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Le Beethoven intense et épuré de Riccardo Chailly à la Philharmonie de Paris

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Paris. Philharmonie, Grande salle Pierre Boulez. 27-I-2020. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Ouverture d’Egmont en fa mineur op. 84 ; Symphonie n° 8 en fa majeur op. 93 ; Symphonie n° 5 en ut mineur op. 67. Orchestra Filarmonica della Scala-Milan, direction : Riccardo Chailly

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Dans le cadre des célébrations de la naissance du maître de Bonn, à la tête de son orchestre milanais de la Scala, livre une vision ardente, rajeunie et épurée de l'Ouverture d'Egmont, de la Symphonie n° 8 et de la Symphonie n° 5 de .

Riccardo-Chailly-by-Silvia-Lelli

Depuis la publication, en 2011, de son intégrale du corpus symphonique beethovénien avec le Gewandhausorchester de Leipzig, a eu maintes fois l'occasion de s'expliquer sur ses conceptions interprétatives concernant ce monument symphonique exceptionnel. Tenant d'une vision se bornant aux strictes limites de la partition, héritière des enseignements de Gardiner comme de ceux de Toscanini, sait se faire le champion d'une interprétation originale, dépoussiérée, intense, souple et transparente, où l'âpreté et l'allant le disputent à la poésie et au mystère. Une interprétation magnifiée, ce soir, par l'italianité rayonnante de la phalange milanaise (sonorités chaudes, couleurs, souplesse, clarté et réactivité).

C'est en chef lyrique que le maestro italien aborde l'Ouverture d'Egmont. Très opératique dans sa direction, Riccardo Chailly y avive les couleurs par une science consommée dans l'utilisation des contrastes et des nuances nous faisant revivre le drame goethéen. Solennité, lyrisme, héroïsme, urgence et drame s'y conjuguent dans une clarté orchestrale et un dynamisme sans faille mettant d'emblée au jour l'exceptionnelle qualité, tous pupitres confondus, de la .

Vient ensuite le tour de la Symphonie n° 8, conduite dans le même esprit. Inondée de joie, jubilatoire, haletante, menée sur un tempo soutenu. Entrant d'emblée dans le vif du sujet, sans introduction, l'Allegro vivace initial fait feu de tous bois (clarinette, basson) dans un dialogue serré avec les cordes, scandé par des timbales véhémentes. L'Allegretto Scherzando, dansant et répétitif, fait valoir l'impeccable mise en place des vents (petite harmonie) sur des appuis rythmiques assez marqués avant que le Tempo di Minuetto, lumineux et dansant ne se singularise, dans le Trio, par un bel échange entre cor et clarinette. Le Final, là encore très contrasté, sans maniérisme, emporte l'adhésion par son entrain et sa tension prégnante qui ne trouveront leur résolution que dans l'éclatant accord final répété vingt-trois fois !

La célébrissime et très attendue Symphonie n° 5 occupe à elle seule la seconde partie. S'ouvrant sur le thème du Destin, omniprésent, sèchement décliné sans rallentando, l'Allegro con brio impressionne par son énergie canalisée dans une belle progression contrastée, suivant un phrasé acéré, tout en relief, aux accents bondissants, aux attaques âpres et décisives où se distinguent cor, hautbois, cordes et tout particulièrement d'excellentes contrebasses. Seul l'Andante détonne quelque peu dans cette ardente lecture par une relative faiblesse, malgré de sublimes cordes graves (altos, violoncelles, contrebasses) et de beaux contre chants de la petite harmonie. L'Allegro suivant, suspendu pendant un temps par une attente interrogative bien entretenue, laisse bientôt éclater son énergie dans un grand crescendo parfaitement maîtrisé annonçant l'Allegro final, vainqueur, débordant de lumière (cuivres) que d'aucuns ont voulu rapprocher du final de Fidelio qui lui est contemporain, issu de la même veine héroïque.

En bis Les créatures de Prométhée confirme, s'il en était encore besoin, la maîtrise d'une interprétation beethovénienne, originale mais finalement consensuelle (capable de réunir anciens et modernes), tout comme l'excellence de la phalange italienne.

Crédit photographique : Riccardo Chailly © Silvia Lelli

 

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