Kirill Karabits et la Staatskapelle Weimar, l’authentique lisztien
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Franz Liszt (1811-1886) : Künstlerfestzug zur Schillerfeier S 114 ; Tasso, Lamento e Triomfo S 96 ; Eine Symphonie zu Dantes “Divina Commedia” S 109. Damen des Opernchores des Deutschen Nationaltheaters Weimar, Knabenchor der Jenaer Philharmonie, Staatskapelle Weimar, direction : Kirill Karabits. 1 CD Audite. Enregistré en aout 2018 et avril 2019 au Congress Centrum Neue Weimarhalle. Notice bilingue allemand-anglais. Durée : 79:02
AuditeAprès Sardanapalo et Mazeppa, Kirill Karabits et la Staatskapelle Weimar poursuivent leur exploration du répertoire orchestral de Franz Liszt. Un retour aux sources marqué du sceau de l'authenticité puisque les œuvres présentées sur cet enregistrement, Künstlerfestzug, Tasso et la Dante-Symphonie furent toutes composées à Weimar.
Ce beau CD présente, à l'évidence, un double intérêt. Musical d'abord, car il met en avant l'éclectisme et le polymorphisme de la production orchestrale lisztienne en associant, au sein du même album, une œuvre commémorative (Künstlerfestug zur Schillerfeier), un poème symphonique (Tasso, Lamento e Triompho) et une symphonie à part entière (la Dante-Symphonie). Littéraire ensuite, permettant de rappeler, pour l'occasion, l'importance de la littérature et de l'intertextualité dans l'inspiration musicale du compositeur hongrois.
La Künstlerfestzug, présentée ici, en première mondiale, est une œuvre de circonstance, composée en 1859 et créée à l'occasion du 100e anniversaire de la naissance de Friedrich Schiller. Solennité (cuivres et percussions), lyrisme héroïque (cordes) et un beau solo de cor avec accompagnement de harpe s'y partagent, tour à tour, le devant de la scène, sans enthousiasme au plan musical, tirant surtout son intérêt de sa rareté d'exécution.
Deuxième poème symphonique de Liszt, sans doute le plus émouvant, composé en 1849 et publié dans sa forme définitive en 1856, Tasso fait référence en filigrane à Goethe et Byron. Beaucoup plus intéressant par le charme de son thème inaugural mélancolique, comme par son climat crépusculaire, lancinant et quasi aquatique, Tasso séduit, tout à la fois, par son Lamento, porté par les vents (petite harmonie), par la fluidité des cordes (violoncelles), par la richesse en couleurs et la clarté de la texture orchestrale, comme par son Triompho amené progressivement suivant une dynamique parfaitement maîtrisée, embrasant le tutti jusqu'au climax, scandé par les cuivres et les percussions, dans une coda grandiose et solennelle.
Célèbre, composée en 1855, dédiée à Richard Wagner, la Dante-Symphonie s'inspire de Virgile, Dante et Byron. Cuivres et timbales nous ouvrent les portes de l'Enfer où règnent inquiétude et déploration. Kirill Karabits y soutient une dynamique tendue, suivant un phrasé acéré, imprégné d'urgence, théâtral et riche en effets sonores, très contrasté, où se distingue particulièrement un superbe solo de clarinette basse. L'urgence de l'Enfer laisse, ensuite, place à l'attente du Purgatoire dans une atmosphère nimbée d'une beauté élégiaque, baignée de sérénité et de lyrisme méditatif, avant que l'orchestre n'entame une lente progression vers la lumière qui conduira au Magnificat final, porté par la grâce, la ferveur et les voix séraphiques de l'excellent chœur de femmes et d'enfants, laissant enfin entrevoir le paradis…
Si d'aucuns ont pu émettre des doutes quant aux qualités d'orchestrateur de Franz Liszt, Kirill Karabits et la Staatskapelle Weimar leur apportent, par l'intermédiaire de ce disque, un cinglant démenti !
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Franz Liszt (1811-1886) : Künstlerfestzug zur Schillerfeier S 114 ; Tasso, Lamento e Triomfo S 96 ; Eine Symphonie zu Dantes “Divina Commedia” S 109. Damen des Opernchores des Deutschen Nationaltheaters Weimar, Knabenchor der Jenaer Philharmonie, Staatskapelle Weimar, direction : Kirill Karabits. 1 CD Audite. Enregistré en aout 2018 et avril 2019 au Congress Centrum Neue Weimarhalle. Notice bilingue allemand-anglais. Durée : 79:02
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