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Lyon. Théâtre de la Croix-Rousse. 22-II-2020. John Adams (né en 1947) : I Was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky, pièce chantée en deux actes sur un livret de June Jordan. Mise en scène : Eugen Jebeleanu. Décors et costumes : Velica Panduru. Lumières : Marine Le Vey. Avec : Alban Zachary Legos, Dewain ; Clémence Poussin, Consuelo ; Christian Joel, David ; Axelle Fanyo, Leila ; Aaron O’Hare, Mike ; Biao Li, rick ; Louise Kuyvenhoven, Tiffany. Chanteurs et ensemble instrumental du Studio de l’Opéra de Lyon, direction : Vincent Renaud
Ouvrage atypique par excellence, que ce soit au sein de la production musicale de son compositeur John Adams, ou du paysage lyrique de manière générale, I was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky fait l'objet aujourd'hui de l'attention des chanteurs du Studio de l'Opéra de Lyon.
Créé en 1995, ce songplay (pièce chantée) ne peut être ni qualifié d'opéra, ni du genre plus populaire de la comédie musicale, et cela même s'il déploie certains codes de l'un comme de l'autre. La vingtaine de numéros musicaux s'enchaînent dans une hétérogénéité de styles effrénée : entre rythmes latino et spiritual, entre blues, jazz et rock, entre funk, soul et be-bop, agrémentés d'un peu de musique « minimaliste » pour stimuler l'écoute… C'est finalement un pastiche de deux heures qui fait ressortir peu de moments forts (le trio de femmes Song about The Bad Boys and The News ou le solo de Consuelo), et dont le peu de caractérisation des différents personnages rend difficile une quelconque identification ou empathie particulière. Pourtant les sujets abordés s'inscrivent pleinement dans les enjeux actuels de notre société.
Le traitement fait par la librettiste June Jordan en est aussi la cause. Malgré cette dimension multiculturelle et cette atmosphère urbaine inspirantes, les textes véhiculent des idées si peu originales et si convenues qu'elles rendent les saynètes bien fades : une mère de famille salvadorienne qui survit en enchaînant ménage sur ménage ; un policier raciste et homophobe se découvrant des penchants sexuels pour lui « contre-nature » ; une animatrice de télévision dont le reportage en immersion engendre un voyeurisme médiatique malsain ; un afro-américain injustement condamné qui retrouve la liberté grâce au tremblement de terre de Los Angeles en 1994 ; sans oublier l'avocat transsexuel derrière son pupitre de plaidoyer et un prêtre et sa fidèle dans un prie-Dieu « bling-bling » surmonté d'une croix en leds fluorescentes. Comme pour le souligner, Eugen Jebeleanu compartimente tout ce beau monde dans un décor unique marqué et coloré, un immeuble probablement influencé par l'esthétique du pop art, alors que l'ensemble instrumental au centre du plateau est positionné au rez-de-chaussée, en jean et baskets, comme si l'on assistait à une répétition d'adolescents dans l'intimité d'un garage.
En face d'un instrumentarium décapant, mêlant amplification et rythmique rock (basse, guitare électrique, synthétiseurs et batterie) à des sonorités acoustiques (piano, clarinette, clarinette basse, saxophone), Vincent Renaud mène ce patchwork musical avec maîtrise, grâce à des tempi enlevés afin d'assurer la rythmique entraînante de la partition.
Côté voix, tous parés de leur micro-tête, les chanteurs composent une distribution homogène sans fausse-note, même si l'on est plus touché par la sensibilité de Clémence Poussin qui excelle dans son solo (Consuelo's Dream), et par la rigueur du chant d'Aaron O'Hare qui campe un policier froid et distant. Aucun pourtant ne démérite, sans pour autant marquer les esprits. L'ensemble qui donne son titre à l'œuvre, découlant pleinement de l'art minimaliste de John Adams, reste lui dans la tête, telle une chanson obsédante.
Crédits photographiques : © Blandine Soulage
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Lyon. Théâtre de la Croix-Rousse. 22-II-2020. John Adams (né en 1947) : I Was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky, pièce chantée en deux actes sur un livret de June Jordan. Mise en scène : Eugen Jebeleanu. Décors et costumes : Velica Panduru. Lumières : Marine Le Vey. Avec : Alban Zachary Legos, Dewain ; Clémence Poussin, Consuelo ; Christian Joel, David ; Axelle Fanyo, Leila ; Aaron O’Hare, Mike ; Biao Li, rick ; Louise Kuyvenhoven, Tiffany. Chanteurs et ensemble instrumental du Studio de l’Opéra de Lyon, direction : Vincent Renaud
Assez en désaccord avec ce papier tant sur l’œuvre que sur l’interprétation offerte par l’ONL…
Vous dîtes ne pas être touchée par les personnages, ni par les saynètes « fades » dues au livret mais quid de la musique ? Un opéra n’est pas uniquement du théâtre, la musique ici transcende tout et pour ma part j’ai été bouleversé par ce spectacle et extrêmement touché par ces personnages. On ne peut qualifier cette musique de « minimaliste », John Adams est loin de n’être que cela, surtout dans une telle œuvre-mosaïque où une quantité de styles différents sont parfaitement assimilés et digérés pour offrir un discours d’une originalité incroyable rendant l’œuvre tout à fait inclassable, c’est bien plus qu’un « pastiche » qui serait « agrémenté de minimalisme » !!!
Quant aux interprètes dont vous dîtes qu’ils ne vous ont pas « marqué l’esprit », allez chercher de jeunes chanteurs aussi à l’aise sur une scène, aussi à l’aise dans une partition d’une complexité si grande !! Je les ai trouvés au contraire absolument remarquables et même très impressionnants, avec pour certains un abattage stupéfiant, ce qui montre l’excellence de leur préparation tant musicale que scénique pour cette production où l’on a visiblement mis le paquet : ce spectacle coule d’une traite sans accroc, sans faiblesse au niveau de l’interprétation, une réussite absolue ! Je suis d’accord pour louer la fantastique Clémence Poussin mais comment ne pas citer Biao Li, stupéfiant ténor, le remarquable Alban Zachary Legos ou la non moins stupéfiante Axelle Fanyo ??