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Paris. Opéra Comique, Salle Favart. 24-II-2020. François-Adrien Boieldieu (1775-1834) : La Dame blanche, opéra-comique en trois actes, sur un livret d’Eugène Scribe, d’après les romans de Walter Scott, Le Monastère et Guy Mannering. Mise en scène : Pauline Bureau. Collaboratrice : Valérie Nègre. Décors : Emmanuelle Roy. Costumes : Alice Touvet. Lumières : Jean-Luc Chanonat. Vidéo : Nathalie Cabrol. Magie : Benoît Dattez. Dramaturgie : Benoîte Bureau. Avec : Philippe Talbot, Georges Brown ; Elsa Benoit, Anna ; Sophie Marin-Degor, Jenny ; Jérôme Boutillier, Gaveston ; Aude Extrémo, Marguerite ; Yann Beuron, Dickson ; Yoann Dubruque, Mac-Irton ; Matthieu Heim, Un paysan ; Stephan Olry, Vincent Billier, Jean-Baptiste Henriat, Gens de justice ; Alban Guyon, Gabriel ; Lionel Codino, Comédien. Chœur Les Éléments (chef de choeur : Joël Suhubiette). Orchestre Orchestre National d’Île-de-France ; direction musicale : Julien Leroy
Quatrième plus grand triomphe dans l'histoire de l'Opéra Comique, La Dame Blanche de Boieldieu réapparaît cette saison dans son lieu de naissance, à la faveur d'une distribution française enthousiaste et d'une mise en scène jouant avec facilité des éléments surnaturels du livret de Scribe.
Elle aura 200 ans dans cinq ans, mais La Dame Blanche fête surtout, avec cette reprise parisienne, sa 1700ᵉ représentation à la Salle Favart. Créée en 1825 sur un livret d'Eugène Scribe, agencé autour de deux ouvrages principaux de Walter Scott (Guy Mannering pour l'idée de l'héritier retrouvé et Le Monastère pour l'héroïne d'Avenel), le dernier opéra de Boieldieu est aussi son plus grand succès. Repris très régulièrement tout au long du XIXᵉ siècle, l'ouvrage disparaît finalement en 1926, pour ne revoir les lieux qu'en 1997, sous la direction de Marc Minkowski, avec une distribution différente de celle immortalisée par Erato un an plus tôt.
Absent à nouveau plus de vingt années, l'opéra retrouve donc cette saison la salle de la Place Boieldieu. La mise en scène de Pauline Bureau cherche, dans la simplicité, à imager l'Écosse et le territoire d'Avenel, par un décor d'Emmanuelle Roy d'abord fait d'un grand pan de mur de château médiéval, puis du salon d'une maison de nobles, et enfin d'une partie de chapelle abandonnée, accolée à un grand escalier d'intérieur. Des vidéos s'intègrent pour élargir l'espace, et présenter dès l'ouverture, un peu à la façon d'un mauvais Kaamelott, l'ombre dansante de la dame blanche sur son domaine. Les costumes classiques d'Alice Touvet ne recherchent aucune nouveauté, tandis que la proposition gagne surtout en surnaturel par le traitement soigné des lumières de Jean-Luc Chanonat, ainsi que par les éléments de magie préparés par Benoît Dattez, à commencer par la lettre du fantôme, qui s'enflamme dans les mains du soldat juste après qu'il l'eut récitée.
Pour Anna et la Dame Blanche, on retrouve Elsa Benoit, une artiste découverte avec un autre livret de Scribe, pour Le Comte Ory du concurrent Rossini, à Munich en 2015, dans une maison d'opéra dont elle fait partie depuis quatre saisons. La jeune soprano aura pu décevoir ceux qui attendait un grand bel canto à la française, car au lieu de rechercher la Dame du Lac qui hantait les nuits de Boieldieu, admiratif du travail de Rossini, Elsa Benoit trouve le pendant d'Agathe du Freischütz, ces deux opéras ayant été adaptés pour Paris dès 1824. Très à l'aise sur les coloratures, elle explose dans son superbe duo de l'acte II. Philippe Talbot pour Georges Brown, très agile, joue avec les notes contre, jusqu'à un splendide contre-ré lors du même duo, et affiche un timbre léger et un style souple, tant dans les airs qu'aux ensembles.
Beaucoup moins ténor léger que celui attendu pour le rôle, Yann Beuron offre presque une voix barytonnante pour camper le paysan Dickson, avec le mérite de bien le différentier du soldat George Brown, en réalité Julien, héritier du domaine d'Avenel. Sa femme, Jenny, offre à Sophie Marin-Degor un beau duo avec le noble ténor, en plus d'une ballade parfaitement gérée dans son lyrisme et sa douce nostalgie. Aude Extrémo trouve dans l'air d'entrée de l'acte II, l'occasion de développer une belle palette sombre dans le bas médium. Jérôme Boutillier se montre face à eux un Gaveston plus sournois que noir, amusant acteur, quand on préfère le contrôle et la projection à l'importante stature du juge Mac-Irton de Yoann Dubruque.
A cette distribution s'accorde le chœur de chambre Les Éléments, très bien préparé par Joël Suhubiette, dont on comprend presque tout dès la première scène de foule, ainsi que l'Orchestre national d'Ile-de-France, dont les timbres, un peu rêches aux cordes, sont sans doute à mettre en partie sur le compte de l'acoustique de la fosse, bien compensés par la harpe cristalline et les bois clairs. Julien Leroy dirige en prononçant toutes les paroles, mais perd toutefois son plateau dans un premier trio, mis en difficulté par son éloignement scénique. Il apporte pour le reste une battue vive, qui dynamise parfaitement un spectacle d'une grande fraîcheur et d'une agréable efficacité !
Crédits photographiques © Christophe Raynaud de Lage – Opéra Comique
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Paris. Opéra Comique, Salle Favart. 24-II-2020. François-Adrien Boieldieu (1775-1834) : La Dame blanche, opéra-comique en trois actes, sur un livret d’Eugène Scribe, d’après les romans de Walter Scott, Le Monastère et Guy Mannering. Mise en scène : Pauline Bureau. Collaboratrice : Valérie Nègre. Décors : Emmanuelle Roy. Costumes : Alice Touvet. Lumières : Jean-Luc Chanonat. Vidéo : Nathalie Cabrol. Magie : Benoît Dattez. Dramaturgie : Benoîte Bureau. Avec : Philippe Talbot, Georges Brown ; Elsa Benoit, Anna ; Sophie Marin-Degor, Jenny ; Jérôme Boutillier, Gaveston ; Aude Extrémo, Marguerite ; Yann Beuron, Dickson ; Yoann Dubruque, Mac-Irton ; Matthieu Heim, Un paysan ; Stephan Olry, Vincent Billier, Jean-Baptiste Henriat, Gens de justice ; Alban Guyon, Gabriel ; Lionel Codino, Comédien. Chœur Les Éléments (chef de choeur : Joël Suhubiette). Orchestre Orchestre National d’Île-de-France ; direction musicale : Julien Leroy