Un Tchaïkovski incandescent par Mariss Jansons et l’Orchestre de la Radio bavaroise
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Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n° 5 en mi mineur op. 64. Orchestre de la Radiodiffusion bavaroise, direction : Mariss Jansons. 1 CD BR Klassik. Enregistré live le 9 octobre 2009 à la Philharmonie de Munich. Notice bilingue en allemand et anglais. Durée : 45:38
BR KlassikAfin de fêter son dixième anniversaire et pour rendre un juste hommage à Mariss Jansons récemment disparu, le label BR Klassik propose une réédition d'un enregistrement live de la Symphonie n° 5 de Tchaïkovski, dirigée par le grand chef letton qui fut, de 2003 à 2019, le directeur musical de la prestigieuse phalange bavaroise. Un disque collector.
Deuxième volet de la trilogie du fatum, composée en 1888, la Symphonie n° 5 est une œuvre ambiguë, balançant entre espoir et affliction, dont Mariss Jansons, en 2009, alors en pleine possession de ses moyens, donne une vision éblouissante de vitalité et d'intelligence, empruntant tout à la fois à la fièvre de Mravinski, comme à l'hédonisme de Karajan.
Le premier mouvement Adagio-Allegro, rend avec un relief étonnant ce mélange très romantique de douleur, de plainte et de révolte, gravitant autour du thème cyclique du Destin, annoncé dés l'entame par la complainte élégiaque des bois. La profusion des couleurs, des contrastes et des nuances, se déployant sur une dynamique soutenue, dans une tension permanente, où la clarté de la texture rend immédiatement accessibles toutes les performances solistiques (vents superlatifs, cordes lyriques et percussions véhémentes) confère à cette superbe interprétation tout son potentiel d'évocation, magnifiée par une parfaite maîtrise de l'agogique qui en majore l'expressivité et l'impact émotionnel.
Empreint d'acceptation et de ferveur, l'Andante cantabile s'ouvre sur la longue cantilène du cor solo, d'une justesse irréprochable, tandis qu'une valse mélancolique et inquiète, sans pathos excessif, va s'accélérant jusqu'à trouver sa résolution dans un grand crescendo cuivré cataclysmique dont l'urgence impressionne. Plus insouciant l'Allegro moderato fait la part belle aux cordes d'une rare acuité et à une petite harmonie de haute volée (basson) dont l'élégance un peu factice ne parvient pas à cacher une certaine angoisse latente.
Le finale, souvent discuté, sinon discutable du fait d'une certaine grandiloquence qui lui est parfois reprochée, prend, ici sous la baguette de Mariss Jansons une dimension épique irrésistible par la force de sa progression inexorable et envoûtante, dans un tempo accéléré, scandé par des cuivres rutilants et des timbales d'une efficacité à faire frémir Harnoncourt, concluant une interprétation d'anthologie, caractérisée par sa cohérence qui sait garder tout du long la ligne directrice d'un discours sans jamais sacrifier aucun détail de l'orchestration.
BR Klassik nous gratifie, avec cet enregistrement, d'un moment d'exception où se conjuguent, le temps d'un concert, le génie interprétatif d'un chef charismatique et l'excellence d'une phalange complice, dans un égrégore qui suspend le temps.
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Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n° 5 en mi mineur op. 64. Orchestre de la Radiodiffusion bavaroise, direction : Mariss Jansons. 1 CD BR Klassik. Enregistré live le 9 octobre 2009 à la Philharmonie de Munich. Notice bilingue en allemand et anglais. Durée : 45:38
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Je n’ai compris le faux « triomphe » du Finale … « souvent discuté, sinon discutable du fait d’une certaine grandiloquence » … lors qu’il exprime précisément l’inexorabilité du « Fatum » … que dans l’interprétation de Valery Gergiev en son enregistrement de 2010, à Paris, en la salle Pleyel …