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La Reine des Neiges d’Abrahamsen à Munich

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Munich. Nationaltheater. 26-XII-2019. Hans Abrahamsen (né en 1952) : The Snow Queen, opéra sur un livret de Hans Abrahamsen et Henrik Engelbrecht d’après Hans Christian Andersen. Mise en scène : Andreas Kriegenburg ; décor : Harald B. Thor ; costumes : Andrea Schraad. Avec : Barbara Hannigan (Gerda) ; Rachael Wilson (Kay) ; Thomas Gräßle (double de Kay) ; Katarina Dalayman (Grand-mère, Vieille dame, Finnoise) ; Peter Rose (Reine des neiges ; Renne ; Horloge) ; Caroline Wettergreen (Princesse) ; Dean Power (Prince) ; Kevin Conners (Corneille de la forêt) ; Owen Willetts (Corneille du château). Chœur de l’Opéra national de Bavière ; Orchestre national de Bavière ; direction : Cornelius Meister

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Le spectacle décoratif de Kriegenburg ne vient pas racheter les faiblesses de la partition et du livret.

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Quelques semaines après sa création à Copenhague, le premier opéra du compositeur danois arrive sur la scène de l'Opéra de Bavière : il ne s'agit pas à proprement parler d'une coproduction, puisque la mise en scène n'est pas la même, et la version originale en danois a laissé la place à une traduction anglaise. Le grand attrait de cette série munichoise est son interprète principale, la soprano : c'est pour elle  que Abrahamsen a écrit le rôle de Gerda. En 2013, c'est pour elle et à sa demande qu'il avait écrit Let me tell you, une longue œuvre pour voix et orchestre autour du personnage shakespearien d'Ophélie. Le succès avait été au rendez-vous, parce qu'il avait su tirer au mieux parti des capacités phénoménales de son interprète, en les mettant au défi plutôt que se contenter de les flatter.

Lors de cette deuxième représentation munichoise, la vitesse à laquelle les applaudissements se tarissent dès que le rideau commence à se fermer montre assez cruellement qu'on est ici loin de cette réussite. Les difficultés commencent avec l'adaptation sans sève du conte d'Andersen, qui ne permet pas de comprendre ce qui a intéressé les auteurs dans cette histoire. Là où Andersen ne tombe jamais dans le premier degré naïf du conte, ils choisissent au contraire de rajouter une bonne dose de pathétique dans la quête de Gerda. Le rythme très lent de la narration les empêche, en un peu plus de cent minutes, de raconter les scènes de manière plus qu'allusive : , wagnérienne confirmée, chante trois rôles au long de la soirée, mais on n'a qu'à peine l'occasion de l'entendre tant ces rôles sont courts et sans relief.

LM0A8752La musique d'Abrahamsen pour Let me tell you était déjà d'une efficacité plus grande que sa complexité ; ici, sa fascination ancienne pour la neige et le froid aboutit à une pièce aussi froide que son sujet, et si chaque flocon de neige est notoirement unique, la musique qu'il en tire est d'une grande monotonie. Il a à son service un très grand orchestre qui déborde dans les baignoires latérales, mais ce n'est pas pour en tirer un volume sonore écrasant, bien au contraire : l'idée est sans doute d'en tirer une grande diversité de nuances chromatiques, combinées à des nuances tout aussi imperceptibles de piano et pianissimo, mais tant de gris, tant d'esprit de système pour si peu de profit ne compensent pas les platitudes du livret. Son écriture vocale est elle aussi décevante : certes, il écrit pour une partition virtuose qui flatte ses points forts, mais c'est comme s'il la connaissait déjà trop : tout lui sied dans ce rôle, mais rien ne la met au défi, rien ne semble la pousser à sortir d'elle-même, et qui plus est sa voix est souvent plus ou moins couverte par l'orchestre.

La mise en scène d' tient compte du fait que l'opéra d'Abrahamsen ne se veut aucunement un opéra pour enfants. Le rôle de la Reine des Neiges est composé pour une basse, ici : le compositeur entend ainsi en faire non une incarnation du mal, mais une figure plus ambivalente, Sarastro plutôt que la Reine de la nuit. Le personnage est trop épisodique pour prendre une telle consistance, et on pourrait aussi bien voir dans sa relation avec Kay comme une emprise pédophile.

Le spectacle s'inscrit entièrement dans le cadre d'un hôpital à l'ancienne, avec religieuses en cornette dans tous les coins ; l'aliénation de Kay prend alors la forme d'une souffrance à la fois corporelle et psychique. Kriegenburg et son décorateur habituel Harald Thor proposent un beau spectacle, plein de transparences et d'atmosphères délicates, mais ils ne peuvent rien contre l'aridité du livret qui ne leur offre pas beaucoup de stimulations. Kriegenburg rajoute un acteur en guise de double de Kay sans grande nécessité ; la présence sur scène d'un double de Kay et d'un double de Gerda dans les dernières scènes semble vouloir nous dire quelque chose, d'autant que les deux personnages centraux sont aussi représentés par deux petits enfants : mais à quoi bon ?

Crédits photographiques © Wilfried Hösl

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Munich. Nationaltheater. 26-XII-2019. Hans Abrahamsen (né en 1952) : The Snow Queen, opéra sur un livret de Hans Abrahamsen et Henrik Engelbrecht d’après Hans Christian Andersen. Mise en scène : Andreas Kriegenburg ; décor : Harald B. Thor ; costumes : Andrea Schraad. Avec : Barbara Hannigan (Gerda) ; Rachael Wilson (Kay) ; Thomas Gräßle (double de Kay) ; Katarina Dalayman (Grand-mère, Vieille dame, Finnoise) ; Peter Rose (Reine des neiges ; Renne ; Horloge) ; Caroline Wettergreen (Princesse) ; Dean Power (Prince) ; Kevin Conners (Corneille de la forêt) ; Owen Willetts (Corneille du château). Chœur de l’Opéra national de Bavière ; Orchestre national de Bavière ; direction : Cornelius Meister

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1 commentaire sur “La Reine des Neiges d’Abrahamsen à Munich”

  • Reding-hourcade dit :

    J étais a la même représentation que vous hier soir et je partage en totalité ce que vous avez écrit.
    J avais entendu précédemment une œuvre symphonique d Abrahamsen dont les couleurs m’ avaient envoûtée.
    Dans ce cas, la confusion du récit ou le schéma narratif disparait derriere des sequences agitees de doubles peu nécessaires, retire le côté magique du récit, ce qui est dommageable. La beauté des voix, je me rappelais Dalayman en Gundry laisse sur sa faim, je suis sortie perplexe comme mes voisins allemands.

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