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Une surprenante Symphonie n° 2 de Mahler par Sokhiev et l’ONCT

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 11-II-2020. Gustav Mahler (1860-911) : Symphonie n° 2 en ut mineur dite « Résurrection ». Jeanine De Bique, soprano. Christa Mayer, mezzo-soprano. Chœur Orfeon Donostiarra. Orchestre National du Capitole de Toulouse, direction : Tugan Sokhiev

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Décevant lors de sa dernière prestation parisienne (dans la Damnation de Faust de Berlioz avec l'Orchestre de Paris) revient, ce soir à la Philharmonie, en compagnie cette fois, de son orchestre du Capitole de Toulouse pour une Symphonie n° 2 de Mahler qui surprend par sa lecture originale.

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« Avec des ailes que je me suis moi-même conquises, dans un brûlant élan d'amour, je m'envolerai vers la lumière invisible à tout œil,  je meurs afin de revivre ».

Probablement une des plus spiritualisées du corpus symphonique mahlérien la Symphonie n° 2, créée en 1895, est emblématique du compositeur à plus d'un titre. D'abord parce qu'elle souligne l'unité d'un corpus tout entier tourné vers une quête de construction. Dans cette optique, elle s'inscrit dans la droite ligne de la Symphonie n° 1 car c'est bien le héros de Titan qu'on enterre et qui ressuscite dans cette symphonie. Ensuite, en introduisant la voix (chœur et solistes) et le lied (Knaben Wunderhorn) au sein de la trame symphonique, elle met au jour l'inlassable quête unificatrice de , déjà amorcée antérieurement par Beethoven dans sa Symphonie n° 9. Difficile d'interprétation par l'exigence et la verticalité de son parcours, des ténèbres de la mort à la lumière céleste de la Résurrection, elle impose une ferveur sincère et une théâtralité mesurée. Un cahier des charges totalement respecté, aujourd'hui, par le chef russe.

et l'ONCT ont eu maintes fois l'occasion, depuis quelques années, de peaufiner leur vision de l'univers mahlérien. A mille lieux de la théâtralité un peu forcée de Rattle (avec les Berliner, dans cette même salle en 2015) ou de la dynamique fougueuse, confuse et tellurique de Gergiev (avec le Mariinky, à Pleyel en 2010) et la phalange toulousaine nous livrent, ce soir, une lecture surprenante, hédoniste, fervente, sereine et apaisée, sur un tempo mesuré, animée par un constant souci du beau son…

Le premier mouvement, Allegro maestoso, (ex Totenfeier) frappe par sa solennité plus que par son dramatisme. Sur un rythme de marche d'une particulière lenteur, Tugan Sokhiev y met en avant le lyrisme des cordes, sans majorer les contrastes, dans un phrasé qui séduit par la beauté et la subtilité de ses nuances. Allégeant le discours, timbres (harpes, petite harmonie, cor anglais), contrechants (cors) et effets sonores (violoncelles, percussions) deviennent parfaitement audibles au sein d'une pâte sonore d'une rare clarté.

Le deuxième mouvement, Andante, joue l'insouciance d'un souriant ländler, lyrique et dansant, sans arrière pensées, d'où se démarquent une belle petite harmonie, et de somptueuses cordes (cordes graves). On y apprécie la plasticité du phrasé, la précision des attaques, comme l'attention apportée aux détails de l'orchestration (harpes).

Le troisième mouvement, Scherzo, s'ouvre sur des timbales à découvert, avant de se déployer sur un lied du Wunderhorn « Saint Antoine de Padoue prêche aux poissons ». La valse initiale va rapidement s'y abîmer dans une danse vulgaire, sorte de ronde infernale dont Sokhiev gomme curieusement le burlesque et l'ironie.

Sans interruption, dans un contraste saisissant marquant l'abandon de la dimension terrestre,  la voix de la mezzo soprano s'élève alors comme une prière pour chanter Urlicht (extrait du Wunderhorn) accompagnée des cuivres, hautbois et violon solo. La voix est belle, sans vibrato, la projection satisfaisante bien que le bas médium paraisse un peu faible, l'écrin orchestral irréprochable de justesse et d'équilibre.

Le Final, annoncé par un appel de cuivres en coulisses (trompettes) voit se succéder un grand crescendo totalement maîtrisé dans sa progression dynamique, bien retenu jusqu'à l'entrée de l'excellent chœur mixte Orfeón Donostiarra associé à la voix séraphique de Je0anine De Bique et à celle plus dramatique de . Recueillement et ferveur sont alors à leur acmé dans cette symbiose entre orchestre et voix, avant la péroraison finale, grandiose et apocalyptique, qui voit s'ouvrir, enfin, les portes du Ciel sur le mot « Auferstehen » que Sokhiev recueille les bras ouverts…

Une interprétation originale, pertinente, particulièrement travaillée, hédoniste et d'une beauté toute apollinienne, portée par un ONCT superlatif et une direction idoine. Du grand art !

 

Crédits photographiques : Tugan Sokhiev © Patrice Nin 

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