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L’arte di diminuire. Œuvres de Francesco Rognoni (1570-1626), Biagio Marini (1594-1663), Marco Uccellini (1603-1680), Johannes Hieronymus Kapsberger (1580-1651), Girolamo dalla Casa (15?-1601), Salomone Rossi (c.1570-1630). L’Estro d’Orfeo : Rodney Prada, viole de gambe ; Josep Maria Marti, théorbe et guitare baroque ; Javier Nunez, clavecin et orgue ; Ignacio Ramal, violon ; Leonor de Lera, violon et direction artistique. 1 CD Challenge Records. Enregistré en Italie en octobre 2019. Livret anglais/français. Durée : 69:13
Challenge RecordsPour son deuxième CD, l'ensemble espagnol L'Estro d'Orfeo, réuni autour de la violoniste Leonor de Lera, nous propose une illustration de l'art de la diminution comme il était pratiqué dans l'Italie du début du XVIIᵉ siècle.
Si l'art baroque est l'art de la courbe et de la contre-courbe, la meilleure représentation musicale en est l'art de la diminution. Cela consiste à improviser (où à écrire) l'ornementation d'une mélodie en remplissant l'intervalle entre deux notes longues par des guirlandes de notes plus courtes qui tournent autour de la mélodie originale. Vers 1600 en Italie, les compositeurs s'emparent des madrigaux de la Renaissance qu'ils transforment en une version instrumentale richement ornée de ces passaggi virtuoses. À la même époque fleurissent les traités de diminutions, qui offrent de véritables catalogues de formules de remplissage des intervalles et d'ornementation des cadences, précieux témoignages sur les pratiques musicales de l'époque.
Dans cet enregistrement, les cinq musiciens alternent des exemples de chansons ou de madrigaux diminués par les compositeurs eux-mêmes et des diminutions sur des thèmes et danses traditionnels, comme la Romanesca, la Bergamasque ou la Folia. Certaines de ces diminutions sont composées par les interprètes eux-mêmes et permettent d'apprécier successivement la virtuosité de chaque instrument, puisqu'il est précisé dans les traités que les formules de diminutions sont applicables « à toutes sortes d'instruments ».
La plupart des passaggi sont écrits pour la voix supérieure d'un madrigal, et c'est ici le violon de Leonor de Lera qui y fait merveille. Mais d'autres sont prévus dans le style dit alla bastarda, qui signifie que les diminutions passent d'une voix à l'autre. Pour la basse, l'instrument idéal pour illustrer cette technique est la viola bastarda, dont ce programme nous donne deux beaux exemples (de Francesco Rognoni et Girolamo dalla Casa) joués par Rodney Prada. Dans les diminutions sur Usurpator tiranno de Sances, le violon improvise sur la mélodie pendant que le clavecin et le théorbe brodent alternativement sur la ligne de basse. On appréciera aussi les variations sur La Folia de Kapsberger jouées au théorbe par Josep Maria Marti, ainsi que les diminutions écrites pour le clavecin par Javier Nunez sur une chanson d'Arcadelt. Quant à la Tarentella finale, c'est un feu d'artifice, où l'inventivité du violon de Leonor de Lera s'exprime en toute liberté au-dessus d'un opulent tapis sonore, où chaque musicien prend la parole à son tour comme dans un bœuf de jazz. Ce disque riche en couleurs est une parfaite illustration de la rhétorique instrumentale baroque.
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L’arte di diminuire. Œuvres de Francesco Rognoni (1570-1626), Biagio Marini (1594-1663), Marco Uccellini (1603-1680), Johannes Hieronymus Kapsberger (1580-1651), Girolamo dalla Casa (15?-1601), Salomone Rossi (c.1570-1630). L’Estro d’Orfeo : Rodney Prada, viole de gambe ; Josep Maria Marti, théorbe et guitare baroque ; Javier Nunez, clavecin et orgue ; Ignacio Ramal, violon ; Leonor de Lera, violon et direction artistique. 1 CD Challenge Records. Enregistré en Italie en octobre 2019. Livret anglais/français. Durée : 69:13
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