Bartek Nizioł crée le Concerto pour violon n° 6 de Grażyna Bacewicz
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Varsovie. Philharmonie nationale. 7-XII-2019. Joseph Haydn (1732-1809) : Symphonie n° 59 en la majeur « Le Feu » Hob. I:59. Grażyna Bacewicz (1909-1969) : Concerto pour violon et orchestre n° 6. Richard Strauss (1864-1949) : Une vie de héros op. 40. Bartek Nizioł, violon ; Orchestre philharmonique de Varsovie ; direction : Christoph König
Bartek Nizioł et l'Orchestre philharmonique de Varsovie sous la direction de Christoph König font sortir de l'ombre une œuvre jusqu'alors inconnue de Grażyna Bacewicz.
Le Concerto pour violon et orchestre n° 6 de Grażyna Bacewicz a été créé vendredi et samedi derniers, soit plus de cinquante ans après le décès de l'artiste. La partition fut élaborée en 1957, entre le premier et le deuxième volet du Festival Automne de Varsovie. C'était une époque où les compositeurs polonais souhaitaient se mettre au courant des tendances occidentales (répandues de l'autre côté du rideau de fer), en s'écartant – progressivement ou brusquement – du réalisme socialiste et du style néoclassique. Ce Sixième Concerto se place quelque part au milieu du chemin que Grażyna Bacewicz a parcouru entre le néoclassicisme, perceptible, entre autres, dans le Concerto pour orchestre à cordes (de 1948), et le côté novateur de certaines œuvres postérieures, comme les Pensieri notturni (Pensées nocturnes) pour orchestre de chambre (de 1961). Avec cette dernière composition, nous sommes à l'apogée du développement du langage de l'avant-garde de la musique polonaise au tournant des années 1950-1960, baptisée en 1961 « sonorisme ». Grażyna Bacewicz ne s'est pas décidée à faire jouer son Concerto pour violon et orchestre n° 6 de son vivant. Une importante partie du finale fut reprise pour l'élaboration, en 1968, du Concerto pour alto et orchestre.
Bartek Nizioł soutenu par un ensemble mené par une direction précise et bien ordonnée, fait son mieux pour envelopper ce Concerto pour violon et orchestre n° 6 d'un souffle poétique et d'une vitalité électrisante dans les cadences. Si Nizioł fait merveille par la sonorité riche en harmoniques et dense de son Guarneri del Gesù de 1727, il propose également un récit sombre et empreint de morosité, en accentuant le rapport entre le caractère de cette musique et l'époque à laquelle elle a été élaborée. Le côté anguleux de cette partition est rendu plus fort encore par la précision des attaques et une palette d'effets ayant pour but de briser la continuité de la cantilène, comme une répétition rapide de motifs légèrement modifiés. Nizioł semble déjà avoir fait « sienne » cette œuvre et en connaître tous ses recoins. En bis, il donne une prestation galvanisante, techniquement parfaite et virtuose, du Caprice n° 2 de la même compositrice, une œuvre belle et trop rarement jouée, faisant penser quelque part à Recitativo und Scherzo-Caprice de Fritz Kreisler.
À côté du Concerto pour violon et orchestre n° 6 de Grażyna Bacewicz, nous écoutons, ce soir, la Symphonie n° 59 en la majeur « Le Feu » de Joseph Haydn et Une vie de héros op. 40 de Richard Strauss dirigées par Christoph König. Si la page de Haydn se pare de brio et est présentée dans un esprit historiquement informé, comprenant la présence d'un clavecin, la transparence des textures, l'élégance des phrasés et la modération du vibrato des cordes, nous ne sommes pas pleinement convaincus quant à la sonorité un peu fade et massive de la pâte orchestrale dans l'acoustique désavantageuse de la salle de concert. Pour Strauss, nous avons affaire à une lecture favorisant la richesse des couleurs et une étendue dynamique élevée, au point de faire mal aux oreilles dans les fortissimi. Depuis son poste de violon solo, Krzysztof Bąkowski saisit, malgré quelques accrocs, par la simplicité et l'éloquence.
La soirée est filmée et transmise en direct sur la chaîne YouTube de la philharmonie. L'enregistrement de cet évènement y sera publié dans quelques semaines.
Crédit photographique : © www.bartekniziol.com
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