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Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Eugène Onéguine. Mise en scène et Décors : Dmitri Tcherniakov . Costumes : Maria Danilova. Lumière : Gleb Filshtinsky. Avec : Makval Kasrasvhili , Madame Larina ; Tatiana Mongarova, Tatiana ; Margarita Mamsirova, Olga ; Emma Sarkisyan, Fillippievna ; Marius Kwiecen, Eugène Onéguine ; Anfrey Dunaev, Lensky ; Anatolij Kotscherga, Prince Grémine ;Valery Gilmanov, Zaretski. Chœurs du Théâtre du Bolshoi (chef de chœur : Valery Borisov). Orchestre du Théâtre du Bolshoi, direction : Alexander Verdernikov. Captation vidéo : Chloé Perlemuter. Enregistré à l’Opéra National de Paris (Palais Garnier) en septembre 2008. Surtitrages : anglais, français, allemand, espagnol, italien, japonais, coréen. Livret trilingue (français, anglais, allemand) de 24 pages. Durée : 150’ (opéra) ; 28’ (supplément)
Bel Air ClassiquesEn programmant en 2008, le nouvel Onéguine du Bolshoi, l'Opéra National de Paris faisait découvrir au public français Dmitri Tcherniakov. Bel Air Classiques réédite en blu-ray ce classique du catalogue DVD.
Premier opéra vu par Tcherniakov enfant (il y aurait beaucoup à dire sur « le premier opéra »), Eugène Onéguine, bénéficie de la plus haute inspiration musicale mais aussi du livret magnifique que Tchaïkovski et son ami Shilovski ont tiré du célèbre roman de Pouchkine. Le scénario est celui des amours à sens unique, les amoureux n'étant pas prêts à s'engager au même moment. On sait le mariage désastreux et précipité que le compositeur, tellement affolé à l'idée de passer à côté de sa vie, contracta après la lecture de la lettre d'une de ses élèves.
Lesté de la lourde tâche de succéder à une production vieille de 60 ans, l' Eugène Onéguine de Tcherniakov installe ce qui fera le système du metteur en scène russe. L'unicité d'un décor unique et signifiant : ici une immense table où tous se mettent à table au propre comme au figuré (la mort de Lenski sur cet oblong plateau de bois où l'on mange et où l'on meurt, est une des plus suffocantes qui soient). Les différentes interjections rajoutés sur le continuum musical : à l'inverse des Troyens qui se concluaient par un hurlement général qui glace encore la mémoire, on rit beaucoup, et parfois aux larmes, dans le salon de Madame Larina. Le surgissement d'audacieux parti-pris narratifs : les couplets de Monsieur Triquet chantés par Lenski en russe (la première version de Tchaïkovski) ou encore la Polonaise non dansée mais tellement plus habitée (les entrechats polis de coutume sont remplacés par une suite de glaçantes vexations à l'adresse d'Onéguine par la « bonne » société pétersbourgeoise). Une direction d'acteurs qui ne se relâche jamais, jusqu'à la Nature seulement perçue par la fenêtre, tout est là d'un style qui vaudra à la mise en scène lyrique de grandes heures : Wozzeck, Macbeth, Dialogues des Carmélites, Le Prince Igor, Iolanta/Casse-noisette, Carmen, et même Troyens (pour lesquels on déplorera pour longtemps l'absurdité de choix musicaux privant l'imagination sans freins de Tcherniakov des amples ballets de Berlioz). Pour quelques spectacles inégaux (Don Giovanni) et un vrai ratage (la purge de son Trouvère), que des spectacles éloignés de certaine eau tiède encore parfois déversée sur les planches de nos maisons d'opéra !
Plus de dix ans que les interprètes de cet Onéguine sont inscrits dans notre mémoire : Marius Kwiecen, Eugène idéal, possède l'exacte arrogance que peut revêtir pour son plus grand malheur la beauté des hommes ; de la jeune fille romantique à la femme accomplie, Tatiana Monogarova est la plus crédibles des Tatiana (Tcherniakov lui offre le choc visuel de la production à coups de courts-circuits et de rideaux en folie) ; Andrej Dunaev brûle sa vie en Lenski, sous les humiliations de l'Olga de Margarita Mamsirova, dont l'inconscience ne sera freinée que par le cadavre de son amoureux étendu devant elle ; ex-Tatianas de l'ancienne production du Bolshoi, Makval Kasrasvhili (redoutable maîtresse-femme de maison) et Emma Sarkisyan (la plus adorable des Nianias) couvent celle qui les a remplacées sous des torrents d'émotion contenue. Anatolij Kotscherga s'empare avec autorité du grand air de Grémine mais également de la grande visibilité que lui offre le regard de son metteur en scène. Le chœur, prépondérant lors d'étourdissantes scènes collectives, est aussi passionnant pour l'oreille que pour l'œil. Alexander Vedernikov et l'Orchestre du Bolshoi maîtrisent les soubresauts et les frémissements d'une œuvre qu'il ponctuent du fatum de timbales particulièrement frappantes.
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Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Eugène Onéguine. Mise en scène et Décors : Dmitri Tcherniakov . Costumes : Maria Danilova. Lumière : Gleb Filshtinsky. Avec : Makval Kasrasvhili , Madame Larina ; Tatiana Mongarova, Tatiana ; Margarita Mamsirova, Olga ; Emma Sarkisyan, Fillippievna ; Marius Kwiecen, Eugène Onéguine ; Anfrey Dunaev, Lensky ; Anatolij Kotscherga, Prince Grémine ;Valery Gilmanov, Zaretski. Chœurs du Théâtre du Bolshoi (chef de chœur : Valery Borisov). Orchestre du Théâtre du Bolshoi, direction : Alexander Verdernikov. Captation vidéo : Chloé Perlemuter. Enregistré à l’Opéra National de Paris (Palais Garnier) en septembre 2008. Surtitrages : anglais, français, allemand, espagnol, italien, japonais, coréen. Livret trilingue (français, anglais, allemand) de 24 pages. Durée : 150’ (opéra) ; 28’ (supplément)
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