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En tant que médecin et musicologue, Jean-Luc Caron propose aux lecteurs de ResMusica un dossier original sur les pathologies et la mort des plus grands musiciens. Pour accéder au dossier complet : Pathologies et mort de musiciens
Ernest Chausson, fils de la bourgeoisie française prospère et cultivée, d'abord attiré par l'écriture et le dessin, devient avocat en 1877, sans jamais exercer ce métier. Mais après avoir découvert Wagner à Bayreuth, il prend la décision de se consacrer à la musique.
En 1879, au Conservatoire de musique de Paris, il a pour maître le fameux Jules Massenet (1842-1912) qui ne tarde pas à remarquer ses potentialités. Il noue une amitié durable avec Vincent D'Indy et suit aussi les leçons de César Franck qu'il admire. Marié, il aura cinq enfants.
En tant que compositeur, sa réputation gagne en importance alors qu'il fréquente les salons parisiens et s'éloigne de l'influence du maître allemand au profit d'une esthétique plus personnelle marquée par un style plus intime, lyrique et parfois exotique. En témoigne son œuvre la plus célèbre, appréciée par Debussy, le Poème pour violon et orchestre, créé par Eugène Ysaÿe en décembre 1896 sous la direction de Guy Ropartz. Ce chef-d'œuvre est précédé du poème symphonique Viviane (1882), du Poème de l'amour et de la mer pour voix et orchestre (1893) et de la Symphonie en si bémol majeur créée salle Erard sous sa propre direction (1891).
Devenu secrétaire de la Société Nationale de Musique, il se dépense en faveur de la musique contemporaine. « Chausson assuma le rôle capital et difficile de ‘maillon' entre Franck et Debussy », comme le souligne Gérard Gefin dans l'Histoire de la musique occidentale (Fayard, 1985, p. 855). Un événement aussi brutal qu'inattendu allait mettre un terme à ce parcours exemplaire.
Il passe ses vacances d'été 1899 à Limay, non loin de Mantes, dans les Yvelines, où il loue un pavillon où avait jadis résidé le peintre Corot. Proches de la Seine, les alentours offrent le repos et la verdure propices à sa détente physique et à sa concentration créatrice. Il travaille alors au troisième mouvement de son Quatuor à cordes op. 35 et chaque jour, une fois son travail accompli, quitte sa villa pour une promenade effectuée à pied ou à bicyclette.
Le 10 juin, vers 18 heures, en compagnie de sa fille aînée Etiennette, âgée d'une quinzaine d'années, il enfourche son vélo pour emprunter le chemin qu'il parcourt presque chaque jour avec grand plaisir. La jeune fille le devance puis, un bout d'un moment, s'aperçoit que son père ne la suit pas. Elle décide de rebrousser chemin pour aller à sa rencontre. Horrifiée, elle découvre son père allongé et inerte. Sa chute a provoqué un violent traumatisme au niveau d'un os temporal. A n'en point douter il était mort sur le coup.
Il ne fut pas possible de fournir une explication précise à cet accident dû hypothétiquement à une maladresse par glissade, une inattention, un vertige ou un malaise. Comme il est aisé de le supputer, divers commentaires, certains ineptes, furent avancés mais ils n'offrent aucun intérêt, ni ici, ni ailleurs.
La dépouille du musicien fut conduite en l'église Saint-François-de-Salles et le service religieux fut célébré le 15 juin dans la matinée. Une foule conséquente rassemblant amis, collègues, artistes et anonymes lui rendit un dernier hommage. Il fut enterré au cimetière du Père-Lachaise de la capitale. L'ami Vincent d'Indy complètera avec respect le Quatuor laissé inachevé par Ernest Chausson.
Crédits photographiques : Ernest Chausson d'après un portrait peint par Eugène Carrière © Bibliothèque Nationale de France
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