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Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonies n° 7 op. 60 « Léningrad » et n° 10 op. 93. Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise, Mariss Jansons, direction. 2 CD séparés BR Klassik. Enregistrés au Gasteig de la Philharmonie de Munich, en février 2016 (n° 7) et à l’Herkulessaal der Residenz de Munich, en mars 2010 (n° 10). Notice en allemand et en anglais. Durée : 73:11 (n° 7) et 53:48 (n° 10)
BR KlassikLes deux lectures gravées à la tête de la formation bavaroise représentent, pour chaque symphonie, la troisième version du chef letton. Comparons les nouvelles parutions avec les précédents jalons.
Considérée comme une symphonie de propagande, la Symphonie « Leningrad » est une œuvre patriotique, exaltant la résistance de l'Armée Rouge et l'héroïsme des habitants de la ville assiégée par les troupes allemandes, du 8 septembre 1941 au 27 janvier 1944. En 1988, Mariss Jansons offrait une première lecture narrative avec l'Orchestre philharmonique de Léningrad (Emi Classics). Le caractère volontairement moussorgskien de l'écriture harmonique était exalté par un orchestre aux pupitres affûtés mais manquant, paradoxalement, de personnalité. Le Philharmonique de Léningrad de Mravinsky n'était qu'un lointain souvenir. En 2006, la seconde version réalisée avec le Concertgebouw d'Amsterdam apparaissait d'une tout autre ampleur. D'une souplesse sidérante, les pupitres étaient portés par un lyrisme combatif de tous les instants. La présente lecture avec l'Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise se place dans une approche plus “objective” que cette dernière, moins creusée quant aux couleurs et d'une plastique plus sobre. La violence expressive est canalisée, du murmure du thème obsessionnel du premier mouvement à l'hymne conclusif. La conception du Concertgebouw nous paraît plus idiomatique, sinon plus aboutie.
Pour la Symphonie n° 10, notre préférence s'inverse ! Revenons, tout d'abord, en 1994, avec Philadelphie. Jansons évacuait tout drame au profit d'une interprétation brillante. Efficace et virtuose, mettant à profit les timbres luxuriants de la formation américaine, Jansons proposait une démonstration d'orchestre dépassionnée. Plus tard, en 2009, au Concertgebouw, Jansons s'appuyait sur la profondeur des pupitres, la fusion des timbres. Aujourd'hui, l'Allegro ne nous paraît nullement menaçant, et l'impressionnante “machinerie” hollandaise s'enferme confortablement dans son luxe sonore. Le nouvel enregistrement réalisé avec le même Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise surclasse les deux premiers jalons. Dès le début de l'œuvre, la lenteur habitée des tempi prend l'auditeur à la gorge. Le grain des cordes, la beauté des interventions solistes, la noblesse hautaine de la direction, chaque élément participe à la mise en scène d'une tragédie. Les couleurs rauques de l'Allegro, ce « portrait de Staline » selon l'aveu de Chostakovitch, fascinent car elles portent une dimension irréversible. Le finale, presque joyeux et d'un humour corrosif salue un jour nouveau… au goût de sang. Cette version rejoint les références passées de Karajan (DG, 1966), Haitink (Q. Disc, 1985), Kitaenko (Capriccio, 2003), Sanderling (Berlin Classics, 1977), Kondrachine (Melodiya, 1973), Mravinsky (Erato, 1976) et Gergiev (Mariinsky, 2010).
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Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonies n° 7 op. 60 « Léningrad » et n° 10 op. 93. Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise, Mariss Jansons, direction. 2 CD séparés BR Klassik. Enregistrés au Gasteig de la Philharmonie de Munich, en février 2016 (n° 7) et à l’Herkulessaal der Residenz de Munich, en mars 2010 (n° 10). Notice en allemand et en anglais. Durée : 73:11 (n° 7) et 53:48 (n° 10)
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