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Milano. Teatro alla Scala. 19-XII-2019. Giacomo Puccini (1858-1924) : Tosca, opéra en trois actes sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, d’après la pièce de Victorien Sardou. Mise en scène : Davide Livermore. Décors : Giò Forma. Costumes : Gianluca Falaschi. Lumières : Antonio Castro. Vidéos : D-wok. Avec : Saioa Hernández, Tosca ; Francesco Meli, Mario Cavaradossi ; Luca Salsi, Baron Scarpia ; Carlo Cigni, Cesare Angelotti ; Giulio Mastrototaro, Sciarrone ; Alfonso Antoniozzi, Sagrestano ; Carlo Bosi, Spoletta ; Ernesto Panariello, Carceriere ; Gianluigi Sartori, Pastore. Coro di Voci Bianche dell’Accademio. Coro del Teatro alla Scala (Chef de Chœur : Bruno Casoni) Orchestra del Teatro alla Scala, direction musicale : Riccardo Chailly.
Pour ouvrir sa cinquième saison à la Scala, Riccardo Chailly poursuit son cycle Puccini avec les versions initiales des opéras et dirige cette fois Tosca, dans la mouture romaine de la création de 1900, le cinquième soir sans Anna Netrebko, mais avec les excellents Francesco Meli et Luca Salsi.
Initié en 2015 par Turandot, avec le final de Berio préféré celui d'Alfano, le cycle Puccini de Riccardo Chailly au Teatro alla Scala offre après La Fanciulla del West, Madama Butterfly et Manon Lescaut, la version liminaire de Tosca.
Par rapport à Butterfly, où dans la partition définitive, l'acte II est devenu deux actes et a perdu un long interlude symphonique, les différences de la version 1900 de Tosca sont plus minimes, bien qu'elles restent très identifiables, comme pour Manon Lescaut la saison passée. Globalement, lors des retouches survenues après la création, Puccini a légèrement concentré certaines scènes pour leur donner plus d'impact, au risque d'altérer l'identité de certaines parties orchestrales, à l'instar ici de certaines mesures de cordes aux vifs trémolos, ou de graves plus marqués sur les basses, particulièrement bien mises en avant lors de cette représentation par le chef milanais. Riccardo Chailly soutient l'œuvre par une direction des grands soirs, en pleine forme autant que très impliqué, tant envers son magnifique orchestre que vers son plateau, en mimant chaque phrase du texte.
A cette fosse de luxe, la distribution s'est départie le cinquième soir d'une Anna Netrebko que l'on espère véritablement souffrante, tandis que les bruits de couloir scaligères évoquent plutôt un énième caprice de diva, de plus en plus récurrents chez l'artiste. Saioa Hernández s'acquitte donc du rôle principal avant les représentations prévues pour elle en janvier, et brille plus avec Puccini que pour Verdi lors de l'ouverture de la saison dernière. Le métal de la voix se montre toujours aussi solide, vigoureux à l'aigu et plus mat dans un médium qu'elle possède cependant, pour un duo percutant face à Scarpia, ainsi qu'un Vissi d'Arte de belle stature. Face à elle, Luca Salsi campe ce que l'on attend le plus souvent du Baron, c'est-à-dire à l'inverse de Maestri encore récemment ou de Hampson, un noir méchant plutôt qu'un homme touché dans ses sentiments, agressif non seulement par le timbre, mais aussi par la prosodie et l'appui manifeste de certains mots.
Francesco Meli retrouve pour Mario Cavaradossi la puissance et la tension qu'il appliquait au personnage lors de sa prise de rôle au Teatro Carlo Felice de Gênes en 2016. La période difficile qui a suivi son Don Carlo pour Milan puis Radamès à Salzbourg semble écartée, et le chanteur retrouve aujourd'hui son plus haut niveau, pour un amant marquant, touchant jusqu'à la mort et notamment dans la scène de torture, rallongée dans cette version face au Spoletta efficace et bien porté dans le bas du spectre par Carlo Bosi. E Lucevan le stelle n'est pas bissé comme à Gênes, mais déclenche de longs applaudissements, à offrir également à la finesse de la clarinette pour accompagner cet air. Le ténor retrouve pour l'occasion une production de Davide Livermore, la seconde pour l'ouvrage, différente de celle de la capitale ligurienne, sans être pour autant plus intéressante.
Alors qu'il utilisait la fois précédente un décor vaguement moderne et privilégiait une certaine ascèse en termes d'éléments, Livermore s'acquitte cette fois des capacités et du budget de la grande institution italienne pour offrir un décor massif autant que tape à l'œil, par le biais du travail de Giò Forma. Le rendu se montre d'excellente facture, mais quitte à utiliser des pans d'églises, il semble regrettable de leur imposer un mouvement permanent sur une scène souvent rehaussée ou surbaissée, plutôt que de s'être mieux polarisé sur le jeu d'acteur. A ces effets s'ajoutent les costumes au premier degré de Gianluca Falaschi, soit très classiques, soit trop exagérés, à l'image des manteaux noirs encore plus rougis de sang que le seraient des blouses d'équarrisseurs pour Scarpia et tous les militaires. Il reste alors à profiter de leurs voix, d'un chœur parfaitement préparé par Bruno Casoni, également en charge des Voci Bianche des enfants, dont le jeune Gianluigi Sartori tient toute la partie du pâtre avec un timbre éthéré.
Mieux calibrée que les ouvertures des dernières saisons à la Scala, cette Tosca retrouve un grand Chailly, que l'on attend maintenant, outre avec grand intérêt dans Salomé au cours de l'année à venir, dans La Bohème et Il Trittico pour parachever le cycle Puccini.
Crédits photographiques : © Brescia & Amisano
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Milano. Teatro alla Scala. 19-XII-2019. Giacomo Puccini (1858-1924) : Tosca, opéra en trois actes sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, d’après la pièce de Victorien Sardou. Mise en scène : Davide Livermore. Décors : Giò Forma. Costumes : Gianluca Falaschi. Lumières : Antonio Castro. Vidéos : D-wok. Avec : Saioa Hernández, Tosca ; Francesco Meli, Mario Cavaradossi ; Luca Salsi, Baron Scarpia ; Carlo Cigni, Cesare Angelotti ; Giulio Mastrototaro, Sciarrone ; Alfonso Antoniozzi, Sagrestano ; Carlo Bosi, Spoletta ; Ernesto Panariello, Carceriere ; Gianluigi Sartori, Pastore. Coro di Voci Bianche dell’Accademio. Coro del Teatro alla Scala (Chef de Chœur : Bruno Casoni) Orchestra del Teatro alla Scala, direction musicale : Riccardo Chailly.