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L’automne avec Brahms. Olivier Bellamy. Buchet-Chastel. Paris. 293 pages. 16 €. 2019
Le plus discret des compositeurs romantiques s'allonge sur un divan. Les confessions les plus intimes peuvent-elles nous aider à mieux comprendre sa musique ? Tel est le projet d'Olivier Bellamy qui mélange la vie de Johannes Brahms avec la sienne, en souvenir de sa première émotion musicale.
Quarante-cinq tableaux pour, par petites touches, esquisser des moments, des sensations, des analyses. En lisant ces lignes, on ne peut s'empêcher d'entendre la voix de l'auteur à la radio, sa douceur, son émotion, lorsqu'il parle justement de musique et de ceux qui la font. Olivier Bellamy a, comme nous tous, des souvenirs précis enfouis dans une mémoire nostalgique. Cette première fois capitale, initiatique, ce jour où le compositeur s'est révélé à lui.
Brahms évolue au cœur d'un siècle tourmenté musicalement, où l'affect codifié du XVIIIe siècle s'efface au profit de sentiments d'une puissance phénoménale. Les remous de la structure brahmsienne rendent bien l'effet des passions contradictoires. Sa musique traverse les barres de mesure pour atteindre le chant ultime de l'unité. Cette voix de l'âme, entre passion et raison, où le cœur blessé d'un grand homme peine à trouver les mots devant l'amour.
Les putes de Hambourg, l'amour impossible avec Clara Schumann puis plus tard avec l'un de ses filles, Julie, font de Brahms le candidat idéal pour une œuvre aux accents déchirants. Une douleur qui dépasse celle de Beethoven ou Schumann, car Brahms, en vrai romantique tourné vers le futur, n'est qu'un désespéré qui veut reconquérir l'espoir. Un naturaliste de l'âme qui livre, sans complexe, l'œuvre de ses tourments.
L'automne avec Brahms n'est ni une biographie ni un roman. Peut-être une collection d'instants volés à l'histoire. Le compositeur s'y incarne moins en homme qu'en icône traversée par les faiblesses humaines. A trop admirer, on perd sans doute un peu de vérité, de simplicité. Pour autant, c'est un beau voyage lyrique que nous offre Olivier Bellamy, où l'on quitte l'hiver de Schubert pour l'automne du Requiem allemand.
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L’automne avec Brahms. Olivier Bellamy. Buchet-Chastel. Paris. 293 pages. 16 €. 2019
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