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Berlin. Deutsche Oper Berlin. 15-XI-2019. Chaya Czernowin (née en 1957) : Heart Chamber (An inquiry about love). Texte de la compositrice. Mise en scène : Claus Guth. Décors & costumes : Christian Schmidt. Lumières : Urs Schönebaum. Video-Design : rocafilm. Dramaturgie : Yvonne Gebauer & Dorothea Hartmann. Avec : Patrizia Ciofi, Elle ; Noa Frenkel, sa voix intérieure ; Dietrich Henschel, Lui ; Terry Wey, sa voix intérieure ; Frauke Aulbert, la Voix. Ensemble Nikel. Uli Fussenegger, contrebasse. Statisterie und Opernballett der Deutschen Oper Berlin. Électroacoustique : SWR Experimentalstudio : Joachim Haas, Lukas Nowok, Carlo Laurenzi. Orchester der Deutschen Oper Berlin, direction musicale : Johannes Kalitzke
Comme chaque saison, le Deutsche Oper Berlin prépare le répertoire de demain avec une création ; pour 2019-2020 Heart Chamber, de la compositrice Chaya Czernowin.
Capable de donner sans peur en cette fin d'année la 400e représentation de sa production de Tosca apparue il y a cinquante ans, le Deutsche Oper Berlin n'en oublie pas pour autant la création contemporaine. Elle permet cette saison à Chaya Czernowin de créer son quatrième opéra, après Pnima… Ins Innere à Munich en 2000, Adama, complément pour Zaïde de Mozart à Salzbourg, en 2006 et Infinite Now, en 2017 à Gand.
Heart Chamber, sous-titré An inquiry about love, littéralement Cavité ou Chambre Cardiaque, une question sur l'amour, est basé sur les textes de la compositrice elle-même, retranscrits musicalement de manière majoritaire sous forme onomatopéique. Cette technique déjà utilisée dans ses ouvrages lyriques précédents, également développée dans des pièces de chambre comme Hidden, alterne avec des phrases plus longues presque parlées, et d'autres parties vocales moins définissables. Passée une ouverture dévolue à la seule contrebasse de l'excellent Uli Fussenegger, amplifiée à l'aide de micros comme tous les protagonistes, l'opéra laisse apparaître Elle et Lui, pour une histoire d'une heure trente sans interruption, basée sur la relation amoureuse et sa complexité. Elle est Patrizia Ciofi, Lui est Dietrich Henschel, tous deux ensemble, sans jamais vraiment se toucher. À en croire la maquette de maison qu'il regarde lors d'une scène, alors que celle-ci était sur scène à taille réelle quelques minutes plus tôt, la mise en scène de Claus Guth fait de Lui un architecte. Eux se parlent parfois à l'intérieur, parfois dehors au milieu de la foule, composées de figurants et de danseurs du Deutsche Oper.
En plus de la soprano et du baryton, leurs ombres apparaissent régulièrement sous forme de contralto pour Elle, par l'intermédiaire de Noa Frenkel, et de ténor pour Lui, par le discret Terry Wey, qui laisse la primeur à un Henschel dont les expressions sont parfois décuplées, comme pour Ciofi, par les retranscriptions vidéo sur les murs. De ces moments de vie et d'échange, toujours à distance, les arrêts sur image, notamment sur les marches de la maison design, tout comme certains rembobinages, fonctionnent particulièrement bien. De même la contrebasse à droite porte certains moments d'importance, tandis qu'à côté de cet instrument, placée dans la même cage à droite de la scène, une femme, Frauke Aulbert, accentue de nombreux instants de sa voix particulièrement agile.
La direction de Johannes Kalitzke permet à l'Orchester der Deutschen Oper Berlin de ne jamais s'écarter de la scène, en même temps qu'elle maintient la concentration et agence tous les éléments, dont l'ensemble vocal sur l'un des balcons, et l'Ensemble Nikel dans une cage à gauche. De ce dernier, représenté par quatre musiciens, ressort la guitare, tantôt électrique tantôt sèche, de Yaron Deutsch, et le piano d'Antoine Françoise. Le matériau de composition se maintient dans des sons lentement développés, avec une technique de souffle à blanc très utilisée déjà chez Lachenmann. L'influence du professeur de l'artiste Roger Reynolds se ressent aussi régulièrement, tout comme les travaux et recherches sur les sons de Ligeti, notamment ses deux Aventures. De cette matière, déployée dans la salle par le support du SWR Experimentalstudio, ressort un opéra très applaudi aux saluts, particulièrement du public plus jeune des balcons.
L'œuvre laisse toutefois un sentiment d'aridité, pour lequel certaines scènes auraient sans doute gagnées à être intensifiées. Il reste cependant au Final une intense dernière image, d'un couple assis chacun de son côté dans une chambre presque vide, tout deux amoureux mais remplis de contradictions et de faiblesses, tout deux à leurs pensées par une fragile journée d'automne.
Crédits Photosgraphiques : © Michael Trippel
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Berlin. Deutsche Oper Berlin. 15-XI-2019. Chaya Czernowin (née en 1957) : Heart Chamber (An inquiry about love). Texte de la compositrice. Mise en scène : Claus Guth. Décors & costumes : Christian Schmidt. Lumières : Urs Schönebaum. Video-Design : rocafilm. Dramaturgie : Yvonne Gebauer & Dorothea Hartmann. Avec : Patrizia Ciofi, Elle ; Noa Frenkel, sa voix intérieure ; Dietrich Henschel, Lui ; Terry Wey, sa voix intérieure ; Frauke Aulbert, la Voix. Ensemble Nikel. Uli Fussenegger, contrebasse. Statisterie und Opernballett der Deutschen Oper Berlin. Électroacoustique : SWR Experimentalstudio : Joachim Haas, Lukas Nowok, Carlo Laurenzi. Orchester der Deutschen Oper Berlin, direction musicale : Johannes Kalitzke