Charpentier par l’ensemble Correspondances, le TCE touché par la grâce de Noël
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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 4-XII-2019. Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) : Motets O Salutaris H. 36, O Sapientia H. 37, O Adonai H. 38, O Radix Jesse H. 39, O Clavis David H. 40, O Oriens H. 41, O Rex Gentium H. 42,O Emmanuel H. 43, O Sacramentum H. 274 et In Nativitatem H. 414 ; Pastorale sur la naissance de N. S. Jésus-Christ H. 483. Chants de Noël traditionnels. Ensemble Correspondances, direction : Sébastien Daucé
Rien de nouveau dans ce programme par rapport au disque remarqué de 2016, mais le plaisir d'entendre l'ensemble de Sébastien Daucé mettre en lumière la musique de Marc-Antoine Charpentier est intact.
Soyons justes, quelques nouveautés sont offertes ce soir au public des Champs-Élysées, où l'Ensemble Correspondances fait ses débuts : deux noëls traditionnels, À la venue de Noël et Or nous dites Marie, simples mais rendus très vivants, et deux motets en latin qui terminent la première partie. L'un, In Nativitatem, fait alterner l'Évangéliste, l'Ange et un chœur de bergers ; chanteurs et instrumentistes montrent beaucoup de ferveur et de justesse pour faire oublier les dimensions presque trop vastes de la salle. L'autre, O Sacramentum, met en évidence (mais ce n'est pas la première fois) la voix de Lucile Richardot, seule chanteuse à passer devant les instruments de toute la soirée, pour délivrer par cœur un beau moment de sa manière si colorée, n'épargnant pas, tout comme les instruments, quelques accents de sensualité dans une musique qui les supporte si bien. Auparavant, les musiciens ont déroulé les huit antiennes « en O » qui étaient traditionnellement chantées avant Noël à l'Hôtel de Guise, chez Marie de Lorraine, la protectrice de Charpentier. Les deux flûtes à bec, les deux violonistes et les neuf chanteurs sont tour à tour sollicités pour ces courtes pièces d'une beauté poignante. Le continuo est fourni, mais l'orgue positif, dont joue Sébastien Daucé tout en dirigeant, est dans la catégorie des instruments qui sonnent bien mais peu. Les moments en tutti, comme dans O clavis David, sont particulièrement bien en place et bien sonnants.
La deuxième partie du concert est consacrée à la Pastorale de Noël dans sa première version de 1684 mais avec la conclusion de la troisième. L'orgue est désormais surmonté d'un clavecin : l'ouvrage après tout est en français et son texte est en grande partie profane. La musique est d'une grâce et d'une beauté simple à couper le souffle, mais également très incarnée grâce à des chanteurs investis, en particulier Caroline Weynants et Pauline Devillers qui chantent les voix des anges, Étienne Bazola qui campe l'Ancien ou encore Renaud Bres en berger dans Oui Seigneur dans l'obscurité. Les ensembles sont très cohérents et le chœur final dégage une douceur et une lumière dont, en fin de concert, on est loin de se lasser. Mais la force de la musique vient tout autant des instrumentistes, dont étrangement les noms ne sont même pas donnés dans le programme. Citons-les ici pour réparer cette injustice : Lucile Perret et Matthieu Bertaud aux flûtes à bec, Simon Pierre et Béatrice Linon au violon, Mathilde Vialle à la viole de gambe, Hager Hanana à la basse de violon et Thibaut Roussel au théorbe.
Crédits photographiques : Sébastien Daucé © Molina Visuals
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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 4-XII-2019. Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) : Motets O Salutaris H. 36, O Sapientia H. 37, O Adonai H. 38, O Radix Jesse H. 39, O Clavis David H. 40, O Oriens H. 41, O Rex Gentium H. 42,O Emmanuel H. 43, O Sacramentum H. 274 et In Nativitatem H. 414 ; Pastorale sur la naissance de N. S. Jésus-Christ H. 483. Chants de Noël traditionnels. Ensemble Correspondances, direction : Sébastien Daucé