Tre sonetti del Petrarca de Franz Liszt dans trois versions du compositeur
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Franz Liszt (1811-1886) : Tre sonetti del Petrarca pour voix et piano S. 270a et S. 270b ; Tre sonetti del Petrarca pour piano seul S. 161 n° 4-6, extraits de l’Année II, Italie, des Années de pèlerinage ; Oh ! Quand je dors S. 282 sur un poème de Victor Hugo. Andrè Schuen, baryton ; Daniel Heide, piano Steinway D. 1 CD CAvi-music. Enregistré en novembre 2018 à la Markus-Sittikus-Saal à Hohenems en Autriche. Textes de présentation en anglais et allemand. Durée : 65:09
CAvi-musicAndrè Schuen et Daniel Heide proposent un programme composé presque exclusivement des différentes versions des Sonetti del Petrarca de Franz Liszt.
Franz Liszt a laissé plusieurs versions de certaines œuvres sans leur attribuer de numéro d'opus. Il est allé, comme aucun autre compositeur, jusqu'à utiliser un texte pour des partitions diverses, même trois fois ou plus. Pour les Sonetti del Petrarca, il en existe trois versions. D'abord, ce sont deux variantes pour voix et piano, marquées – dans le catalogue de ses œuvres – S. 270a (élaborée dans les années 1842-1846) et S. 270b (de 1864-1882). Ensuite, nous avons également la fameuse variante pour piano seul, façonnée entre 1846 et 1849, faisant partie de l'Année II, Italie, des Années de pèlerinage. Pour les deux cycles vocaux, la division en « a » et « b » ne rend pas pleinement justice à leur qualité artistique car des modifications majeures entre eux sont perceptibles, de sorte qu'on peut par moments parler d'une réécriture.
Sur le plan de l'interprétation, le baryton Andrè Schuen combine aisément la douceur et l'intensité. Il charme par sa diction, impeccable, ainsi que par la modération du vibrato. Sa voix crémeuse nous dévoile autant de chaleur que d'intimité et de poésie. Dénuée d'exaltation excessive (le piège le plus commun dans l'exécution des œuvres de Liszt), elle saisit, en plus, par la puissance, la souplesse, l'éloquence et la majesté. Si on compare cette lecture avec celle donnée récemment par le ténor Cyrille Dubois – frémissante de délicatesse, mais aussi trop théâtrale –, on constate que ce répertoire est mieux adapté pour la voix de baryton. Andrè Schuen hypnotise par le sens du legato, la respiration naturelle comme par la rondeur du timbre dans tous les registres, entièrement immergé dans cette musique tantôt dramatique, tantôt méditative, qui paraît mieux convenir à sa tessiture.
On salue également Daniel Heide au piano, apte à s'adapter aux phrasés du baryton, aussi bien pour les tempi que pour l'expressivité. C'est ainsi que les deux interprètes nous transmettent l'essence de la pensée lisztienne, baignée de lumière et embaumée par les émanations les plus suaves. Pour ce qui est des Tre sonetti del Petrarca pour piano seul, ponctuant les deux versions pour voix et piano, Heide captive par un jeu relativement sévère et droit, en harmonie avec l'esprit de ces pages emplies de force évocatrice élevée. Cette force se cache particulièrement dans les pauses, la profondeur du souffle, tout autant que dans la beauté lyrique des atmosphères que le pianiste sait mettre en valeur avec justesse et ingénuité. Le complément du programme, Oh ! Quand je dors S. 282 sur un poème de Victor Hugo, aiguise notre appétit pour les prochaines réalisations scéniques et discographiques de ce magnifique duo. Une prestation passionnée et passionnante.
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Franz Liszt (1811-1886) : Tre sonetti del Petrarca pour voix et piano S. 270a et S. 270b ; Tre sonetti del Petrarca pour piano seul S. 161 n° 4-6, extraits de l’Année II, Italie, des Années de pèlerinage ; Oh ! Quand je dors S. 282 sur un poème de Victor Hugo. Andrè Schuen, baryton ; Daniel Heide, piano Steinway D. 1 CD CAvi-music. Enregistré en novembre 2018 à la Markus-Sittikus-Saal à Hohenems en Autriche. Textes de présentation en anglais et allemand. Durée : 65:09
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