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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 3-X-2019. Ballet Preljocaj : Winterreise. Chorégraphie : Angelin Preljocaj. Musique : Franz Schubert, Die Winterreise. Scénographie : Constance Guisset. Lumières : Eric Soyer. Costumes : Angelin Preljocaj. Réalisation costumes : Eleonora Peronetti. Pièce remontée par Dany Lévêque, choréologue. Assistant, adjoint à la direction artistique : Youri Aharon Van den Bosch. Assistante répétitrice : Cécile Médour. Avec : Thomas Tatzl, baryton basse, James Vaughan, piano-forte et les danseurs Baptiste Coissieu, Leonardo Cremaschi, Isabel Garcia Lopez, Verity Jacobsen, Jordan Kindell, Théa Martin, Emma Perez Sequeda, Simon Ripert, Kevin Sieti, Redi Shtylaa, Anna Tatarova, Cecilia Torres Morillo
Pourquoi chercher plus loin ? La France compte parmi ses artistes un grand chorégraphe de renommée internationale, capable de créer des spectacles pour les compagnies de ballet les plus prestigieuses au monde. Il le prouve une fois de plus avec Winterreise, créé en janvier pour la Scala de Milan et repris ici dans le cadre de Transcendanses au Théâtre des Champs-Élysées pour sa propre compagnie, le Ballet Preljocaj.
Lumière et obscurité. Ce sont les deux pôles entre lesquels oscillent les danseurs de Winterreise, somptueux ballet créé par Angelin Preljocaj sur le cycle de 24 Lieder de Schubert, sur des poèmes de Wilhelm Müller. La lumière qui se pose avec douceur et intensité sur les douze danseurs et sur l'interprète de ces lieder, le baryton basse autrichien Thomas Tatzl, accompagné au piano-forte par James Vaughan. La voix veloutée et régulière du chanteur accompagne pendant plus d'une heure les propositions chorégraphiques 24 fois renouvelées. Pour chaque Lied, Angelin Preljocaj a trouvé une couleur, une tonalité, s'insérant avec une grande musicalité dans les rythmes et les intentions de ce drame romantique qui voit un homme cheminer vers la mort.
Point de tristesse pourtant, dans ces 24 séquences lumineuses, où le noir se pare de paillettes, alors que les confettis lancés en l'air le diffractent en millions de particules semblables à du mica. Concentrés, car la chorégraphie est technique et difficile, les douze interprètes du Ballet Preljocaj incarnent avec majesté et noblesse les facettes changeantes de cet homme. Le résultat, caressé par les lumières soyeuses d'Eric Soyer, magnifié par la scénographie de Constance Guisset et souligné par le travail très fin de costumes d'Angelin Preljocaj lui-même, est à la hauteur de l'exigence chorégraphique qu'il s'est fixée.
Pour remonter cette pièce créée en janvier 2019 pour le ballet de la Scala de Milan, à la demande d'Eleonora Abbagnato, Angelin Preljocaj s'est appuyé sur la choréologue Dany Lévêque, qui l'accompagne depuis ses débuts dans la notation de ses pièces. Car l'écriture est infiniment ciselée et précise, d'une inventivité constante, dans les portés, les sauts, les déplacements, le nombre et la position des danseurs. Elle ne se plagie ni ne se dévalorise jamais. Elle ne fait jamais dans la facilité. Pour l'interpréter, il fallait des danseurs et des danseuses d'exception dont Angelin Preljocaj a su s'entourer au sein du Centre chorégraphique national d'Aix-en-Provence. Certains et certaines sont très jeunes, mais le chorégraphe n'hésite pas à confier aux plus talentueux d'entre eux des rôles solistes qu'il leur faudrait plusieurs années pour atteindre dans une compagnie classique.
À voir ce spectacle, recréé en juillet dernier au festival Montpellier Danse, l'on s'étonne sincèrement que le Ballet de l'Opéra de Paris se sente obligé d'aller sortir de leur retraite des chorégraphes étrangers, même formidables, ou de confier l'une des meilleures compagnies du monde à des chorégraphes quasi inconnus sous la direction artistique de plasticiens. Nos compagnies de ballet méritent aussi l'excellence française.
Crédits photographiques : © Jean-Claude Carbonne
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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 3-X-2019. Ballet Preljocaj : Winterreise. Chorégraphie : Angelin Preljocaj. Musique : Franz Schubert, Die Winterreise. Scénographie : Constance Guisset. Lumières : Eric Soyer. Costumes : Angelin Preljocaj. Réalisation costumes : Eleonora Peronetti. Pièce remontée par Dany Lévêque, choréologue. Assistant, adjoint à la direction artistique : Youri Aharon Van den Bosch. Assistante répétitrice : Cécile Médour. Avec : Thomas Tatzl, baryton basse, James Vaughan, piano-forte et les danseurs Baptiste Coissieu, Leonardo Cremaschi, Isabel Garcia Lopez, Verity Jacobsen, Jordan Kindell, Théa Martin, Emma Perez Sequeda, Simon Ripert, Kevin Sieti, Redi Shtylaa, Anna Tatarova, Cecilia Torres Morillo