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Concert-fusion de L’Itinéraire et de Odei

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Paris. La Scala. 12-X-2019. Festival Aux armes, contemporains! #4. Adrien Trybucki (né en 1993) : Après Acheloos pour hautbois, vibraphone, violoncelle et électronique ; Magnus Lindberg (né en 1958) : Ur pour petit ensemble et électronique. Improvisations. Ensemble L’Itinéraire ; ensemble Odei : vibraphone, Maxime Hoarau ; Batteur, Arnaud Biscay ; machines analogiques, Emmanuel Matthys ; réalisation informatique musicale, Grégoire Lorieux ; ingénieur du son, Clément Marie

Musiques écrite et improvisée s'exposent et se rejoignent dans le concert très électrique qui clôture la deuxième édition du festival Aux armes contemporains! emmenée par , conseiller musical de La Scala à Paris.

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Deux ensembles ont investi le plateau. Le trio électro-pop Odei est à jardin, face aux musiciens de L'Itinéraire qui débutent la soirée avec Après Acheloos (2015) d' (tout juste 26 ans), une pièce pour hautbois, violoncelle, vibraphone et électronique de 2015 pour le moins prometteuse. L'écoute se focalise sur le geste énergétique qui forge une matière sonore incandescente, toujours fortement réverbérée. Trybucki cherche la fusion des sources électronique et instrumentale, dans un espace aux marges de la saturation. Les musiciens d'Odei enchaînent directement avec une improvisation d'une quinzaine de minutes. À l'œuvre, un batteur jazz afro-funk (Arnaud Biscay), un vibraphoniste (Maxime Hoarau), un performeur sur son synthétiseur analogique piloté par l'informatique (Emmanuel Matthys) et autant de propositions intéressantes et de matières que cherche à façonner l'électronique, dans une durée sans doute un peu courte où peine à s'instaurer une véritable synergie.

a vingt-huit ans lorsqu'il écrit, sous l'influence de son maitre Gérard Grisey, Ur (1986), une pièce aussi concentrée que décapante pour clarinette, piano, trio à cordes et électronique. La pièce explore de manière musclée et obstinée les composantes du spectre acoustique, avec l'urgence du geste et les ressorts d'une électronique encore un rien balbutiante. Les magnifiques solos de la clarinette basse en multiphoniques (Claire Voisin), les séquences tapageuses du piano avec coude et avant-bras (David Chevalier) et l'articulation virtuose d'une écriture qui ne lâche rien anticipent le courant de la saturation des Romitelli, Robin et autres compositeurs de l'excès. Les musiciens de L'Itinéraire conduits par le jeune et brillant en donnent une interprétation galvanisante, même si la réverbération, excessive elle aussi, noie un rien les contours.

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Le chef est allé chercher son saxophone alto dans les coulisses et rejoint ses partenaires pour « faire le bœuf » avec les Odei : histoire de « sortir de sa zone de confort », nous dit Lucia Peralta, l'altiste et coordinatrice de L'Itinéraire, venue au début de la soirée sur scène pour présenter le concert. Aller à la rencontre de l'inconnu reste pour l'interprète attaché à sa partition un défi que relèvent avec panache nos quatre musiciens chevronnés, Sylvain Devaux (hautbois), Myrtille Hetzel (violoncelle), Apolinne Kirklar (violon) et , dont l'aisance avérée en la matière laisse deviner quelque expérience antérieure. Ce sont des musiciens qui cherchent et qui se cherchent, dans un premier temps dont il ressort quelques beaux instants, comme cette séquence entre les cordes complices et le batteur. Mais c'est sous l'impulsion du saxophoniste, et l'énergie de la transe qu'il fait circuler dans l'espace de jeu, que tout décolle vraiment : les cinq dernières minutes sont les plus intenses, où la magie opère et consacre l'union des deux instances.

Voilà une belle proposition de concert, risquée autant que fructueuse, où se croisent les pratiques et s'enrichissent les savoirs.

À noter qu'Arnaud Merlin diffusera sur France Musique les concerts du festival : les deux premiers le mercredi 11 décembre à 20h.

Crédit photographique : © Aurèle Guyot

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