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Metz. Arsenal. 1-XII-2019. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Ouverture pour orchestre n° 3 BWV 1068 ; Magnificat BWV 243 ; Carl Philipp Emmanuel Bach (1714-1788) : Magnificat WQ 215. Hannah Morrison, Ambroisine Bré, sopranos ; Margot Oitzinger, alto ; Nick Pritchard, ténor ; Halvor F. Melien, basse ; Wiener Kammerchor ; Les Talens Lyriques ; direction : Christophe Rousset
Les ensembles sur instruments anciens se multiplient au point que le panorama en devient souvent illisible ; un concert avec Les Talens Lyriques met les choses au clair.
Dès le début de la troisième Ouverture de Bach, l'ampleur du geste musical, la chaleur du son, la qualité de l'orchestre sont frappantes. Christophe Rousset dessine des lignes nettes, qui savent où elles vont, et sans les afféteries et les maniérismes par lesquels certains de ses collègues croient pouvoir se distinguer. Sans doute n'y a-t-il rien d'inédit là-dedans, mais la probité musicale est tout sauf de l'ennui et du conformisme. Prenez la célébrissime Aria de la même œuvre, avec ici Gilone Gaubert en soliste : pas besoin de bousculer le tempo ou de rajouter des accents parasites pour retrouver l'émotion primordiale derrière le tube. Christophe Rousset ne réinvente pas Bach, il se contente de le jouer avec tout ce que la simple honnêteté musicale peut mettre au jour – Bach, tout simplement, pas une variation bousculant les équilibres sous prétexte de l'améliorer.
Les Talens Lyriques sont rejoints pour les deux Magnificat de Bach père et fils par l'excellent Wiener Kammerchor, soit une bonne vingtaine de chanteurs qui n'ont aucun mal à remplir l'Arsenal ; les solistes sont eux plus inégaux, mais Hannah Morrison et Halvor F. Melien donnent à leurs interventions toute la présence nécessaire.
Cors et trompettes naturels sont ce soir tels qu'on peut les rêver, des réservoirs de couleurs plutôt qu'un mal nécessaire dont il faudrait comme souvent rectifier mentalement les approximations ; les cordes sont chaleureuses, souples, présentes, la basse continue dynamique et inventive. Rousset n'a pas peur de la percussion, mais il s'en sert à bon escient, renforçant la jubilation des mouvements extrêmes du premier des deux Magnificat de la soirée sans sacrifier ni couleur, ni équilibres aux plaisirs simples du rythme efficace. Il y a derrière tout cela cette qualité si étroitement au XVIIIᵉ siècle, le goût : non pas une instance normative bridant la créativité, mais un art de l'harmonie fécond et stimulant.
Crédits photogtraphiques © Eric Larrayadieu
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Metz. Arsenal. 1-XII-2019. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Ouverture pour orchestre n° 3 BWV 1068 ; Magnificat BWV 243 ; Carl Philipp Emmanuel Bach (1714-1788) : Magnificat WQ 215. Hannah Morrison, Ambroisine Bré, sopranos ; Margot Oitzinger, alto ; Nick Pritchard, ténor ; Halvor F. Melien, basse ; Wiener Kammerchor ; Les Talens Lyriques ; direction : Christophe Rousset