise pour consort de violes, et s'adjoint le concours d'un orgue positif et d'un virginal.
En 1676, à Londres, parait un ouvrage intitulé Musick's monument où l'auteur, Thomas Mace, s'applique à dresser un état des lieux de la musique britannique au milieu du XVIIᵉ siècle. Toute une partie de cet ouvrage concerne la pratique du consort de violes, formation typiquement anglaise. C'est en s'inspirant des sources de l'époque que L'Achéron a fait construire par le luthier Arnaud Giral six violes propres à rendre au mieux ce répertoire, dont l'enregistrement des Fantaisies de Gibbons nous a donné un premier aperçu. « L'étape suivante était d'ajouter à nos violes les claviers qui leur correspondent », nous dit François Joubert-Caillet. En effet, la présence des instruments à clavier au sein des consorts de violes est attestée dans l'ouvrage de Mace, qui écrit à propos de l'orgue : « Il est une pierre de touche pour tester la solidité des choses », en particulier pour assurer la stabilité de l'accord. Le clavecin, lui, serait plus approprié pour les morceaux « joyeux, vifs et enjoués ». L'orgue construit par Dominic Gwyn s'inspire des petits orgues domestiques courants en Angleterre à l'époque. Ses tuyaux en bois se mêlent parfaitement à la sonorité des violes. Quant au virginal construit par Jean-François Brun, il a un son nasal qui se mélange bien au frottement des cordes des violes.
Le programme de cet enregistrement nous offre un panorama de la polyphonie anglaise de la première moitié du XVIIᵉ siècle, dans un style madrigalesque directement venu d'Italie. On y entend d'ailleurs un madrigal du Troisième Livre de Monteverdi, et l'articulation des violes est si parfaite qu'il nous semble distinguer des paroles. D'une écriture différente des fantaisies à six, la pièce de Jenkins intitulée Newark Seidge, est une musique descriptive en forme de bataille, que la présence du virginal colore et dynamise. Dans l'ensemble, les instruments à clavier joués colla parte se mêlent si bien à la sonorité des violes qu'il faut parfois tendre l'oreille pour s'assurer de leur présence. Si l'on peut dire d'un consort de violes de qualité qu'il sonne comme un orgue, en référence à l'homogénéité des timbres, c'est bien le cas de L'Achéron. C'est encore plus flagrant ici, quand l'orgue se mêle ainsi aux violes. Trois courts moments nous permettent d'entendre les instruments à clavier sonner seuls, dans des improvisations sur des thèmes de l'époque. Le sommet est une improvisation sur un Ground de Simpson jouée conjointement à l'orgue et au virginal, où Philippe Grisvard et Yoann Moulin font assaut d'inventivité dans un parfait d'équilibre.
Comme toujours chez Ricercar, le livret nous offre des informations indispensables pour mieux comprendre la démarche des musiciens qui nous font partager leurs découvertes.
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Œuvres de Giovanni Coperario (ca1580-1626), William Lawes (1602-1645), Claudio Monteverdi (1567-1643), Christopher Simpson (1610-1669), Alfonso Ferrabosco II (ca1575-1628), John Ward (1571-1638), John Jenkins (1592-1678), John Deering (ca1580-1630), William White (1571-1634). L’Achéron ; direction : François Joubert-Caillet. 1 CD Ricercar. Enregistré en octobre 2019. Livret trilingue (anglais, français, allemand). Durée : 66:40
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