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La Chaux-de-Fonds. Salle de Musique. 19-II-2020. Gioachino Rossini (1792-1868) : L’Italiana in Algeri (Ouverture). Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour piano et orchestre n° 3 en do mineur op. 37. Franz Schubert (1797-1828) : Symphonie n° 4 en do mineur « Tragique » D. 417. Khatia Buniatishvili, piano. Orchestra della Svizzera Italiana. Direction musicale : Markus Poschner
Salle comble à la Salle de Musique de La Chaux-de-Fonds pour accueillir Khatia Buniatishvili, dans le Concerto n° 3 pour piano et orchestre de Beethoven.
L'irréprochable technique de la pianiste fait merveille dans le concerto de Beethoven, aucun trait, aussi périlleux soit-il, ne résiste à ses doigts. Tout est en place. Dans l'Allegro con brio, elle brille de mille feux. Tout juste si elle n'imprime pas quelques légères précipitations dans les reprises soliste, comme si elle craignait de n'être pas en rythme avec la mesure suivante. Elle agrémente alors son jeu de gestes parasites. C'est telle mèche de cheveux remise en place, telle plongée subite du buste sur le clavier, tel soudain redressement en lançant la tête vers l'arrière. Dans le Largo, elle offre un toucher des plus subtils. Dictant son tempo, elle tend à prendre des temps de sénateur, laissant ses bras s'envoler en arabesques certes harmonieuses mais sans autre effet. Dans le Rondo final, la pianiste s'agite de plus belle. Quel dommage ! Elle aurait tout à gagner à laisser de côté son expansivité de façade, sa démonstration, pour approfondir le discours musical et se rapprocher de l'essence de l'œuvre. Gageons qu'avec son immense talent, l'âge et l'expérience aidant, Khatia Buniatishvili investira le clavier avec une introspection bienvenue pour se fondre avec l'œuvre plus qu'avec la partition. Reste que sa prestation soulève les bravos d'un public conquis. En bis, généreusement, usant de l'exceptionnelle acoustique de cette salle, elle offre un Clair de lune de Debussy poétiquement effleuré, puis un Impromptu n° 3 en sol bémol majeur op. 90, D. 899 de Schubert superbement retenu et d'une grande sérénité.
Avant ce concerto, l'Orchestra della Svizzera Italiana ouvrait la soirée avec l'Ouverture de L'Italiana in Algeri de Rossini. Une mise en bouche brillante mais parfois un peu confuse, les bois et les cuivres ne prenant pas tout à fait la mesure de l'acoustique de la salle. En deuxième partie de la soirée, ce premier malaise dissipé, l'ensemble tessinois offre une remarquable interprétation de la Symphonie n° 4 « Tragique » de Franz Schubert. Privilégiant les contrastes, son chef Markus Poschner nous emporte dans une belle histoire. Racontant magnifiquement, tenant son orchestre sous constante pression, il avance dans son récit avec une grande élégance. Il donne un relief à cette musique en tirant de chaque pupitre ce qui offre le plus de musique et de sens au déroulement de l'œuvre. À l'exemple de l'Andante conçu dans la simplicité du discours et la douceur des dialogues entre les bois et les cordes.
Devant le crépitement des bravos, Markus Poschner et son ensemble donnent un bis avec une magnifique ouverture du Barbiere di Siviglia de Rossini parsemée de quelques syncopes aussi inhabituelles qu'amusantes.
Crédit photographique : Khatia Buniatishvili © Esther Haase
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La Chaux-de-Fonds. Salle de Musique. 19-II-2020. Gioachino Rossini (1792-1868) : L’Italiana in Algeri (Ouverture). Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour piano et orchestre n° 3 en do mineur op. 37. Franz Schubert (1797-1828) : Symphonie n° 4 en do mineur « Tragique » D. 417. Khatia Buniatishvili, piano. Orchestra della Svizzera Italiana. Direction musicale : Markus Poschner
Beautishviliful!