Delyana Lazarova, victorieuse, et Chloé Dufresne, finaliste de la Siemens Hallé International Conductors Competition
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Lors de la Siemens Hallé Conductors Competition de Manchester, deux femmes ont atteint la phase finale, la française Chloé Dufresne et la bulgare Delyana Lazarova. Victorieuse du concours, cette dernière est donc promue pour les deux prochaines années assistante du Hallé Orchestra et de Sir Mark Elder.
ResMusica : Delyana Lazarova, vous venez de gagner la Siemens Hallé Competition, quel sont vos impressions ?
Delyana Lazarova : J'avais déjà fait des compétitions et notamment une l'an passé, mais jamais de ce format. C'était quelque chose de très spécial, car ça n'a jamais vraiment ressemblé à une compétition. Cette fois, nous étions tous ensemble pendant plusieurs jours, donc nous avons eu le temps de nous connaître avec les autres chefs, et de ressentir des liens forts. Avec mes collègues, cela a été une magnifique expérience, plus qu'un réel concours où tout le monde est véritablement concurrent.
RM : Ce concours vous fait gagner la place d'assistante du Hallé Orchestra pendant deux ans, comment voyez-vous cette collaboration ?
DL : Honnêtement, je n'y ai pas beaucoup réfléchi, car forcément pendant la compétition, avec toutes les œuvres à travailler, vous êtes beaucoup plus concentrée là-dessus que sur un éventuel futur avec l'orchestre. Artistiquement, cela est très prometteur pour moi et je vais tenter de donner tout ce que je peux pour offrir le meilleur de moi-même auprès de cette nouvelle famille.
« Le son de l'orchestre et tout ce qu'il donne est extrêmement inspirant. »
RM : Musicalement, comment avez-vous trouvé cet orchestre et ses caractéristiques ?
DL : Le son de l'orchestre et tout ce qu'il donne est extrêmement inspirant. En répétition puis ensuite pendant la finale, j'ai eu des impressions fantastiques. Les musiciens attendent tout de suite de vous de savoir dans quelle direction aller, il n'y a jamais besoin de retravailler des parties sur des points strictement qualitatifs. Ce qu'ils apportent aux œuvres est impressionnant et il faudra que j'apprenne à m'en servir.
RM : Et avec l'orchestre des jeunes, dont vous devenez cheffe principale ?
DL : J'ai beaucoup apprécié la façon dont ils me répondaient, malgré le fait qu'ils avaient déjà eu juste avant moi plusieurs autres chefs candidats devant eux. Ils sont tellement malléables et tellement rapides que j'en ai été très surprise. Maintenant, je dois vraiment voir avec eux quel répertoire nous allons travailler et proposer ensemble lors des concerts à venir pendant ces deux années.
RM : Quel est votre répertoire principal ?
DL : Mon répertoire favori est le répertoire allemand, ainsi que le répertoire slave en général. L'Ouverture de La Forza del Destino jouée pendant la finale est quelque chose que je n'avais jamais fait auparavant, mais c'est aussi très intéressant à diriger. Nous allons devoir travailler de nombreux ouvrages !
RM : Chloé Dufresne, nous vous avions découvert au Tremplin de la Philharmonie de Paris et vous êtes aujourd'hui arrivée finaliste de la Siemens Hallé Competition.
Chloé Dufresne : C'est en effet ma troisième compétition, après le Tremplin de la Philharmonie de Paris et Donatella Flick il y a deux ans. C'est la première fois que j'arrive en finale, ce qui représente beaucoup de pression. Une pression que je me mets avant tout moi-même, en plus du fait que l'on dirige pendant trois jours, pendant lesquels il faut rester très concentrée. On apprend beaucoup sur nous dans ces moments, notamment sur le fait, comme me l'a redit Mark Elder, qu'il faut que je me fasse plus confiance. Cela vient aussi avec l'expérience, et il faut sans doute réussir à oublier un peu notre éducation française et cette culture de l'excellence, qui ajoute une pression inutile.
« On apprend beaucoup sur nous dans ces moments. »
RM : Les trois œuvres interprétées en finale était-elles choisies ou imposées ?
CD : Elles étaient imposées, et clairement je n'aurais jamais choisi Coriolan, car c'était la première fois que je travaillais et étudiais cette ouverture. Donc je ne l'avais pas du tout dans le corps et aurais été beaucoup plus à l'aise avec l'Ouverture de Der Freischütz, qui correspond beaucoup plus par les couleurs, à l'attention que je porte au son. En même temps, cela servira pour la suite.
Le Sea Interludes de Britten me convient mieux, même si ce morceau est très difficile et un peu ingrat, à porter sur un fil qui n'autorise aucune erreur. Malgré les imperfections techniques que j'ai remarquées de ma direction dans Britten, je suis vraiment contente du son obtenu. Mais en trente-cinq minutes de répétitions, il est évidemment très compliqué d'arriver à obtenir exactement ce que l'on veut.
RM : Maintenant, comment voyez-vous la suite ?
CD : Je passe mon diplôme en septembre avec un Requiem de Verdi à Helsinki, devant l'orchestre de la Sibelius Académie. Puis j'ai un concert avec Pasdeloup en octobre à la Seine Musicale, en plus du projet de Voyage dans la Lune du CFPL. Il y a donc plusieurs productions dans plusieurs maisons d'opéras dans les années à venir. Concernant les concours, je pourrais en repasser, mais il faut que les dates correspondent à mon agenda et que le répertoire me convienne. Dans un premier temps, un poste de cheffe assistante m'intéresserait particulièrement.