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Franz Liszt (1811-1886) : Sonate en si mineur ; Deux Légendes ; Après une lecture du Dante ; Csárdás obstinée. Joseph Moog, piano. 1 CD Onyx. Enregistré au Studio SWR de Kaiserslautern, Allemagne, en août 2018. Notice en anglais et allemand. Durée : 63:44
OnyxAprès un album réunissant les Etudes de Debussy et Gaspard de la nuit de Ravel (Clef d'Or ResMusica), on était impatient d'écouter les Liszt du pianiste allemand. Excellents, mais…
Les premières minutes de la Sonate en si mineur font songer à ce commentaire très acide du critique Edouard Hanslick : « La Sonate en si mineur est un moulin à vapeur de génialité qui tourne presque toujours à vide. Je n'ai jamais vu enchaînement aussi raffiné et audacieux d'éléments les plus disparates, une telle rage confuse, un combat si sanglant contre tout ce qui est musical […] Quelle disgrâce que cette malheureuse œuvre quand on la compare à la Sonate de Chopin de dix ans plus ancienne, également dans la tonalité de si mineur ! […] Qu'est-ce que Liszt peut nous offrir en comparaison ? Toute cette chose est absolument déconcertante. Cet homme devrait être réduit au silence ! ». Sans aller jusqu'à ces extrémités, nous assistons, sous les doigts d'un tel virtuose, à un véritable torrent sonore, contrôlé de bout en bout sur le plan technique et architectural. Pas une baisse de tension ou faute de goût (même avec quelques « appuis » pour mieux s'assurer) : l'interprétation est resserrée au maximum. Joseph Moog joue de la multiplicité des idées musicales qui s'emboîtent les unes dans les autres, d'un seul élan. Il y a une dimension sportive dans les changements de tempi et d'attaques, une perfection – si tant est qu'elle existe – qui uniformise la texture. A force de tout jouer très vite et très fort, au point que les accords « cassent » désagréablement dans les aigus, Joseph Moog sature l'écoute. Depuis ses Liszt parus chez Claves, il a, certes, peaufiné sa technique devenue moins sèche. Pour autant, nous dit-il davantage sur cette partition dont l'écoute nous rassasie au lieu de nous émouvoir ?
Assez froides, mais toujours aussi impeccablement structurées, les Deux Légendes (St François d'Assise : La prédication aux oiseaux puis St François de Paule marchant sur les flots) scintillent dans les aigus avec une force bien percussive pour la première. Plus réussie, la seconde Légende est tendue comme un arc, portée par une technique impressionnante de souplesse. Mais, là encore, c'est joué bien rapidement, dans le souci de l'effet grandiose alors que l'œuvre s'inspire d'un chœur d'hommes et qu'il faut en préserver la dimension mystique.
Curieux choix que d'ajouter Après une lecture du Dante sur le même disque que la Sonate en si mineur. Les timbres (d'un orchestre imaginaire) devraient se percevoir sous les doigts du pianiste dans cette page qui clôt le cycle des Années de pèlerinage. L'interprétation est réussie : la progression dramatique, les changements de climats, les resserrements rythmiques de l'inferno imaginé par Liszt sont retranscrits avec un panache qui réclame les applaudissements. Tout comme la Csárdás obstinée, « bis » idéal, dont la danse tzigane nous comble de démesure et de folie.
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Franz Liszt (1811-1886) : Sonate en si mineur ; Deux Légendes ; Après une lecture du Dante ; Csárdás obstinée. Joseph Moog, piano. 1 CD Onyx. Enregistré au Studio SWR de Kaiserslautern, Allemagne, en août 2018. Notice en anglais et allemand. Durée : 63:44
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