Matthias Goerne et Jan Lisiecki donnent un superbe récital de lieder de Beethoven
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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : 6 Lieder op. 48 ; Resignation WoO 149 ; An die Hoffnung op. 32 ; Gesang aus der Ferne WoO 137 ; Maigesang op. 52 n° 4 ; Der Liebende WoO 139 ; Klage WoO 113 ; An die Hoffnung op. 94 ; Adelaide op. 46 ; Wonne der Wehmut op. 83 n° 1 ; Das Liedchen von der Ruhe op. 52 n° 3 ; An die Geliebte WoO 140 ; An die ferne Geliebte op. 98. Matthias Goerne, baryton. Jan Lisiecki, piano. 1 CD Deutsche Grammophon. Enregistré au studio Teldex à Berlin en juillet 2019. Textes en allemand et anglais. Durée : 69:13
Deutsche GrammophonLe 250e anniversaire de la naissance du maître de Bonn est une bonne occasion de valoriser une part un peu négligée de son legs prodigieux. Les 80 lieder de Beethoven n'ont jamais trouvé la place qu'ils méritent dans le cœur des mélomanes. L'interprétation de Goerne et de Lisiecki donne à réfléchir à cet étonnant désamour.
Qu'est-ce donc qui manque à ces lieder ? Ce ne sont pas des œuvres de jeunesse, Beethoven les a écrits tout au long de sa vie. On ne peut pas les taxer de joliesse, ni de superficialité. Ce n'est pas non plus faute d'avoir été servis par les plus grands chanteurs, dont les mythiques Dietrich Fischer-Dieskau et Hermann Prey. Matthias Goerne apporte maintenant sa pierre à l'édifice, avec sa voix sombre et souple et son art de diseur remarquable. Jan Lisiecki l'accompagne d'un jeu perlé et enthousiaste, dans une très belle communauté d'intention.
Dans le premier groupe des six Lieder de l'opus 48, Goerne et Lisiecki nous invitent à une méditation métaphysique sur des thèmes religieux, dans l'admiration des éléments naturels. La rigueur de Goerne, son exigence de sens se marient bien avec la pétulance de son jeune accompagnateur. Die Ferne Geliebte est considéré comme le premier cycle de lieder de l'histoire de la musique, et ne précède Die Schöne Mullerin de Schubert que de cinq ans. Déjà tous les ingrédients d'un grand cycle sont là. Le héros confronte ses sentiments à la description de la nature : ruisseau, rochers, nuages, primevères portent ou suscitent soupirs, espoirs, rêves, mais pas la désespérance. Notre duo exprime admirablement ces interférences, ces reflets réciproques entre l'âme et la nature, aussi bien les rêves évanescents où Goerne émet des pianissimi sublimes, que les emportements à la limite de la violence. Mais le sommet de ce récital est sans doute le lied Adelaide, où Goerne parcourt en quelques strophes toute la nature visible et tous les sentiments de l'homme amoureux, avant de finir sa course épuisé, réduit en cendres. Ce seul lied fonctionne comme un cycle interne, comme une mise en abyme de tous les émois sentimentaux romantiques, et de toute l'humanité beethovénienne. Une merveille.
C'est du grand Beethoven que nous révèle ce disque admirable, même miniaturisé dans la forme un peu exiguë du lied. Espérons que ces excellents interprètes aideront à faire sortir de l'ornière ces joyaux du répertoire.
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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : 6 Lieder op. 48 ; Resignation WoO 149 ; An die Hoffnung op. 32 ; Gesang aus der Ferne WoO 137 ; Maigesang op. 52 n° 4 ; Der Liebende WoO 139 ; Klage WoO 113 ; An die Hoffnung op. 94 ; Adelaide op. 46 ; Wonne der Wehmut op. 83 n° 1 ; Das Liedchen von der Ruhe op. 52 n° 3 ; An die Geliebte WoO 140 ; An die ferne Geliebte op. 98. Matthias Goerne, baryton. Jan Lisiecki, piano. 1 CD Deutsche Grammophon. Enregistré au studio Teldex à Berlin en juillet 2019. Textes en allemand et anglais. Durée : 69:13
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