Fin de l’intégrale des Symphonies de Sibelius par le Hallé Orchestra et Mark Elder
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Jean Sibelius (1865-1957) : Symphonies n° 4 et n° 6. Hallé Symphony Orchestra ; direction : Sir Mark Elder. 1 CD Hallé. Enregistré les 2 & 3 août 2018 (n° 4) et les 9 et 10 janvier 2019 (n° 6) au Bridgewater Hall, Manchester. Livret en anglais, français et allemand. Durée : 70:03
HalléDernier enregistrement de l'intégrale des symphonies de Sibelius par Sir Mark Elder, cette nouvelle parution regroupe les Symphonies n° 4 et n° 6, et permet d'entendre l'évolution du Hallé Orchestra dans l'œuvre du compositeur finlandais, un demi-siècle après son interprétation de référence sous la direction de Sir John Barbirolli.
Consacré au deux symphonies les plus complexes à aborder de Sibelius, le nouvel enregistrement de Sir Mark Elder à la tête de son Hallé Orchestra, depuis maintenant dix-neuf ans, est aussi, sans doute, le meilleur des quatre volets. Car loin de l'approche plus vitale de Barbirolli, directeur musical dont la formation mancunienne porte toujours la trace, c'est avec une véritable mise en balance du temps qu'Elder porte son propos.
La Symphonie n° 4 op. 63 prend ici quarante minutes, quand elle est souvent traitée en à peine trente-cinq par la majorité des chefs. Le développement du premier thème par les violoncelles annonce la peur et plus encore l'isolement, d'un compositeur qui vient juste à l'époque d'être opéré d'une tumeur à la gorge, et se sèvre maintenant de cigare et d'alcool. Tout le traitement d'Elder se montre à l'opposé de la plupart des chefs actuels, pour le moment plus occupés par les symphonies les plus dynamiques, les n° 1, 2, 5 et 7, que reprendra Leonard Bernstein chez DG après sa première intégrale CBS. Elder pose à l'inverse le climat sombre, à la manière d'un adagio de Chostakovitch, sans rien exagérer.
Passé le premier mouvement, l'Allegro molto vivace n'est pas le répit habituel, car si certains pourront le trouver trop peu vivace, il maintient cependant le climat contraint exposé dès le début, tout juste éclairé par les superbes bois de l'une des plus belles formations d'Outre-Manche, trop méconnue à l'étranger aujourd'hui. La flûte solo ne parvient pas plus par sa luminosité à sortir le troisième mouvement, Il tempo largo, de ses penchants glacés, renforcés par les tempi très larges du chef, avant que l'on ne se noie dans la profondeur des hautbois vers 7'30, parfaitement mis en valeur dans l'acoustique très équilibrée du Bridgewater Hall. Le dernier mouvement Allegro suit la même ligne, sans aucune mise en avant surfaite, bien que le carillon brille de tous ses feux. Comme aux mouvements précédents, la coda s'interrompt en plein milieu sur un son mat, avec un goût d'inachevé très bien retranscrit.
D'une toute autre atmosphère, la Symphonie n° 6 op. 104 garde de nombreuses caractéristiques du jeu d'Elder évoqué plus haut. Ici aussi le tempo s'y affiche très lent, dès l'introduction par les cordes de l'Allegro molto moderato. Symphonie aux abords plus souples et plus lyriques que les autres, c'est aussi souvent la moins réussie des intégrales ou morceaux d'intégrales des chefs, sauf chez Guennadi Rojdestvensky, qui offre à l'inverse chez Melodiya le Poco vivace le plus accompli de la discographie. Sir Mark Elder y maintient un temps long, mais livre pourtant lui aussi ce mouvement médian avec un très bon agencement du rythme, auquel la harpe apporte une superbe couleur. Son ample coda trouve un style un peu lourd, mais marque bien les chromatismes de cette partie. Le Finale ressort ensuite plus par ses contrebasses rauques que par sa liberté, bien porté aussi par les bois et la harpe. Pensive et lascive, la coda clôture d'une très belle manière la fin de l'œuvre, comme la fin de cette nouvelle intégrale du Hallé Orchestra.
Pour ces deux œuvres sinon, en plus de Rojdestvensky sur la n° 6 et de Kurt Sanderling sur la n° 4, qu'il faut forcément connaître, profitons de cet enregistrement pour rappeler le couplage identique à cet album, avec une version bien trop méconnue de l'une des Quatirème les plus noires de la discographie : celle de Herbert Kegel, maintenant disponible chez le label Eterna.
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Jean Sibelius (1865-1957) : Symphonies n° 4 et n° 6. Hallé Symphony Orchestra ; direction : Sir Mark Elder. 1 CD Hallé. Enregistré les 2 & 3 août 2018 (n° 4) et les 9 et 10 janvier 2019 (n° 6) au Bridgewater Hall, Manchester. Livret en anglais, français et allemand. Durée : 70:03
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